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CINECURE
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Cinécure est un site appartenant à Charles Declercq et est consacré à ses critiques cinéma, interviews sur la radio RCF Bruxelles (celle-ci n’est aucunement responsable du site ou de ses contenus et aucun lien contractuel ne les relie). Depuis l’automne 2017, Julien apporte sa collaboration au site qui publie ses critiques et en devient le principal rédacteur depuis 2022.

Guy Ritchie
Aladdin
Sortie le 22 mai 2019
Article mis en ligne le 10 juin 2019

par Julien Brnl

Signe(s) particulier(s) :
 adaptation en prises de vues réelles du film d’animation Walt Disney "Aladdin", sorti en 1992, et réalisé par John Musker et Ron Clements, laquelle s’inspire, comme son modèle animé, du conte traditionnel arabo-perse "Aladin ou la Lampe Merveilleuse", lequel a été associé à partir du XVIIIe siècle au recueil "Les Mille et Une Nuits" avec la traduction française d’Antoine Galland ;
 alors qu’il a remporté huit Oscar (meilleure musique de film, meilleure chanson originale) pour la musique de "La Petite Sirène" (1990), "La Belle et la Bête" (1992), "Aladdin" (1993) et "Pocahontas" (1996), Alan Menken signe ici la musique du film, tout comme il a opéré également sur celle de l’adaptation de "La Belle et la Bête" (2017) ;
 "Speechless" ("Parler" en version française), écrite par Benj Pasek et Justin Paul ("La La Land", "The Greatest Showman") et composée par Alan Menken, est la seule chanson originale du nouveau long métrage, mettant à l’honneur la voix de la princesse d’Agrabah Jasmine interprétée ici par Naomi Scott, et doublée en français par Hiba Tawaji (The Voice - la Plus Belle Voix saison 4) ;
 en décembre dernier, l’acteur Will Smith, qui incarne ici le Génie, avait créé la polémique en apparaissant en couverture du magazine Entertainment Weekly sans la couleur bleue caractérisant son personnage. Heureusement, le premier teaser, dévoilé le 10 février dernier, a rassuré les fans.

Résumé : Quand un charmant garçon des rues du nom d’Aladdin cherche à conquérir le cœur de la belle, énigmatique et fougueuse princesse Jasmine, il fait appel au tout puissant Génie, le seul qui puisse lui permettre de réaliser trois vœux, dont celui de devenir le prince Ali pour mieux accéder au palais...

La critique de Julien

À peine deux mois après la déception commerciale et cinématographique qu’a été le "Dumbo" de Tim Burton, Disney poursuit sans relâche la revisite de ses grands classiques en prises de vues réelles. Avant de retrouver l’été prochain "Le Roi Lion" de Jon Favreau (déjà à l’œuvre de la dernière version du "Livre de la Jungle"), lequel est promis à un énorme succès mondial, il est aujourd’hui question d’une nouvelle version de "Aladdin" par Guy Ritchie ("Sherlock Holmes", Le Roi Arthur : la Légende d’Excalibur"), lequel s’inspire donc du film d’animation datant de 1992, réalisé à l’époque par John Musker et Ron Clements. Et alors qu’on n’en attendait pas grand-chose, on ne peut que s’étonner du résultat, alors qu’il parvient à mettre en images, avec magie et divertissement, cette histoire connue de tous. Et on oserait même dire qu’on est... bleu de cette relecture !

Rassurez-vous dès le départ, la firme aux grandes oreilles a préféré conserver les grands segments de l’œuvre originale, tout en la mettant au goût du jour. En quelques mots, il est donc toujours question de Jafar, le vizir royal de la ville fictive d’Agrabah en Arabie, cherchant une lampe magique cachée dans la Caverne aux Merveilles, laquelle lui permettra de réaliser ses vœux, dont celui de devenir sultan, et d’épouser la princesse Jasmine. Sauf que seul un être dont "l’apparence dissimule la valeur d’une diamant d’innocence" est digne d’y pénétrer, en la personne d’Aladdin, un jeune orphelin vivant de la nourriture qu’il vole aux marchands de souks, accompagné par son seul ami Abu, un petit sajapou, que les chapardages mettent dans de mauvais draps. Alors que le surnommé "prince des voleurs au grand cœur" rencontrera, sans s’en rendre compte, la princesse à l’extérieur de son palais, ce dernier se fera malheureusement capturer par Jafar, en vue qu’il lui ramène la lampe. Mais malgré les instructions de ne toucher à rien dans ce lieu, Abu prendre en main un joyau, attiré par son éclat. S’en suivra l’effondrement de la caverne, puis la rencontre dans celui-ci avec le Génie, devenant dès lors le maître d’Aladdin, obéissant à trois de ses vœux, lequel commencera par celui de devenir prince, afin de séduire Jasmine. Sauf que Jafar parviendra par la suite à s’emparer à son tour de la lampe...

Dans l’absolu, le film reproduit quasi à l’identique la majorité des scènes du film d’animation, bien que certaines différences notables soient observables, sans qu’elles ne viennent cependant perturber l’irréductible puriste (sauf peut-être en ce qui concerne Iago). On vous laissera donc le soin de les trouver ! Par contre, c’est dans son final que le récit prend de véritables libertés, notamment vis-à-vis du Génie et sa destinée (lui qui partait, souvenez-vous, faire le tour du monde en solitaire après avoir été libéré de la lampe dans le premier film), mais surtout en ce qui concerne celle de Jasmine. Alors que, dans le dessin animé, le Sultan autorisait Aladdin à épouser Jasmine, et lui annonçait qu’il prendrait un jour la tête d’Agrabah, la princesse entreprend bien aujourd’hui de régner sur son peuple, et de briser la loi millénaire qui interdit à une femme d’être sultane. Dans cette optique, le dénouement de cette relecture est donc plus féministe, lequel n’aurait pu être envisagé des années plus tôt. Mais ça, c’était avant la prise de position de la femme dans notre société, plus forte que jamais.

Dans la peau d’Aladdin, on retrouve l’inconnu Mena Massoud, un acteur canadien né au Caire en Egypte. Visage creusé, frange sur le côté, beauté innocente, le jeune acteur affiche une fraîcheur qui fait du bien, et s’en sort donc ainsi avec les honneurs. Par contre, Naomi Scott, et son visage pâle, peine à durcir le ton dans le rôle de Jasmine, malgré un discours plus actuel et fédérateur. Il faudra vraiment attendre qu’elle chantonne une nouvelle chanson écrite spécialement pour les besoins du film pour qu’elle nous montre enfin l’étendue de son jeu d’actrice, elle que l’on retrouvera cette année dans la nouvelle version de "Charlie’s Angels" (par Elizabeth Banks). Par contre, on n’est pas du tout d’accord sur le choix de Marwan Kenzari en Jafar. Guère menaçant, l’acteur est moins impressionnant que son alter-ego animé. Pire, il ne dégage que peu de charisme. Mais la véritable star du film, celui qui fait le show d’un bout à l’autre, c’est bien Will Smith ! Alors que l’on redoutait son interprétation du Génie (doublé par l’incroyable Robin Williams à l’époque), l’acteur est plutôt convaincant en bleu, avant d’user d’une pirouette scénaristique pour reprendre sa couleur de peau initiale. Plus humain, moins volumineux, plus pince-sans-rire, le Génie n’est plus comparable avec le précédent.

Qu’à cela ne tienne, celui de Will Smith n’a pas à rougir, et offre un irrésistible spectacle à lui tout seul ! Car il est surtout question de spectacle dans "Aladdin"...
Mis en scène par Guy Ritchie, le film parvient à réaliser l’impossible en adaptant en prises de vues réelles l’histoire de ce jeune voleur des rues. La lumière est solaire, le sable chaud, les costumes somptueux et d’antan, et les décors très bien rendus sur fonds verts (à foison). L’univers est, à notre plus grande surprise, reconstitué à hauteur d’émerveillement, et ce dès l’ouverture, totalement envoûtante. On s’étonne d’ailleurs de sourire devant la splendeur de certains plans. Alors certes, on pourrait regretter l’abus d’effets spéciaux, mais cela fait partir de la marchandise. Et puis, on ne peut passer à côté de la bande-originale du film, faisant partie intégrante de cette belle aventure familiale...

Vingt-sept ans après s’être notamment occupé de la musique du dessin animé, Mark Menken rempile pour la musique de ce remake, comme il l’a déjà fait pour celle de "La Belle et la Bête" (2017), et comme il le fera pour "La Petite Sirène". Entourés d’une bonne équipe, le compositeur et le réalisateur utilisent les chansons-clef du dessin animé, dans une version certes plus pop, mais qui n’ont rien perdues de leur charme. "Nuits d’Arabie", "Je Vole", "Je suis ton Meilleur Ami", "Prince Ali", et évidemment "Ce Rêve Bleu" viennent ainsi rythmer le long métrage, et procurent quelques frissons au passage. Et puis, force est d’entendre que "Parler" ("Speechless" en version originale), spécialement écrite pour le film, rivalise avec les plus belles chansons du catalogue Disney. Alors que Will Smith et ses partenaires de jeu poussent la chansonnette avec entrain, Anthony Kavanagh assure "grave" au niveau du doublage francophone du Génie, tandis qu’Hiba Tawaji (révélée à nos yeux dans The Voice - la Plus Belle Voix saison 4) prouve tout son talent. En d’autres termes, "Aladdin" fera plaisir aux fans de comédies musicales, étant donné la place occupée par la musique et les chansons dans le film, mais surtout par la mise en scène de ces classiques musicaux de Disney, très calquée, il est vrai, sur les scènes du film animé, mais de manière très réussie.

Avis donc aux détracteurs des méthodes commerciales du plus puissant studio de cinéma au monde... Certes, ces nouvelles versions de ses grands classiques lui permettent de s’en mettre plein les poches sans grande imagination, mais surtout de les dépoussiérer. Et puis, difficile pour la jeunesse actuelle d’apprécier un film en deux dimensions, comparé à ce qu’elle a l’habitude de voir à l’heure actuelle. Et si vous n’êtes pas encore convaincus, il n’y a qu’à jeter un coup d’œil (furtif) aux "Nouvelles Aventures d’Aladin" (d’Arthur Benzaquen) avec Kev Adams pour se faire une idée de la qualité de la nouvelle version de Disney.

Sans être trop sévère face au caractère mécanique du produit, on peut dire que "Aladdin" est une belle réussite, à prendre pour ce qu’elle est. Divertissement familial de haut vol, on y retrouve le bagage initial, épargné (un peu modifié, et même agrémenté), et un visuel absolument enchanteur. Bref, on n’y croyait pas, et on a eu tort. Vous en ressortirez sans doute avec les batteries rechargées, grâce à ce qu’on appelle communément la magie du cinéma...



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