➡ Vu au cinéma Caméo des Grignoux - Sortie du film le 17 octobre 2018
Signe(s) particulier(s) :
– remake de la comédie dramatique italienne "Perfetti Sconosciuti" (2016) de Paolo Genovese, déjà adapté par le cinéaste espagnol Alex de la Iglesia l’année dernière sous le titre "Perfectos desconocidos" ;
– cinquième long métrage du réalisateur français Fred Cavayé après sa trilogie de thrillers policiers composée de "Pour Elle" (2010), "À Bout Portant" (2012) et "Mea Culpa" (2014), sans oublier sa comédie à succès "Radin !" (2016), avec Dany Boon en tête d’affiche.
Résumé : Le temps d’un dîner, des couples d’amis décident de jouer à un « jeu » : chacun doit poser son téléphone portable au milieu de la table et chaque SMS, appel téléphonique, mail, message Facebook (etc.) devra être partagé avec les autres. Il ne faudra pas attendre bien longtemps pour que ce « jeu » se transforme en un véritable cauchemar...
La critique de Julien
Que voilà une bien drôle d’idée, dangereuse et excitante, que le point de départ de cette comédie librement adaptée d’un film italien. Tout commence par un dîner traditionnel entre amis (dont trois couples), où rigolades et liens indéfectibles se mêlent lors de conversations aussi décomplexées qu’intimes, suivies d’un jeu qui consiste à déposer les téléphones portables de tout le monde au milieu de la table, et lire à haute voix chaque SMS, chaque appel téléphonique, chaque mail, ou chaque message Facebook (etc.) reçus en live par l’un d’eux... Autrement dit, autant ne rien à avoir à se reprocher, ni à (se) cacher !
Partant du principe que toute vérité n’est pas bonne à dire, "Le Jeu" surfe sur la vague du huit clos social à la façon du film "Le Prénom", dans lequel un dîner familial se transformait en un grand règlement de comptes engendré par la révélation d’un prénom tabou, et envenimé par des non-dits révélés et des vérités pas bonnes à entendre... Dans "Le Jeu", on ne doute pas une seule seconde que chaque membre de cette bande d’amis réunis n’est pas si innocent que ça. Il n’y a qu’à y regarder le développement psychologique mis en place par le cinéaste pour nous présenter ses personnages. Ainsi, leurs jeux de regards, leurs petites allusions et autres piques qu’ils se jettent l’un et l’autre ne suggèrent pas que des bonnes choses, et même quelques secrets...
Sans évidemment dévoiler le déroulé de cette soirée (pimentée), Fred Cavayé livre une comédie acide et ludique, rythmée par un sens du montage assidu, et dans laquelle il installe, au fur et à mesure de révélations explosives, une tension à la fois savoureuse et embarrassante. C’est que ces cocos-là sont de sacrés cachottiers !
Équilibré au niveau des interventions de chacun, "Le Jeu" amuse aussi la galerie à la vue de ces amis n’hésitant pas à utiliser, d’une façon comme d’une autre, l’un des leurs comme bouc émissaire, afin de se protéger comme ils peuvent... D’ailleurs, c’est de cette manipulation égoïste et impétueuse que naîtra des quiproquos jubilatoires, lesquels feront regretter à certains d’avoir agi de la sorte. Finalement, "Le Jeu" révèle une écriture soignée qui rebondit à plus d’un tour, ouvrant même quelques tiroirs supplémentaires par ce qui ne pourraient passer à l’image que pour de simples détails, alors que non ! Soyez donc attentifs, bien que nous ne sommes pas dupes !
Même s’il rabâche des situations vues, vues et revues au niveau de ses révélations et rebondissements, c’est dans le processus d’auto-destruction massive et caustique de cette soirée et des relations préalablement fidèles et amicales entre pairs que le film fonctionne à merveille. Mais ce à quoi nous ne nous attendions certainement pas à d’assister, c’est aussi à de très beaux moments d’émotions liés à la paternité, aux sentiments amoureux, ou encore à l’amitié, ainsi qu’à des vérités implacables et justes sur l’humain et son tissu social.