➡ Vu au cinéma Caméo des Grignoux - Sortie du film le 14 novembre 2018
Signe(s) particulier(s) :
– suite des "Animaux Fantastiques" sorti en 2016, et second spin-off de l’univers étendu de "Harry Potter", toujours inspiré du livre court écrit par J.K. Rowling en 2001, ainsi que scénarisé par l’auteure elle-même, et inédit pour le cinéma étant donné qu’il n’est pas adapté d’un roman ;
– la série complète sera composée de cinq films dont les sorties s’étaleront sur une dizaine d’années, en s’étendant narrativement des années 1920 à l’année 1945, l’année où Albus Dumbledore a vaincu Gellert Grindelwald.
Résumé : 1927. Quelques mois après sa capture, le célèbre sorcier Gellert Grindelwald s’évade comme il l’avait promis et de façon spectaculaire. Réunissant de plus en plus de partisans, il est à l’origine d’attaque d’humains normaux par des sorciers et seul celui qu’il considérait autrefois comme un ami, Albus Dumbledore, semble capable de l’arrêter. Mais Dumbledore va devoir faire appel au seul sorcier ayant déjoué les plans de Grindelwald auparavant : son ancien élève Norbert Dragonneau. L’aventure qui les attend réunit Norbert avec Tina, Queenie et Jacob, mais cette mission va également tester la loyauté de chacun face aux nouveaux dangers qui se dressent sur leur chemin, dans un monde magique plus dangereux et divisé que jamais.
La critique de Julien
Deux ans après "Les Animaux Fantastiques", la saga spin-off de l’univers du magicien le plus célèbre "Harry Potter" est de retour au cinéma. Finalement, on retiendra de cette mise en bouche une histoire plus accessible que celles des derniers "Harry Potter", étant donné la volonté d’attirer toute la famille, mais dès lors bien trop gentillette pour marquer les esprits. Écrite spécialement pour le cinéma, cette dernière tirait énormément en longueur, tandis qu’elle n’exploitait pas assez les animaux fantastiques en question. Occupé à installer ses personnages, et à révéler surtout la suite des hostilités, ce premier film réussissait par contre à réanimer toute la magie si particulière de "Harry Potter", et son émerveillement quasi-général. On attendait donc la suite de pied ferme, surtout vis-à-vis d’un caméo final réservant de belles (et sombres) surprises à venir, et un peu de piment, d’autant plus au regard du ton quasi-inoffensif des "Animaux Fantastiques". Mais qu’en est-il donc de sa suite ?
Le timide magizoologiste Norbert Dragonneau (Eddie Reydmane) et ses animaux fantastiques sont donc de retour dans de nouvelles aventures, situées cette fois-ci à Paris, étant donné l’évasion de Gellert Grindelwald (Johnny Depp) du MACUSA (Congrès magique des Etats-Unis d’Amérique) lors de son transfert pour l’Europe, après que Nobert ait réussi à le démasquer (cassé sous les traits de Percival Graves - Colin Farell), à la fin de premier film.
Ces "Crimes de Grindelwald" reprennent donc là où l’intrigue précédente en était arrivée, alors que l’on se situe en 1927, dans l’entre-deux-guerres. Sans entrer dans les détails scénaristiques (et sans spoiler), cette suite aura comme point d’ancrage l’identité de Croyance Bellebosse (Erza Miller), l’obscurial ayant survécu à l’attaque des Aurors à New York, et chargé d’être retrouvé par Nobert, sous la demande d’Albus Dumbledore (Jude Law). Bellebosse cherche alors à connaître sa véritable identité, à Paris, tandis que Grindelwald cherche à l’utiliser dans sa quête de pouvoir, ce dernier souhaitant combattre la haine et l’arrogance des Moldus et de permettre aux sorciers de vivre libres, heureux et de connaître l’amour, dans un monde (parallèle), où les humains ignorent encore tout de l’existence des sorciers. Révélant la venue imminente d’une Seconde Guerre mondiale, Grindelwald semble réussir à appâter les foules, tandis qu’un lien très fort semble l’associer à Dumbledore, et que Norbert et ses amis (Jacob, Tina, Queenie) découvriront de nouvelles révélations, distillées au sein du récit, suite à leur rencontre avec de nouveaux personnages, majoritairement évoqués à New York.
Toujours écrite par J. K. Rowling, cette dernière semble ne pas faire la différence entre un scénario de roman et celui d’un film, tant et si bien que celui des "Crimes des Grindewald" est d’une obscure lenteur, et surtout d’une inutile complexité. Il faut le vouloir pour parvenir à s’accrocher à cette aventure qui manque totalement d’entrain, et d’action. Alors certes, il s’en dégage toujours un univers magique (et l’ambiance qui va avec), mais on a bien du mal à se satisfaire (comme s’était déjà le cas dans le premier film) de ce qui nous est proposé, non pas que le film soit vide, loin de là, mais plutôt de la manière, qui peine procurer le divertissement recherché.
Alors que l’on reprochait aux "Animaux Fantastiques" une trop grande légèreté vis-à-vis de la saga "Harry Potter", cette suite passe du tout au tout, sans véritable nuance, ni rythme, elle qui, a force de noirceur, finit par nous assommer, et à nous ennuyer. Et puis, on ne peut pas dire que les multiplies liens entre les personnages (aux écritures variables) viennent faciliter les choses, à force de sous-intrigues à démêler (tant bien que mal) autour d’eux.
Ainsi, "Les Animaux Fantastiques 2" la joue plus adulte, mais cela n’est qu’en apparence, étant donné que le scénario ne suit pas, malgré le temps mis à sa disponibilité pour se révéler.
Visuellement, force et de constater que les effets visuels ne sont guère saisissants pour une telle production, bien qu’en soi, c’est l’intrigue qui ne permet pas de grandes envolées visuelles. Il n’y a qu’à jeter un coup d’œil à la scène d’ouverture, quasi-illisible et non-immersive, pour se rendre compte très vite la noyade à laquelle nous allons assister. La reconstitution du Paris des années vingt n’est pas non plus franchement folichonne, la ville étant de toute manière peu exploitée (si ce n’est en dernière partie de film). Rien n’est finalement fantastique dans cette aventure, si ce ne sont les deux, trois animaux desquels s’occupe Norbert, tels que Pickett (le botruc à l’allure d’une brindille capable d’ouvrir toutes les serrures), le niffleur (petit rongeur à fourrure et véritable pickpocket d’objets précieux), ou encore le sublime zouwu chinois, le kelpis écossais ou le matagot français. Mais ces derniers sont une fois de plus relégués en second, voire au troisième plan. On comprend dès lors pourquoi le titre des "Animaux Fantastiques" est écrit en si petit sur l’affiche du film, lui qui ne se justifie plus vraiment.
Bref, c’est triste à dire, mais on souhaitait que cela se termine, et vite... Mais heureusement, "Les Crimes de Grindelwald" possède bien des atouts majeurs, qui méritent le détour, mais surtout pour le fan du sorcier avec sa cicatrice en forme d’éclair sur le front !
Davantage connecté à certains personnages de l’école des sorciers, "Les Crimes de Grindelwald" nous offre une panoplie de références à la sage d’origine de J.K. Rowling. En passant par des sorts jetés, des objets clefs faisant leur apparition (et dont on connaît la future lourde histoire), des lieux filmés, des personnages glissés ici et là - qu’ils soient aussi importants que secondaires vis-à-vis de leur arbre généalogique, cette aventure brillent sa multitude de clins d’œil ficelés à "Harry Potter", que les fans se délecteront à découvrir, et à recontextualiser. Et puis, le clou du spectacle (aussi relatif soit-il), ce sont ces différents retours à Poudlard, lesquels procurent une belle dose de nostalgie, lui qui accueillera plus tard les aventures de Harry et ses amis. S’il est donc faussement épais, le scénario est relevé par ces nombreux "easter eggs". L’un des autres avantages du film est de découvrir Albus Dumbledore bien plus jeune, incarné avec subtilité le célèbre personnage. Certes, il est peu représenté à l’écran, mais ses apparitions vont de pair avec l’enjeu scénaristique qui l’anime. On devrait le retrouver davantage par la suite. Aussi, Johnny Depp parvient à faire oublier Jack Sparrow dans son rôle de méchant, Gellert Grindelwald. Moins manichéen qu’un vilain classique, il se dégage de son discours une visée politique intéressante, bien qu’approfondie en surface (pour le moment).
En effet, ce personnage n’a pas encore tout livré, tandis qu’on attend toujours les fameux "crimes" que nous annonce le titre du film... Par contre, on est quelque peu déçu du jeu d’Eddie Redmayne dans la peau du personnage principal, lequel n’exprime plus qu’une seule émotion faciale... Peut-être l’épaisseur de son personnage est-elle déjà toute relevée ? Quoi qu’il en soit, on espère une importance plus marquée de son personnage dans la suite des aventures.
Objectivement, "Les Animaux Fantastiques 2 : les Crimes de Grindelwald" est un film confus, et relativement plat. À la fois pas assez écrit dans certaines parties, et trop dans d’autres, cette suite éclaircit tout de même un peu plus ses ambitions (elles ne sont pas que commerciales), et livre au passage de sympathiques liens avec sa saga d’origine, qui raviront sans hésiter ses fans. Le résultat est pour le moins frustrant, car il est plus abouti en termes d’enjeux, mais inlassablement redondant, et lent.
Lien vers la critique de Cinécure