Signe(s) particulier(s) :
– après "Case Départ" en 2011 (co-réalisé avec Fabrice Eboué et Lionel Steketee) et "Fast Life" en 2014, "Black Snake" est la troisième réalisation du comédien et spécialiste du stand-up Thomas N’Gijol, révélé au grand public au sein du Jamel Comedy Club, lequel partage ici la réalisation avec sa compagne, l’actrice Karole Rocher ;
– le tournage du film a eu lieu en Afrique du Sud, alors que l’intrigue se déroule dans les années septante, post-coloniales.
Résumé : Après des années passées à Paris, Clotaire Sangala revient dans son pays natal, en Afrique. Élevé par un grand-père chinois expert en arts martiaux, persuadé d’avoir été trouvé dans une poubelle, Clotaire ignore tout du glorieux passé de ses parents. Accroc aux femmes et à la vie facile, égoïste et sans ambition, Clotaire va pourtant être rattrapé par son destin... Il va devenir "Black Snake", le super-héros masqué et ultrasapé, libérateur du peuple face au dictateur Ézéchias.
La critique de Julien
Marvel et son "Black Panther" peuvent bien aller se rhabiller ! Voilà que débarque sur nos écrans "Black Snake, la Légende du Serpent Noir", un film de super-héros africain pas comme les autres, et même le premier film du genre à la Française ! Après cinq années de gestation, Thomas N’Gojol et sa compagne Karole Rocher ("Braquo", "Tip Top", "Polisse", etc.) nous dévoilent enfin cette comédie satirique dans laquelle un homme de retour dans son pays natal va devenir malgré-lui un sauveur masqué, sous une dictature impitoyable, et financée par la France... Sauf que le bonhomme est situé aux antipodes du super-héros moderne, lui qui est à la fois lâche, couillon et sans ambition. Bref, son peuple n’est pas (encore) sorti de l’auberge...
Alors que ses créateurs y ont cru dur comme fer, "Black Snake, la Légende du Serpent Noir" est en train de passer totalement inaperçu, et de se prendre la cape dans le tapis... Pourtant, l’histoire d’un anti-héros évoluant contre son gré sur ses terres natales soumise à un climat politique dévastateur en plein climat de "Françafrique" n’était pas une si mauvaise idée...
D’ailleurs, on souligne le travail apporté ici aux dialogues, parsemés de vannes référentielles, et sans doute nées du flegme de son acteur principal Thomas N’Gojol, lequel est aussi ici co-réalisateur et co-scénariste et co-producteur. Accompagné à l’écriture, le comédien s’amuse d’ailleurs à détourner les codes du film de super-héros à l’aide de son personnage, duquel il aime gentiment rigoler, et exagérer les traits. Ainsi, son accent et le ton de sa voix amusent autant que son imbécillité déconcertante. De plus, l’humour joue beaucoup sur les mimiques et manières d’être "à l’Africaine", mais sans mauvaise moquerie. Au-delà de ça, le film passe totalement à côté de son sujet, et perd rapidement en rythme, malgré ses déjà courtes quatre-vingt-deux minutes.
Alors qu’elle tente de faire exister l’action du film au cœur d’un contexte politique difficile, l’intrigue s’étiole en une succession de sketchs, lesquels ne permettent malheureusement pas au sous-texte de se justifier. À vrai dire, la tournure du récit prend une direction tellement légère et parodique qu’on en oublie même la mission de son personnage principal. Mais voilà que pointe déjà le final, avec un sentiment d’avoir loupé un épisode... Et ce ne sont pas à ce moment-là les quelques tirades bien placées qui vont venir boucher les trous, et nous convaincre de la réussite du scénario.