➡ Vu au cinéma Caméo des Grignoux - Sortie du film le 10 octobre 2018
Signe(s) particulier(s) :
– seize ans après "Embrassez qui vous Voudrez", Michel Blanc donne une suite originale à son film tiré du roman "Vacances anglaises" de Joseph Connolly ;
– plusieurs acteurs sont ainsi de retour dans leurs rôles, dont Charlotte Rampling (Elizabeth), Jacques Dutronc (Bertrand), Carole Bouquet (Lucie), Michel Blanc lui-même (Jean-Pierre), ainsi que Karin Viard (Véronique), au contraire de Denis Podalydès (Jérôme), Clotilde Courau (Julie), Vincent Elbaz (Maxime) ou encore Lou Doillon (Emilie), envers lesquels Michel Blanc a envoyé une lettre pour leur expliquer son choix ;
– Loïc, le fils de Véronique et Jérôme, est toujours présent à l’écran, bien que ses traits physiques sont passés de ceux de Gaspard Ulliel à ceux de Guillaume Labbé ;
– Michel Blanc n’a pas désiré revoir "Embrassez qui vous Voudrez" durant l’écriture de sa suite, ni en amont de son tournage, souhaitant voir le projet comme une non-suite.
Résumé : Voyez comme ils dansent…Julien sent comme une présence hostile derrière lui en permanence. Alex, son fils apprend qu’Eva, lycéenne de 17 ans a oublié de le prévenir qu’il allait être père. La mère d’Eva, Véro, dans une sale passe depuis sa naissance, pense qu’elle va être obligée d’arracher le sac des vieilles pour nourrir le futur enfant. Elizabeth, dont le mari Bertrand s’est volatilisé, voit sa maison dévastée par une perquisition. Lucie exaspérée par les délires paranos de Julien, son mari, est au bord du burn-out conjugal. Serena, la maîtresse de Julien sent qu’il lui ment. Julien ne sent pas que Serena lui ment aussi. Loïc, fils ainé de Véro, seul élément stable de la bande ne l’est pas tant que ça... Sans oublier un absent toujours très présent…
La critique de Julien
"Voyez Comme on Danse", voilà un titre qui sonne bien ironique. Et on comprend pourquoi ! Seize ans après son dernier film "Embrassez qui vous Voudrez", Michel Blanc revient avec un cinquième long métrage, qui est d’ailleurs une suite indirecte du précédent ! Et autant dire que si les personnages ont vieillis, ils n’ont pas beaucoup évolués ! Mais encore plus important que ça : pas besoin pour vous d’avoir vu son modèle pour suivre ce film choral qui s’apprécie pour ce qu’il a à nous offrir.
Il serait bien trop long et compliqué de vous présenter l’ensemble de ces personnages. Tout d’abord, le résumé le fait très bien, tandis que le film qui le fait encore mieux. En effet, Michel Blanc nous permet tout d’abord de retrouver ses personnages là où ils en sont arrivés, ainsi que d’en découvrir de nouveaux, tels que Julien (Jean-Paul Rouve), le nouveau compagnon de Lucie (Carole Bouquet), ou encore Alex (William Lebghil), le fils du couple. Évidemment, il n’en reste pas là, et construit leurs retrouvailles autour de cachotteries propres à chacune de leurs personnalités, hautes en couleur. Tromperie, escroquerie, banqueroute, ou grossesse imprévue, on trouve ici un peu tout ce qui pimente la vie du quotidien, et qui ne la facilite pas. Mais à vrai dire, tout cela ne nous étonne pas à la vue des cocos en question !
Malgré les différents caractères des personnages, leur niveau de vie hétéroclite, ou encore leur culpabilité dans l’affaire qui les lie, Michel Blanc rend l’ensemble de ces anti-héros et héroïnes très agréable à suivre, étant donné qu’il ne s’obstine pas à pointer du doigt leurs erreurs, mais plutôt à en rire. Et puis, force est de constater qu’on les aime aussi pour ça. D’ailleurs, c’est leur obstination dans leurs bêtises qui les rendent finalement si attachants. De plus, on ne peut que saluer le jeu assumé et déluré du casting, toujours aussi motivé par ces derniers.
Mais ce qu’on aime d’autant plus dans ce film, c’est qu’au fur et à mesure que le réalisateur et scénariste (d’après les personnages créés par Joseph Connolly) installe les pérégrinations de la petite bourgeoisie parisienne ou de ses bobos, il ouvre la voie vers un joli quiproquo final, qui se dévoile alors au fil de dialogues aux petits oignons, et de révélations en tous genres. D’un autre côté, étant un peu trop occupé à nous faire rassembler les pièces du puzzle tout au long du film, Michel Blanc ne nous permet que trop peu de moments de respiration, et nous laisse finalement découvrir une sorte de cinéma fort théâtral, qui se joue énormément de mots bien sentis, et de situations burlesques.
Toujours aussi gentiment moqueur et corrosif, Michel Blanc a réussi à mêler ancienne et nouvelle génération dans "Voyez Comme on Danse". Parsemé de répliques qui fusent, et de retournements aussi joyeux les uns que les autres (à défaut d’originaux), cette comédie chorale sur des conduites névrosées d’individus bien de notre époque se regarde sans déplaisir, même si sa ligne directrice nous guide beaucoup trop.