Signe(s) particulier(s) :
– inspiré du livre de Claire Lajeunie intitulé "Sur la Route des Invisibles", écrit en complément de son documentaire réalisé pour France 5 "Femmes Invisibles, Survivre dans la Rue" (2014) ;
– troisième fois que le cinéaste Louis-Julien Petit dirige l’actrice Corinne Masiero.
Résumé : Suite à une décision municipale, l’Envol, centre d’accueil pour femmes SDF, va fermer. Il ne reste plus que trois mois aux travailleuses sociales pour réinsérer coûte que coûte les femmes dont elles s’occupent : falsifications, pistons, mensonges… Désormais, tout est permis !
La critique de Julien
Pour son troisième long métrage après "Discount" (2015) et "Carole Matthieu" (2016), Louis-Julien Petit semble s’être définitivement accommodé du cinéma social, et plus précisément de celui qui porte sur le monde du travail, et ses conditions. Son dernier film, "Les Invisibles", raconte ainsi le combat d’assistantes sociales pour réinsérer dans l’urgence des femmes de la rue, alors que leur centre d’accueil de jour va fermer ses portes suite à un arrêté municipal...
La première force de ce film, c’est son casting, composé d’acteurs aussi bien professionnels que non-professionnels. Ainsi, autour d’un formidable trio d’actrices (Audrey Lamy Corinne Masiero et Deborah Lukumuena) interprétant les assistantes sociales, on retrouve de véritables femmes passées par l’épreuve de la rue, auxquelles le réalisateur a fait confiance et donné la parole. D’autres seconds-rôles (Noémie Lvovsky, Pablo Pauly, Sarah Suco) viennent compléter ce tableau de jolies personnalités. Bien aidé d’interprétations authentiques et de dialogues savoureux, "Les Invisibles" frappe fort dans son domaine.
Loin d’être misérabiliste, le réalisateur réussit à nous offrir une comédie dramatique au ton résolument lumineux, très souvent comique, et mettant en avant ces femmes de l’ombre, et véritables résistantes. Et vu la situation précaire que le monde actuel leur fait subir, tout est bon comme combine pour les sortir de là, et les aider ! Par cette voie, Louis-Julien Petit n’hésite pas remettre les choses à leur place, telles qu’elles devraient l’être. Et ça fait du bien aujourd’hui de voir que le cinéma francophone peut encore dénoncer tout en allant de l’avant, vers l’avenir, plutôt que de s’apitoyer sur son sort. Car à vrai dire, il n’y a pas grand-chose à faire d’autre que se battre, et trouver des solutions. Et c’est bien de ça dont il est ici question.