Synopsis : Joseph et ses deux fils, Joachim et Ivan, formaient une famille très soudée. Mais Ivan, le plus jeune, collégien hors norme en pleine crise mystique, est en colère contre ses deux modèles qu’il voit s’effondrer. Car son grand frère Joachim ressasse inlassablement sa dernière rupture amoureuse, au prix de mettre en péril ses études de psychiatrie. Et son père a décidé de troquer sa carrière réussie de médecin pour celle d’écrivain raté. Pourtant, ces trois hommes ne cessent de veiller les uns sur les autres et de rechercher, non sans une certaine maladresse, de l’amour…
Acteurs : Benoît Poelvoorde, Vincent Lacoste, Anaïs Demoustier, Noémie Lvovsky, Lola Creton, Constance Rousseau, Mathieu Capella.
Félix Moati quitte sa casquette d’acteur déjà vu dans plusieurs films, bons, tels : La vie très privée de Monsieur Sim, Médecin de campagne ou, récemment Le grand bain, voire caricaturaux ou mauvais, tel Cherchez la femme où il est l’acteur principal (voire l’actrice !). Lui qui était aussi d’Hippocrate ou Valentin, Valentin et dont ma palette de jeu, entre petits et grands rôles impressionne, passe de l’autre côté de la caméra pour une petite comédie dramatique ou une dramédie, tendre et émouvante. Pour intéressante que soit cette première, l’on aspire quand même à retrouver le métier qui fait toute la singularité de ce pas encore trentenaire !
Deux fils pourrait faire songer à la parabole dite du "fils prodigue" dans le chapitre 15 de l’évangile attribué à "Luc". Non pas du fait du thème de celle-ci, mais de sa pluralité d’interprétation. Elle pourrait ainsi se nommer la parabole "des deux fils", "le père et ses (deux) fils", "les deux frères"... En effet, si le film de Moati raconte quasiment l’histoire de trois générations (en fait deux et demi, s’agissant de la différence d’âge entre les frères), il n’est pas tant celles de deux fils que celle de deux frères, ou encore de deux frères et leur père, ou d’un père et ses fils. C’est que l’on ne peut enfermer le film dans le duo des personnages de Joachim et d’Ivan, mais bien dans le trio qu’ils forment avec Joseph, leur père. Plus qu’un trio, il s’agit d’un triangle relationnel, un triangle amoureux aussi, entendons donc, d’amour tout à la fois et successivement : fraternel, filial et paternel.
Ce sont des tranches de vie qui sont narrées et présentées à l’écran avec tendresse, humour et émotion par le jeune réalisateur, grâce à ses trois acteurs principaux, totalement investis dans leurs rôles et leurs interactions avec d’autres, féminins notamment, dans les rôles secondaires ou plutôt "seconds". C’est ici que Benoît Poelvoorde excelle, comme souvent, dans des rôles aux "frontières" qui le sortent de sa zone de confort. Il faut ajouter Vincent Lacoste, presque looser ici aux risques de rater ses études et sa vie surtout (au risque aussi d’écraser son personnage pour trop laisser voir Vincent Lacoste). Enfin, une mention toute spéciale et particulière pour le jeune Mathieu Capella, inconnu jusqu’ici, et qui déploie un potentiel de jeu convaincant et bluffant de réalisme. L’on ne peut qu’espérer que celui-ci prendra goût à ce métier et sera engagé dans d’autres films.