Synopsis : A 37 ans, Simon est un médecin aguerri, qui côtoie la mort tous les jours dans son service de pneumologie. En bon professionnel, il a appris à s’en protéger. Mais quand sa mère est hospitalisée dans un état critique dans un service voisin, l’intime et le professionnel se télescopent. Tout l’univers de Simon, toutes ses certitudes et ses convictions vacillent.
Acteurs : Jérémie Renier, Marthe Keller, Zita Hanrot
Lien vers le podcast de l’interview du réalisateur.
Que voilà un film qui sort des images habituelles et des clichés des films et séries médicaux ! Nous sommes bien loin d’Urgence et ses avatars, de Dr House ou encore du récent Good Doctor. Nous sommes ici dans le réel, le concret, le tragique et la terrible banalité du quotidien. Nous sommes entré en salle de vision presse sans avoir lu quoi que ce soit au sujet de ce film et il nous semblait qu’il s’agissait d’un documentaire, dans la foulée de Mitra qui nous avait fortement déçu un jour plus tôt ! Dès le début du film, nous avons découvert une fiction, car c’est bien d’une fiction qu’il s’agit, qui oscillerait entre Réparer les vivants, une fiction, là-aussi, tirée d’un roman homonyme et un documentaire de Nicolas Philibert, De chaque instant. Bien plus, ayant vécu les derniers mois en hôpital, les ambiances et scènes du film semblaient vraies et vraisemblables. Enfin, Jérémie Renier était tout en justesse dans le rôle de ce médecin pneumologue (qui, soit dit en passant, fume beaucoup... trop).
Le film se découpe en trois parties, d’inégales longueurs. La première où Simon est en blouse médicale, la deuxième où il est "en civil" et plus "reconnu" comme médecin et, enfin, la troisième, est un court épilogue où Simon a revêtu son uniforme blanc qui le distingue dans l’hôpital et l’auréole de la compétence qui doit le préserver de la fragilité (celle-là même qui fut au coeur de la deuxième partie et de sa scène finale). La fragilité est déjà-là cependant, lorsque l’on descend dans les sous-sols pour quémander et fumer un joint auprès et avec un infirmier.
Tout l’enjeu du film tient à cette rencontre entre l’humain (et le fils) qui se trouve sous la carapace du médecin. Comment faire face à la mort annoncée, inexorable - pas celle attendue de façon "philosophique" pour chacun de nous - qui vient, ici et maintenant, pour cette femme-là, qui est ma mère ? En ce lieu-là et en ces instants, le professionnel se fait humain, redevient humain et doit gérer, pour lui et ses proches. Que faire aussi lorsqu’un père croit que son fils, médecin et donc tout-puissant contre la mort, pourra sauver l’épouse et mère ? Que faire si les confrères et consoeurs ne voient pas d’issue favorable et que la malade, la première concernée, s’abandonne, avec crainte et effroi aux portes de la mort qui vont s’ouvrir pour elle ? Comment gérer cela dans une famille juive, où un couple se déchire et leurs enfants posent la question "dis mammy, où seras-tu quand tu mourras ?" ? Et c’est alors, peut-être qu’un chant funèbre yiddish pourra résonner dans la chambre de celle qui se meurt, grâce aux amies choristes de celle qui ne peut plus s’accrocher à sa vie !
Ce n’est qu’après avoir vu un film tout en vérité, pudique jusque dans l’impudeur du cancer et de la mort toujours si proche que nous avons découvert qu’il s’agit d’une fiction "autobiographique". Simon, c’est le frère du réalisateur (leurs parents sont médecins) médecin qui est pneumologue. C’est l’histoire de la mort de leur mère, de la visite de sa chorale, de l’abandon de son combat. Au départ, David Roux écrit ce film dans le cadre de l’Atelier Scénario de la Fémis. C’est après la mort de sa mère que le scénario se traduira dans un film. Celui qui nous est proposé ici, premier long métrage, bouleversant d’humanité et transcendé par un excellent Jérémie Renier !
Bande annonce :