Synopsis : Fin connaisseur des arcanes de la politique américaine, Dick Cheney a réussi, sans faire de bruit, à se faire élire vice-président aux côtés de George W. Bush. Devenu l’homme le plus puissant du pays, il a largement contribué à imposer un nouvel ordre mondial dont on sent encore les conséquences aujourd’hui…
Acteurs : Christian Bale, Amy Adams, Steve Carell, Sam Rockwell, Bill Pullman, Alison Pill, Lily Rabe
C’est en 2015, avec The Big Short (Le casse du siècle) qu’Adam McKay changeait de registre, quittant le style comédie (définitivement ? on peut en tout cas l’espérer au vu de son dernier film !) pour aborder un sujet autrement plus grave et surtout qui touchait non seulement les USA mais le monde entier, du moins dans le domaine financier. Il n’est pas question de finance (en fait si, aussi, mais pas en première instance) mais de l’ascension d’un ado, salle gosse, qui va devenir quasiment l’homme le plus puissant de la planète et contrôlant George W. Bush Jr comme une marionnette. Il grimpera ainsi les échelons d’une hiérarchie d’une société qu’il va tutoyer dans les sommets. Touchant ainsi de très nombreuses dimensions : sociales, financières, politiques et militaires. Et si l’ado (né dans le Wyoming) qui semblait n’être destiné qu’à être un glandeur et à finir régulièrement en taule est devenu ce qu’il est c’est grâce à son épouse Lynne (Amy Adams).
Le film n’est pas un documentaire et n’a pas les excès de Michael Moore. Il est bien entendu traité "à l’américaine" (sans vouloir être péjoratif) et annonce tout de go qu’il s’agit d’une histoire vraie, du moins pour ce que l’on peut en savoir, sachant combien Dick Cheney était un homme secret. Entre l’adolescent de 17 ans (interprété par Alex MacNicoll) et l’adulte (Christian Bale, méconnaissable) ce sont cinquante ans de vie qui se déploient à l’écran, le tout ponctué par une voix off qui parle du fond du coeur (l’on comprendra à l’écran) et dont on découvrira dans la dernière partie d’un film qui dure près de deux heures quinze qu’elle est celle de Kurt ( Jesse Plemons). Si celui-ci est essentiel pour faire avancer l’intrigue et donner du coeur à celle-ci, il faut noter deux autres personnages fondamentaux : Donald Rumsfeld (Steve Carell) qui se fera prendre à son propre jeu par Cheney et George W. Bush (Sam Rockwell) dont il se joue allègrement ! Le tout sur fond de guerre en Irak pour (fausse) cause de possession d’armes de destruction massive, de "casse du siècle" (un autre celui-là) via la société Halliburton. On pourrait penser "too much" tant c’est trop incroyable pour être vrai.
Enfin, ce que l’on retiendra de ce film et qui le fait sortir du lot, c’est la prestation bluffante, surprenante, incroyable de Christian Bale qui ici a pris énormément de poids pour son rôle (à l’image, inverse, de celui qu’il avait perdu en 2004 pour interpréter Trevor Reznik dans The Machinist ( Brad Anderson, 2004). Si certains rêvent de voir Remi Malek (Bohemian Rhaposdy) obtenir un Oscar, il est plus que probable que Christian Bale le coiffera sur ce coup-là !