Synopsis : 1890, Irlande. Tandis que tout le monde célèbre la nuit des feux de la Saint Jean, Mademoiselle Julie et John, le valet de son père, se charment, se jaugent et se manipulent sous les yeux de Kathleen, la cuisinière du baron, jeune fiancée de John. Ce dernier convoite depuis de nombreuses années la comtesse voyant en elle un moyen de monter dans l’échelle sociale.
Acteurs : Jessica Chastain, Colin Farrell, Samantha Morton.
Hormis la jeune Nora McMenamy (qui incarne à l’écran pendant les premiers plans Julie enfant) ce sont trois acteurs qui donnent corps à l’écran à cette adaptation de la pièce de théâtre d’August Strindberg, Fröken Julie, Ett naturalistiskt sorgespel crée en 1889, l’année qui suit celle de son écriture.
Ce huis-clos théâtral, Tragédie naturaliste et allégorique, est un classique de la littérature suédoise et à fait l’objet de nombreuses adaptations. L’oeuvre, encensée ou critiquée, est donc importante et j’invite à lire l’article bien documenté que lui consacre Wikipedia.
Alors, qu’est-ce que cela donne au cinéma ?
Honnêtement ? Oui, vraiment, honnêtement !?
C’est long (2h13), trop long, très, trop théâtral et c’est cependant légitime, vu la source de l’oeuvre. Un ami, critique, résumait ainsi : "Ennuyeux, ennuyeux, ennuyeux".
Je pensais, quant à moi : "intéressant, intéressant, intéressant", l’un n’empêchant pas l’autre. Le film parle plus à la tête (d’où ma note, mitigée) qu’au corps, aux sens, au coeur et à l’émotion.
Le film sort un peu des murs de la cuisine et ne s’enferme donc pas dans un huis-clos total, même s’il reste "théâtral". Il respecte les trois unités "classiques" de temps, de lieu et d’action. Tout se déroule dans une cuisine, durant une nuit.
Le jeu de pouvoir, de maître/esclave avec un (double ?) renversement de situation entre riche/pauvre, maître/serviteur, sur fond de passion indicible est bien rendu par les acteurs et tout particulièrement par Jessica Chastain. Colin Farrell, dans le rôle du serviteur John, ne démérite pas mais nous avait habitué à mieux. Il lui arrive de sur-jouer, de "théâtraliser" (un comble au cinéma) et, paradoxalement de manquer de présence à certains moments. Samantha Morton (Kathleen, cuisinière amoureuse de John) est moins présente à l’écran mais apporte une candeur, une douceur et une vérité à son personnage pris entre le marteau et l’enclume des deux autres.
Si vous pouvez faire abstraction d’un (inévitable) côté ennuyeux et théâtral, si, en plus vous connaissez la pièce et/ou une de ses adaptations (notamment pour l’opéra en 2005 par Philippe Boesmans à La Monnaie), si un film sans action et avec peu de personnages et où tout se joue dans un jeu de paroles, un jeu de mots donc ! vous ne serez pas déçus, d’autant que les images sont de toute beauté.
Tenté ou pas tenté ? Regardez au moins la bande-annonce ci-dessous !