Signe(s) particulier(s) :
– suite du film à succès "Les Petits Mouchoirs" (2010), écrit et réalisé par Guillaume Canet, lequel avait enregistré à l’époque plus de 5,4 millions d’entrées en France ;
– l’ensemble du casting remplie dans cette suite, tandis qu’il est rejoint par Clémentine Baert, José Garcia ou encore Gwendoline Hamon ;
– le film devait initialement être distribué en France par la société de distribution de Luc Besson EuropaCorp, sauf qu’à la suite de difficultés financières (vous avez dit "Valérian et la Cité des Mille Planètes" ?), la société a fermé son entité de distribution pour se concentrer sur la production, tandis que le film a finalement été distribué en France par Pathé, et en Belgique par Cinéart.
Résumé : Préoccupé, Max est parti dans sa maison au bord de la mer pour se ressourcer. Sa bande de potes, qu’il n’a pas vue depuis plus de 3 ans débarque par surprise pour lui fêter son anniversaire ! La surprise est entière mais l’accueil l’est beaucoup moins...
Max s’enfonce alors dans une comédie du bonheur qui sonne faux, et qui mettra le groupe dans des situations pour le moins inattendues.
Les enfants ont grandi, d’autres sont nés, les parents n’ont plus les mêmes priorités... Les séparations, les accidents de la vie... Quand tous décident de ne plus mettre de petits mouchoirs sur les gros bobards, que reste-t-il de l’amitié ?
La critique de Julien
Voilà neuf années que Guillaume Canet nous a présenté "Les Petits Mouchoirs", centré sur l’amitié mise à rude épreuve entre une bande de potes invités chaque année chez Max (François Cluzet) - un riche propriétaire d’un hôtel restaurant - et sa femme Véro (Valérie Bonneton), au Cap-Ferret, afin de fêter l’anniversaire de l’un d’eux, ainsi et surtout que le début des vacances. Sauf qu’avant leur départ de Paris, Ludo (Jean Dujardin) était victime d’un grave accident de moto, ce qui n’empêcha finalement pas ses amis de partir, mais à contrecœur, étant donné que c’est ce qu’il aurait sans doute souhaité... Malgré le succès commercial incontesté du film, son réalisateur a longtemps partagé le manque de plaisir qu’il a eu à le réaliser, alors qu’il lui était difficile de canaliser son groupe d’acteurs, sans parler de la mort de l’un de ses amis, survenu le jour de la sortie du film... Puis lui est venu l’opportunité de revoir le film à la télévision, et de se surprendre à prendre plaisir à retrouver ses personnages, doublé plus tard d’un déclic personnel sur sa propre vie, son âge, et ses priorités, qui ne sont plus les mêmes qu’il y a dix ans, l’occasion de plonger Max, Véronique, Marie (Marion Cotillard), Eric (Gilles Lellouche), Antoine (Laurent Lafitte), Isabelle (Pascale Arbillot) ou encore Jean-Louis (Joël Dupuch) dans cette situation, où l’on ose enfin se dire les choses, et avancer (ou non) ensemble...
Un peu beauf sur les bords, "Les Petits Mouchoirs" analysait l’amitié et ses ambiguïtés avec plus ou moins de pertinence, traversé de véritables moments de complicité et parfois de drôleries, mais emmené par des personnages lourds et caricaturaux, et un sens de la dramaturgie assez naïf. Bref, on remet ici les couverts, et on ne change pas une équipe qui gagne, même si elle s’est depuis morcelée... Comme point de départ de ces retrouvailles forcées, on retrouve Max (depuis séparé de Véro, mais en couple avec Sabin), en plein burn-out depuis l’échec de sa dernière activité professionnelle, ayant entraîné la fermeture de son hôtel restaurant. Alors qu’il s’apprête à mettre en vente sa maison de vacances du Cap-Ferret pour rembourser ses dettes, et donc à recevoir la visite d’un agent immobilier, voilà que débarque inopinément ses anciens camarades le temps d’un week-end, afin de fêter son anniversaire (dans trois jours), malgré les rancœurs installées, étant donné qu’ils se sont perdus de vue depuis trois ans, la faute à une dispute (dont on ne sera pas grand chose)... Quoi qu’il en soit, Max se retrouve au bord de l’implosion, tandis que personne n’est au courant de son choix de mettre en vente sa maison, ni même sa compagne...
Comme son titre l’indique, et à l’inverse du précédent film, "Nous Finirons Ensemble" traite des non-dits et du temps de se dire les vérités en face, même si toutes ne sont pas belles à entendre. L’amitié est donc toujours au centre des conversations, même si celle-ci est en partie toujours aussi bafouée, voire fausse. À titre d’exemple, aucun des amis de Max ne semble en mesure de se rendre compte du drame personnel qu’il est en train de vivre. Alors certes, le gaillard n’est pas du genre à montrer ses émotions, ni à causer, mais il envoie bien malgré lui des signaux non-équivoques, sans parler de ses crises de nerfs intempestives, et de son caractère lunatique. Et puis bon, ils le connaissent quand même. Non ? Or, ils semblent tous fermés les yeux face à cela, sous prétexte de retrouvailles et de pardons à se faire, pour ensuite profiter tous ensemble de ces instants de partages...
Alors certes, la révélation poussive et perchée de sa situation à ses amis aurait pu amener l’émotion, mais elle est pour l’occasion beaucoup trop brouillonne pour sonner juste, d’autant plus qu’on passe aussi vite à la soirée festive qui suit... L’un des gros soucis du film est donc d’avoir aussi du mal à doser sa dramaturgie. Et puis, alors que l’idée de départ est de se dire enfin les choses, le scénario (écrit cette fois-ci à quatre mains, dont celle de Guillaume Canet) se construit autour d’un mensonge empêchant dès lors de se dire l’essentiel, ce qui est pour le moins paradoxal entre de vrais amis... Mais bon, il fallait bien amener ici un axe dramatique afin de toucher. À défaut, nous auront ainsi droit au retour des sorties au restaurant et en boîte de nuit, aux beuveries, à un saut en parachute, et même à un sauvetage en mer... Et c’est pour le moins triste et frustrant de voir tout ça, alors qu’il y aurait pu y avoir là une belle remise en question de leur amitié, par le biais de ce secret gardé. Mais "Nous Finirons Ensemble" préfère ne pas crever (tout de suite) l’abcès...
Aussi long que "Les Petits Mouchoirs", cette suite nous permet donc de retrouver ces personnages qui, s’ils n’ont pas changés physiquement (excepté pour Isabelle, désormais l’ex d’Antoine), ont pourtant grandi avec leur âge (même si pas forcément de manière mature). Et en l’occurrence, on a le temps de s’en rendre compte. Malgré une mise en scène classique qui prend le temps de partir d’un point a pour rejoindre sans surprises un point b, le film illustre quelques beaux moments d’échange et d’humanité, même si le ton n’est pas trop à la plaisanterie. Dans l’absolu, on ne passe pas un si mauvais moment que cela avec François Cluzet (touchant) et sa bande, bien que l’argument principal du temps qui passe et des vérités qui tombent peine à trouver ici un rôle de taille...