Signe(s) particulier(s) :
– dédié à la mémoire de Stan Lee et de Steve Ditko, les deux créateurs de "Spider-Man", décédés l’année dernière avant la sortie du film ;
– "Venom" de Ruben Fleischer, sorti en octobre dernier, présentait dans l’une de ses deux scènes post-générique une séquence du film d’animation ;
– cette aventure ne s’inscrit pas dans l’univers "Spider-Man" en prise de vues réelles.
Résumé : Spider-Man : New Generation suit les aventures de Miles Morales, un adolescent afro-américain et portoricain qui vit à Brooklyn et s’efforce de s’intégrer dans son nouveau collège à Manhattan. Mais la vie de Miles se complique quand il se fait mordre par une araignée radioactive et se découvre des super-pouvoirs : il est désormais capable d’empoisonner ses adversaires, de se camoufler, de coller littéralement aux murs et aux plafonds ; son ouïe est démultipliée... Dans le même temps, le plus redoutable cerveau criminel de la ville, le Caïd, a mis au point un accélérateur de particules nucléaires capable d’ouvrir un portail sur d’autres univers. Mais Peter Parker, alias Spider-Man, succombera de ses blessures après avoir essayé de l’en empêcher... Cette invention va alors provoquer l’arrivée de plusieurs autres versions de Spider-Man dans le monde de Miles, dont un Peter Parker plus âgé, Spider-Gwen, Spider-Man Noir, Spider-Cochon et Peni Parker, venue d’un dessin animé japonais. Tous ensemble, ils vont devoir faire équipe pour vaincre le Caïd, et ramener chacun d’eux dans sa dimension respective.
La critique de Julien
Alors là, on ne s’attendait pas à ça ! Autant dire d’emblée que "Spider-Man : Into the Spider-Verse" (en VO) est sans doute l’un des meilleurs films d’animation de ces dernières années, tout comme le plus bel hommage jamais réalisé aux comics, coiffant certainement au poteau la trilogie de Sam Raimi !
Sans vouloir entrer en concurrence avec les versions en prise de vues réelles de "Spider-Man", ce film d’animation résulte de la volonté de Sony Pictures de rajeunir la franchise cinématographique autour de l’homme-araignée. Et le pari est amplement réussi, tant on ne sait par où commencer, tellement ce bijou d’animation est généreux, fidèle et inventif.
Tandis que "Spider-Man" tente d’arrêter les plans du Caïd souhaitant ramener son épouse et sa fille en ouvrant un portail sur des univers parallèles à l’aide d’un accélérateur de particules nucléaires, on découvre la bouille de Miles Morales, un adolescent new-yorkais métis ayant des origines latinos et africaines. Il se fera alors mordre par une araignée radioactive, se découvrant alors des super-pouvoirs à la façon de Spider-Man, lequel mourra tragiquement devant ses yeux, tués par le Caïd, aidé par le Rôdeur et le Bouffon Vert. L’accélérateur en fonction, Miles devra tenter de l’arrêter afin d’éviter une catastrophe sans précédent. Sauf que ce dernier se verra aidé à son tour par d’autres versions alternatives du super-héros, et venant tout droit d’autres dimensions et époques différents (passé, présent, futur) à la suite d’une première utilisation de la machine. Ensemble, ils devront arrêter Caïd, et s’entraider mutuellement afin de retourner dans leur dimension.
En regardant "Spider-Man : New Generation", on a littéralement l’impression de regarder une bande-dessinée, tant le graphisme de ce film d’animation respecte le visuel des comics originaux, des bulbes de dialogues au grain pictural de l’image. Le montage du film permet aussi à plusieurs reprises de passer d’une scène à l’autre par le simple fait de tourner une page. Tout simplement renversant et intelligent !
Adaptée des comics, cette histoire mise en scène par trois réalisateurs et écrite par deux scénaristes - tout en respectant les personnages notamment créés Stan Lee et Steve Ditko - est un énorme plaisir visuel sans faille, boosté par un rythme trépidant ou encore un humour ravageur. On assiste alors à une prouesse technique résultant d’un travail d’équipe de passionnés, et dès lors d’idées en pleine fusion, lesquelles transpirent dans ce film.
On a ainsi droit à six Spider-Man différents pour le prix d’un, dont un Peter Parker plus âgé, Spider-Gwen, Spider-Man Noir (venu des années 30), Spider-Cochon (une version cochon de l’homme-araignée) et Peni Parker (adolescente Spider-Woman version manga). En plus d’une belle dose d’originalité dans ce mélange peu commun de Spider-Men, l’écriture nous permet de découvrir un segment personnel à chacun, ce qui rend ces personnages en plus intéressants, et attachants, dont un Peter Parker mal rasé, avec une petite bedaine, et en pleine dépression suite à sa rupture avec Marie-Jane, étant donné qu’il n’est pas encore prêt à répondre à sa demande de devenir père. Et puis, le nouveau et véritable héros de cette histoire, Miles Morales, touche en plein cœur, notamment vis-à-vis de la relation qu’il vit avec son père, tout comme avec son oncle, et dont on ne révélera pas les fondements, bien qu’ils concernent forcément un adolescent confronté au monde adulte, alors qu’il ne s’y sent pas encore à sa place...
Tout en multipliant les références aux précédents films du super-héros autant avec ironie, qu’affection et humour, "New Generation" éblouit aussi par son exécution scénaristique, jouant et incluant plusieurs versions et univers différents au sein finalement d’une seule et même histoire, et ne cessant de rebondir avec panache et virtuosité sur ce "Spider-Verse" étendu. Et on n’ose même pas imaginer le casse-tête rencontré par l’équipe pour arriver à faire interagir avec crédibilité et respect l’ensemble de ces personnages, de tante May au Docteur Octopus. Pourtant, le défi hautement relevé, dans une aventure qui construit ses intentions et ses émotions en cours de route, tout en réservant son lot de retournements de situation ficelés. Et puis, que dire de la bande-originale du film, si ce n’est qu’elle déchire !
Pop, fun, décomplexé et bourré d’audace, "Spider-Man : New Generation" est une véritable déclaration d’amour fou à l’univers de Spider-Man, laquelle gagne en profondeur par une écriture délicieusement traditionnelle, moderne et lumineuse, puisqu’on y convoite une multitude de thèmes fédérateurs, et avec répartie.