➡ Vu au cinéma Acinapolis Jambes - Sortie du film le 12 décembre 2018
Signe(s) particulier(s) :
– adaptation du livre "Firing Point" coécrit par George Wallace, l’ex-commandant ultra expérimenté du sous-marin nucléaire USS Houston, et Don Keith, journaliste plusieurs fois récompensé et auteur de best-sellers ;
– interdit de sortie par le ministère russe de la Culture selon des motifs administratifs, tel que le fait que le distributeur du film n’a pas prévu une copie du film requise à temps à la cinémathèque d’Etat Gosfilmofond ;
– interdit de sortie en Ukraine, en raison d’une loi récente dans un contexte de tensions russo-ukrainiennes, boycottant alors les films glorifiant l’armée russe...
Résumé : Alors que Joe Glass, capitaine du sous-marin américain USS Arkansas basé en Ecosse, est en mission de sauvetage pour retrouver le sous-marin américain Tempa Bay porté disparu en mer de Barents, le Président de la Fédération de Russie est fait prisonnier à la base navale de Poliarny suite à un coup d’État mené par son propre Ministre de la Défense. Le Commandant Glass et son équipage vont notamment devoir faire équipe avec une unité de Navy SEALs parachutée en Russie et s’y rendre afin de sauver le président russe, mais en faisant bien attention de ne pas déclarer une Troisième Guerre mondiale....
La critique de Julien
À peine quelques semaines après "Kursk" de Thomas Vinterberg (relatant le naufrage du sous-marin russe K-141 Koursk le 12 août 2000) et avant "Le Chant du Loup" d’Antonin Baudry en février prochain, c’est un autre film de sous-marin qui débarque cette semaine-ci des abysses pour remonter jusqu’à nos salles de cinéma. Adapté d’un livre (si, si), ce thriller d’action géopolitique remet une fois de plus en scène Gerard Butler dans le rôle de sauveur de l’humanité. Ici, il interprète Joe Glass, le capitaine d’un "Hunter Killer", un sous-marin américain. Jusque-là, ça tient la route.
Après tout, c’est du cinéma hollywoodien. Mais c’est sans avoir précisé qu’il sera chargé ici de sauver le Président de la Fédération de Russie, fait prisonnier suite à un coup d’État mené par son propre ministre de la Défense, et que la moindre erreur de Glass sera tournée à l’avantage du Ministre, lequel pourra alors se défendre, et déclarer une nouvelle Guerre Mondiale... Qui appuiera donc en premier sur le bouton rouge ?
"Hunter Killer" est un film à prendre au second degré pour se faire apprécier. À vrai dire, c’est vrai qu’avec un scénario si gros, et des incohérences d’écritures aussi flagrantes, on ne voit pas trop comment on peut croire en cette histoire où les Américains prêtent mains fortes à "l’ennemi" en sauvant leur Président. Si vous, oui, alors il faut nous dire comment. D’ailleurs, cette idée ne plaît guère à Moscou, puisque le film a été tout simplement été interdit de sortie en Russie, preuve que des rancœurs subsistent entre les deux puissances. Mais c’est très amusant d’imaginer qu’une telle histoire ait pu voir le jour littérairement, étant donné la position que prend ici l’Amérique face à la Russie, qui doit, on l’avoue, avoir été bien frustrée. Car décidément, elle semble ne pas savoir y faire en matière de sous-marin...
Que l’on soit dans un échange dantesque de missiles entre sous-marins, sur Terre avec des soldats Navy SEALs, sur un destroyer ou dans un détroit miné de toutes parts, ce film sait lui y faire en matière de spectacle rythmé, sans aucune prise de tête. Si on est donc sans aucun doute dans la parodie du gros film sérieux dosé en testostérone, bien étanche, et forcément bien ridicule, "Hunter Killer" parvient à nous immerger dans sa structure, mis en scène efficacité, même si tout est connu d’avance...
Porté bras de fer par Gérard Butler, l’acteur stagne tout de même sérieusement en surface dans sa carrière. Il serait donc vraiment temps qu’il change de rôle, même s’il fait ça très bien (froncer les sourcils). Mais bon, on ne lui en veut pas, et ce film n’aurait pas le même cachet sans sa présence, si virile... Quant à Gary Oldman, récompensé l’année passée de l’Oscar du Meilleur acteur pour sa prestation de Winston Churchill dans "Les Heures Sombres", on se demande ce qu’il est venu faire ici, d’autant plus que son rôle de chef d’état-major est assez anecdotique. Par contre, on retiendra ici l’avant-dernière apparition de l’acteur suédois Michael Nyqvist, décédé d’un cancer du poumon en juin dernier, avant de le retrouver dans le prochain Terrence Malick, pour son rôle ultime. Son personnage permet une union pacifiste dont on ne dévoilera rien, mais toute aussi improbable que le reste du scénario.