Signe(s) particulier(s) :
– quatrième collaboration entre le réalisateur Tate Taylor et sa meilleure actrice et actrice oscarisée Octavia Spencer, après "Pretty Ugly People" (2008), "La Couleur des Sentiments" (2011) et "Get on Up" (2014) ;
– nouvelle production signée Jason Blum et sa maison de production, à qui l’on doit notamment plusieurs sagas horrifiques extrêmement lucratives (pour des budgets dérisoires), telles que "Paranormal Activity", "American Nightmare - The Purge" ou encore "Insidious".
Résumé : Sue Ann, une femme solitaire vit dans une petite ville de l’Ohio. Un jour, une adolescente ayant récemment emménagé, lui demande d’acheter de l’alcool pour elle et ses amis ; Sue Ann y voit la possibilité de se faire de nouveaux amis plus jeunes qu’elle. Elle propose aux adolescents de traîner et de boire en sûreté dans le sous-sol aménagé de sa maison. Mais Sue Ann a quelques règles : ne pas blasphémer, l’adolescent qui conduit doit rester sobre, ne jamais monter dans sa maison et l’appeler MA. Mais l’hospitalité de MA commence à virer à l’obsession. Le sous-sol qui au début était pour les adolescents l’endroit rêvé pour faire la fête va devenir le pire endroit sur terre
La critique de Julien
Difficile de croire que derrière cet énième thriller estampillé Blumhouse se cache l’un des duos fédérateurs de l’adaptation du roman éponyme de Kathryn Stockett, "La Couleur des Sentiments" (2011). Si cette oeuvre, vivement critiquée dans sa manière de dénoncer la condition des domestiques afro-américaines dans le Mississippi raciste des années 1960, nous avait touchée, elle avait aussi rencontré un succès fou lors de sa sortie en salles aux Etats-Unis, offrant pour l’occasion à Octavia Spencer l’Oscar de la Meilleure actrice dans un second rôle, le 26 février 2012. L’actrice retrouve donc ici le cinéaste Tate Taylor, lesquels tournent ensemble pour la quatrième fois, tandis que ce dernier filme également pour un même nombre de fois au total l’Etat du Mississippi, qu’il affecte professionnellement, lui qui y possède une maison. Rencontrés pour la première fois sur la tournage du film "Le Droit de Tuer ?" (1996) de Joël Schumacher, les deux amis font donc une quatrième fois équipe, mais cette fois-ci pour un projet tout autre, au budget de production cinq fois moins élevé que ledit film librement adapté.
Dans une petite ville d’Ohio, "MA" raconte l’histoire de Sue Ann (Octavia Spencer), une femme divorcée très solitaire. Travaillant dans un cabinet de vétérinaire, la surnommée "Ma" a alors été graduellement marqué par un épisode marquant de son adolescence, d’ailleurs situé au cœur du récit. Alors que cinq jeunes, dont Maggie venant tout juste d’emménager avec sa maman Erica dans cette ville, demandent à des passants à l’entrée d’une supérette le service de leur acheter de l’alcool (étant donné qu’ils sont trop jeunes pour s’en offrir), seule Sua Ann acceptera de leur rendre, à condition de consommer tous ces spiritueux dans le sous-sol aménagé de sa maison. Et Ils s’y reprendront à plus d’une fois ! L’occasion ainsi pour la surnommé "Ma" de côtoyer du monde, et sans doute de revivre une seconde jeunesse en compagnie de ces jeunes, à moins que son hospitalité obsessionnelle ne fasse remonter d’anciens démons à la surface...
Humiliation, frustration, et vengeance sans filtre sur le passé, voilà ce qui habite le personnage principal de ce film, ce qui d’un autre côté ne justifie en rien les horribles actes qu’il va commettre à son tour, malgré les blessures psychologiques qu’il a pu subir à l’époque, par une jeunesse stupide. Alors qu’il met du temps à planter le décor, et tente de mettre en place ses pauvres enjeux, ce film malsain et sans états d’âme s’avère peu crédible en terme d’écriture de personnages, en pointant bien évidemment du doigt celui d’Octavia Spencer (à contre-emploi), agissant de manière démesurée. Le film n’offre d’ailleurs qu’à de rares moments des explications sur les événements l’ayant marqué, et dont il n’est jamais sorti, ni semble-t-il, jamais été soigné... Une fois installé, et que l’on découvre le procédé vindicatif impulsif que le film va mettre en place, il utilise le trauma en question pour créer une grossière tension et un danger omniprésent loin d’être efficace. Le gros problème, c’est que "Ma" est beaucoup trop mécanique et prévisible dans sa ligne de conduite, lui qui ne cherche alors qu’à faire son petit effet de genre. Malheureusement, et comme en témoigne le final, totalement bâclé et poussivement gore (où les victimes se réveillent d’ailleurs, comme par magie, toutes en même temps), il n’en est rien, où qu’à de rares exceptions près...