Synopsis Lola a deux frères : Benoit, qui se marie pour la 3ème fois, et Pierre, qui débarque en retard au mariage… Excuses, reproches, engueulades, brouilles, chacun essaye de vivre sa vie de son côté. Benoit va devenir père sans y être prêt. Lola fait la rencontre de Zoher alors qu’elle s’occupe de son divorce. Quant à Pierre, ses problèmes professionnels s’enveniment. Tout dans leur vie devrait les éloigner, mais ces trois-là sont inséparables.
Acteurs : Ludivine Sagnier, José Garcia, Jean-Paul Rouve, Ramzy Bedia
Quatre ans après Les Souvenirs, Jean-Paul Rouve nous propose son quatrième long-métrage et tout comme pour les précédents, il se trouve (avec bonheur) des deux côtés de la caméra. Il traite avec tendresse, humour et émotion de ce qui délie, de ce qui lie et relie une fratrie. Thème traité autrement, plus sérieusement probablement par Cédric Klapish dans, justement Ce qui nous lie. La légèreté du propos de Rouve n’est probablement qu’apparente et n’empêche pas une densité du propos et de la construction de l’intrigue. Et justement, c’est une histoire de dé-construction, voire même, littéralement, de démolition et de reconstruction !
En ce sens, les images inaugurales et finales, bien que hors cadre du film proprement dit, en disent plus long que toute autre images. Il s’agit, en effet, de la destruction-démolition d’un immeuble par implosion qui ouvre le film (et le réalisateur a donc profité, supposons-nous, d’une réelle démolition pour la filmer). Celui-ci se clôt par les mêmes images, mais filmées à l’envers, comme si un monde se reconstruisait, à l’image de la fratrie un moment déstabilisée.
Et Lola (Ludivine Sagnier) est bien celle qui porte les deux frères sur ses épaules. L’un réduit à néant (psychologiquement et matériellement) suite à la destruction de l’immeuble et à ses conséquences. Comment gérer le mutisme, les bourdes et les impairs de Pierre (José Garcia) face à la troisième épouse de Benoît (Jean-Paul Rouve) ? Comment (se) parler... si ce n’est devant un monument, muet par essence, une tombe ? Car c’est devant la dernière demeure de leurs parents que frères et soeur se (re)trouvent et (se) disent des choses, tues jusque-là, en s’adressant à ceux qui les ont mis au monde ! Ce seront aussi des tirs qui permettront la parole, l’interpellation, l’interrogation, la douceur aussi, qu’il s’agisse d’un vieux monsieur lui aussi au cimetière proche de la tombe visitée par la fratrie. C’est aussi un tiers, Zoher (Ramzy Bedia) qui illumine le film et la fratrie, lui qui à peine divorcé tombe amoureux de celle qui, avocate, l’a défendu.
Jean-Paul Rouve a de la tendresse pour ses personnages, pour nous aussi, spectateurs, qu’il invite à la bienveillance. Nous cheminons avec eux, leurs tentatives de concilier leur vie, de guérir leurs blessures, de se (re)construire, de se retrouver. "Feel good movie", classé dans le registre "comédie dramatique", Lola et ses frères entre cependant bien dans cette case, souvent boiteuse dans le cinéma français. Pas d’emphase, pas d’humour grivois, même si des situations font sourire et même rire parfois. Voilà donc un film que nous recommandons très chaleureusement. Du cinéma français comme on rêve d’en voir plus souvent à l’écran.