Signe(s) particulier(s) :
– première réalisation en solo pour Allan Mauduit, lui qui a l’habitude de travailler avec Jean -Patrick Benes, lesquels ont notamment réalisé "Vilaine" (2008) ;
– au départ, Allan Mauduit a cherché à acquérir les droits d’adaptation du livre "Un Petit Boulot" d’Iain Levison (2003), lesquels sont finalement revenus à Michel Blanc. Ce dernier a alors écrit un scénario, et partagé l’affiche du film de Pascal Chaumeil avec Romain Duris. Déçu, Allan Mauduit s’est alors mis à l’écriture de "Rebelles" ;
– présenté au Festival international du film de comédie de l’Alpe d’Huez.
La critique de Julien
Tel que son titre nous l’annonce, cette comédie noire bien barrée aux accents de western en a dans la culotte, tout comme Patrick Ridrmont en a(vait) dans le slip ! La référence vous paraît bien étrange ? Direction les salles obscures pour comprendre ce parallèle qui tranche, dans ce film de filles pas comme les autres !
"Rebelles" plante directement le décor : Sandra (Cécile de France) revient, après quinze années passées sur la Côte d’Azur, dans sa ville natale de Boulogne-sur-Mer, faute de réussite professionnelle, et surtout amoureuse. Ex-Miss nord-Nord-Pas-de-Calais, la demoiselle, qui se veut totalement superficielle, débarque alors habillée comme une cagole, avec tout le tralala, et retourne vivre dans le mobile-home de sa maman, qu’elle méprise autant que ses nouvelles collègues, Marylin (Audrey Lamy) et Nadine (Yolande Moreau). Alors que le verni craque, et que la beauté est éphémère, Sandra se voit en effet travailler dans une conserverie de poisson. Sauf que son nouveau patron - odieux et machiste - lui fera très vite des avances, ce qu’elle refusera. Ce dernier s’y prendra alors avec violence, dans les vestiaires, au risque d’y perdre un bout. Deux collègues assisteront médusées à la scène, ainsi qu’à la mort accidentelle du bonhomme, tandis qu’il transportait un sac remplit d’oseille. Elles décideront dès lors de se partager le butin à trois, mais seulement après s’être débarrassée du corps. Et comme on peut s’en douter, il s’agit-là d’argent sale, que les véritables propriétaires (des trafiquants belges et "mangeurs de frites") ne tarderont pas à vouloir récupérer...
Que ça fait du bien de découvrir les décors du nord sous un autre œil ! La ville de Boulogne-sur-Mer n’a sans doute jamais été filmée de telle sorte à être le théâtre d’une histoire aussi rocambolesque que celle-ci, où trois nanas - au contraire bien du nord - se retrouvent dans une situation loin de leur train-train quotidien, à manier aussi bien la pelle que le fusil à canon scié ! Fortes de personnalités ne faisant pas dans la demi-mesure, ce trio manie aussi bien les armes que leur féminité, lequel devra faire face à une armada d’hommes, aussi dangereux que profondément stupides. Bref, un film où le girl-power ne mord pas à l’hameçon ! Cependant, tous les personnages masculins ne sont pas à mettre dans le même paquet, et donnent ainsi du répondant à cette trois femmes, badass malgré elles.
Au départ outrancier, le personnage de Cécile de France se dévoile au fur et à mesure de cette baston en territoire ouvrier, lequel sera alors le meneur du groupe, malgré quelques faux bons. Mais c’est sans compter sur sa part d’humanité (enfuie), et d’entraide féminine. L’actrice est très convaincante, et s’amuse à casser l’image de la miss bling-bling. Quant à ses deux compères d’aventure (Audrey Lama et Yolande Moreau), elles font leur cinéma, et amusent aussi bien, que ça soit avec leur accent, leur physique peu avant-gardiste, ou encore leur écriture bien trempée.
"Rebelles" fait rire, et ça, c’est une certitude. Reposant sur quelques situations cocasses, mêlées à un scénario où les liens entre certains personnages font mouche, et jouant sur le degré quelque peu loufoque des événements, le film détend, et apporte son lot de second degré qui fait du bien de temps en temps. Ainsi, cette sympathique virée en milieu ouvrier ne manque pas d’humour ! Mais malgré toutes ces bonnes raisons d’aller voir le film, sa mise en scène, si elle est rythmée, manque de poigne, tandis que l’histoire se veut un peu trop mécanique, une fois les enjeux installés.