➡ Vu au cinéma Caméo des Grignoux - Sortie du film le 26 septembre 2018
Signe(s) particulier(s) :
– adaptation du roman "Disparue" de Darcey Bell (publié en 2017), pour lequel la branche Fox 2000 du studio 20th Century Fox avait acquit les droits en 2016 avant même la parution du roman ;
– première fois que le réalisateur américain Paul Feig s’éloigne des comédies grand public, lui à qui l’on doit notamment les succès internationaux de "Mes Meilleures Amies" (2011), "Les Flingueuses (2013) ou "Spy" (2015).
Résumé : Dans une petite ville des Etats-Unis, Stéphanie, une bloggeuse, cherche à découvrir la vérité qui se cache derrière la disparition soudaine de sa meilleure amie Emily. Aidée par le mari d’Emily, Stéphanie découvre peu à peu les secrets enfouis d’Emily...
La critique
Surfant sur la vague des adaptations cinématographiques à succès de romans tels que "Gone Girl" (David Fincher, 2014) et "La Fille du Train" (Tate Taylor, 2016), voici que débarque aujourd’hui dans nos salles celle du roman "Disparue", transposé sous le titre "L’Ombre d’Emily", et dans lequel il est aussi question de personnages muant dans une intrigue aux multiples tiroirs et secrets. Mais aussi surprenant soit-il, ce thriller féminin distillé à l’humour au vitriol ne concoure pourtant pas totalement dans la même catégorie que ces derniers. Et ce n’est pas tant pour nous déplaire, tant ce film est enjoué et très culotté.
Depuis le début de sa campagne publicitaire, "L’Ombre d’Emily" n’a jamais cessé d’affoler la toile, et surtout d’intriguer. De ses bandes-annonces savoureusement mystérieuses, à son casting très glamour, en passant par sa bande-originale concoctée avec soin, et ses affiches ultra-stylisées, tout laissait à croire que Paul Feig s’est véritablement amusé à réaliser son dernier film.
Évoluant au cœur d’une banlieue résidentielle, cette histoire de disparition joue sur différents genres agréablement emboîtés, pour alors nous proposer un cocktail où ses goûts se dévoilent au fur et à mesure de sa dégustation. Santé !
Il y a donc d’un côté Emily (Blake Lively), une femme fatale et mère de famille imprévisible, à la parure vestimentaire raffinée, mais qui dès qu’elle ouvre la bouche, casse le mythe. De l’autre, il y a Stéphanie (Anna Kendrick), une veuve prude, dynamique, et par-dessus tout maman poule, soit celle du genre à faire des gâteaux pour tous les élèves de la classe de son fils, et à s’inscrire à la moindre occasion pour aider à toute activité scolaire… Stéphanie tient aussi un blog, sur lequel elle poste des vidéos de ses jolies préparations culinaires… S’en suit la rencontre des deux femmes qui, après avoir partagé quelques verres de Martini chez la première, deviennent de grandes amies. Alors qu’Emily demande un jour à Stéphanie de reprendre son fils après les cours (étant prise par ses activités professionnelles), Emily ne reviendra jamais le rechercher chez son amie… Elle a disparu. Démarre alors une enquête que Stéphanie va mener à terme, avec l’aide du mari de cette dernière. Et autant dire qu’elle va y mettre du sien…
Comme attendu, "L’Ombre d’Emily" étonne, et fonctionne. Après la découverte de ces deux personnalités très opposées, et cela sur un ton résolument décomplexé, on fille rapidement sur le terrain du thriller, parfois angoissant, avant de pivoter sur celui de la comédie noire, profondément pince-sans-rire. Car à mesure que naissent les soupçons d’Emily autour de la disparition de son amie, elle va mettre en place un plan intelligent et espiègle, à hauteur de sa personnalité, afin de la retrouver coûte que coûte, ce qui l’emmènera ainsi sur des pistes révélatrices inattendues… Et autant dire que le film repose constamment dans sa seconde partie sur une série de retournements de situation qui viennent confirmer le proverbe bien connu qu’une femme peut en cacher une autre... Parfaites et complémentaires dans leur rôle, Blake Lively et Anna Kendrick brisent alors à tour de rôle leur image préalablement établie, elles qui n’ont pas peur de rien devant la caméra du réalisateur Paul Feig. Féroces, elles portent en partie le film sur leurs épaules.
Mais "L’Ombre d’Emily" se révèle être un jeu de pistes prenant, divertissant, et plutôt bien ficelé, lui qui dévoile quelques indices glissés par-ci, par-là, au sein de son intrigue. Et puis, on adore le soin apporté aux décors, aux costumes, tout comme à la musique du film, baigné de chansons venues de grands artistes francophones, tels que Françoise Hardy, Brigitte Bardot, France Gall, Jacques Dutronc ou encore Serge Gainsbourg. Sans parler des dialogues mordants et irrévérencieux, et de la mise en scène m’as-tu vue, qui viennent rajouter une irrésistible plus-value certaine à ce film.
Si on avait un bémol, il concernerait le dernier quart d’heure du film. En effet, dans son dénouement final, l’écriture enchaîne les twists à une vitesse si folle qu’il en devient assez parodique, voire grotesque. Par abus, le film perd alors un peu de son charme.
Diaporama
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