Signe(s) particulier(s) :
– premier long de la réalisatrice et scénariste Frederike Migom après quatre courts métrages (dont un documentaire) ;
– la jeune Bebel Tshiani donne la réplique au chanteur et ancien rappeur du groupe Starflam Bajoli, surnommé "MC Balo", lui qui n’est autre que son propre père à la vie.
Résumé : Binti est une jeune fille de 12 ans d’origine congolaise qui a vécu toute sa vie en Belgique. Elle rêve de devenir une vloggeuse célèbre grâce à son vlog « Binti’s Bubble ». Mais quand son père et elle sont menacés d’expulsion, elle ne voit plus qu’une solution au problème : son père doit épouser la mère de son ami Elias pour pouvoir rester en Belgique.
La critique de Julien
Que voilà un petit film flamand accessible aux plus jeunes autour de la question délicate et difficile des sans-papiers en Belgique. Tandis que Binti rêve de devenir un vloggeuse reconnue grâce à ses vidéos publiées sur Internet, elle se retrouve menacée d’expulsion avec son papa, lesquels se retrouvent à devoir quitter leur logement pour fouir la police, avant de se retrouver dans un bois, près de la cabane du jeune Elias, et son club des okapis. Tandis que les enfants deviendront amis, Binti et son papa séjourneront dans la maison de son ami, accueillis par sa maman, Christine, quant à elle en pleine séparation. Très vite, l’idée du siècle viendra secouer Binti : rapprocher son papa de Christine afin de les marier, et ainsi s’éviter l’expulsion...
Quand on n’a pas de papiers, "on vit, mais on n’existe pas". Voilà l’un des slogans que l’on entend à plusieurs dans cette fiction qui sonne très actuelle, étant donné qu’elle ose traiter d’un problème sociétal très grave, mais vu au travers des yeux d’enfants, qui eux existent bel et bien. Bien évidemment, il le fait de manière raccourcie et prévisible, mais le film a eu moins le mérite de s’y intéresser, et d’éveiller à la discussion avec vos enfants sur le sujet. Aussi, le film confronte le drame de la séparation de parents vis-à-vis de leur(s) enfant(s), espérant dès lors que ses parents se retrouvent. Par contre, s’il est destiné au jeune public accompagné de leurs parents, "Binti" est à découvrir en version originale sous-titrée en néerlandais en Wallonie, ce qui vient indirectement contredire les possibilités de lecture du public visé, étant donné que les petits seront incapables de suivre les traductions... Dommage.
L’un des points forts de "Binti", c’est sans doute sa mise en scène pop, imprégnée par l’utilisation positive (partage d’idées, communication avec un proche, promotion, appel à la solidarité, etc.) des réseaux sociaux et d’applications pour smartphone par les jeunes d’aujourd’hui, et faisant aussi la part belle à la musique de Le Motel (le producteur de Roméo Elvis) et ses instrumentalisations house et UK garage. Et puis, le film brille par l’interprétation de la jeune Bebel Tshiani, qui crève instantanément l’écran. Mo Bakker (irréprochable dans le déchirant "Niet Schieten" de Stijn Coninx l’année passée) touche également dans son rôle. Ensemble, les deux jeunes nous confrontent, avec simplicité et sensibilité, à leurs soucis, auxquels notre société est (de plus en plus) confrontée, tout en y trouvant des solutions, aussi faciles et naïves soient-elles.