Synopsis : Après avoir tenu des propos homophobes, Mathias Le Goff, vice-champion du monde de natation, est condamné à entraîner "Les Crevettes Pailletées", une équipe de water-polo gay, davantage motivée par la fête que par la compétition. Cet explosif attelage va alors se rendre en Croatie pour participer aux Gay Games, le plus grand rassemblement sportif homosexuel du monde. Le chemin parcouru sera l’occasion pour Mathias de découvrir un univers décalé qui va bousculer tous ses repères et lui permettre de revoir ses priorités dans la vie.
Acteurs : Nicolas Gob, Alban Lenoir, Michaël Abiteboul, David Baiot, Roland Menou, Romain Lancry, Geoffrey Couët.
Que voilà un film bien surprenant ! Avant la projection presse, nous savions que Maxime Govare co-réalisait ce film avec Cédric Le Gallo dont c’était la première expérience dans la réalisation et que celui-ci voulait raconter les aventures de son club de water polo gay. Pour avoir un ami qui fait partir d’un tel club, nous savions donc que de telles équipes existaient même si de ce sport proprement dit nous sommes hors de notre domaine de compétence. A la sortie de la projection, un confrère estimait que c’était moins mauvais que ce qu’il appréhendait, à une consoeur — à qui l’on disait que les acteurs en faisaient trop comme souvent lorsque des hétéros jouent des rôles de gays — répondait qu’il devait y en avoir quelques-uns au casting. Nous nous sommes dit que les acteurs avaient du s’amuser... follement lors du tournage et, au vu des photos de la "vraie" (pire !!!) équipe de water-polo que les acteurs n’avaient en rien surjoué !
De fait, ce n’est pas un grand film, mais il donne à penser, en tant que tel tout d’abord, du fait des enjeux de l’intrigue, et ensuite à, d’autres, cinématographiques. Nous y allons donc, à bâtons rompus et l’on se jette à l’eau ! Dès les premières minutes, une envie irrésistible de quitter la salle ! Cela semblait réellement too much et très kitch. Finalement, nous sommes resté et, sans trop de regret, tout en se disant que, comme pour les gay pride cela n’allait pas améliorer l’image caricaturale que certains bien pensants ont des personnes LGBT (sur l’utilisation de ce sigle, nous renvoyons à ce que nous écrivions au sujet du court-métrage canadien Morning After qui traite de la fluidité sexuelle). Ensuite, s’agissant de l’acteur qui joue Mathias Le Goff, un petit cocorico en reconnaissant le bruxellois Nicolas Gob que l’on a vu au cinéma dans quelques seconds rôles (La belle et la bête, La taularde, Cézanne et moi mais surtout à la télévision (Un village français) et pas mal de série, dont, Les bleus : premiers pas dans la police où il joue de 2006 à 2010 le rôle de Kévin Laporte, un policier homosexuel en couple). Autant dire que c’est assez jubilatoire de le voir jouer un rôle de sportif homophobe.
Pour ce qui est des acteurs, outre une véritable personne transgenre, Romain Brau, dans le rôle de Fred, on retiendra plusieurs noms : Alban Lenoir (Jean) que l’on a vu dans Mauvaises herbes ; David Baïot, dans Jonas (un film Arte) et la série Ainsi soient-ils ; et surtout Geoffrey Couët, dans le rôle de Xavier. Surtout parce que l’acteur jouait un des deux rôles principaux dans le film Théo et Hugo dans le même bateau, un film qui n’est pas sorti en Belgique et dont nous posions dans notre critique la question de la carrière future des acteurs. En effet, ce film contient de longues scènes de relations homosexuelles explicites, non simulées et sans "doublure sexe". Certes le film était interdit aux moins de 16 ans, visait plutôt un public de niche, mais cela pouvait être risqué pour les acteurs. Et c’est donc un plaisir de découvrir que sa carrière se poursuit (ici dans un personnage haut en couleurs).
Si le pitch de départ (la sanction pour propos homophobes) est créé pour l’intrigue, et s’il n’y a pas eu (à notre connaissance) de Gay Games en Croatie, c’est l’ambiance follement déjantée de l’équipe "réelle" qui semble rendue en nous offrant un film qui serait une sorte de Le grand bain à la sauce Pride avec un soupçon de The Adventures of Priscilla, Queen of the Desert (1994). D’autant que la bande-son en fait beaucoup. Trop probablement, mais de façon tellement jubilatoire que l’on peut se laisser entraîner malgré soi dans ce road movie. L’on se doute que si les acteurs ont dû s’amuser durant le tournage, mais que celui-ci n’a pas dû être de tout repos et que les séances de water polo furent probablement éreintantes.
L’on pourrait se laisser aller à narrer de nombreuses anecdotes et péripéties du film (ainsi la rencontre avec une équipe féminine de water polo et qui sont lesbiennes), le rôle de la fille de Matthias ou encore une rencontre inattendue en pleine campagne, anticipée via Grindr (une application de rencontre pour gays, l’équivalent de Tinder pour les hétéros) qui permettra à notre équipe de découvrir un garçon séduisant qui fait craquer toute l’équipe (sauf Matthias off course) en mode "attente du prince charmant" (un peu à la manière dont l’arrivée de Nicholas est filmée dans Die mitte der welt (Center of My World) - une vidéo peut se voir en VO allemande à la fin de la critique).
Pou conclure, si vous êtes prude, coincé, mal à l’aise avec les homos, mieux vaut ne pas aller voir le film. De même si vous voulez voir un film d’auteur. Si en revanche vous aimez rire, puis, peut-être réfléchir, allez-y... sans complexes ! D’autant que celui-ci a fait la Une du magazine sportif L’Equipe de début mai consacré à un mal qui ronge le milieu du sport et fait souvent l’actualité.