➡ Vu au cinéma Caméo des Grignoux - Sortie du film le 15 août 2018
Signe(s) particulier(s) :
– second long métrage de la réalisatrice italienne Laura Bispuri après "Vierge Sous Serment" (2015), dans lequel elle dirigeait déjà l’actrice Alba Rohrwacher.
Résumé : Vittoria, dix ans, vit avec ses parents dans un village reculé de Sardaigne. Un jour de fête, elle rencontre Angelica, une femme dont l’esprit libre et l’attitude provocante tranchent avec le caractère posé de sa mère, Tina. Vittoria est fascinée, mais sa mère ne voit pas d’un bon œil ses visites de plus en plus fréquentes à la ferme où Angelica vit comme hors du monde. Elle ne sait pas que les deux femmes sont liées par un secret. Un secret qui la concerne, elle…
La critique
Pour son deuxième film, sélectionné en compétition officielle à la dernière Berlinale, Laura Bispuri pose sa caméra en Sardaigne, sous la chaleur de l’été, à la rencontre de Vittoria, une petite fille rousse de dix ans, obéissante et timide, et surtout un peu trop protégée par Tina, sa maman. Alors qu’elle s’amuse lors d’une foire de village, Vittoria croise le regard d’Angelica, une blonde décomplexée, aux allures peu reluisantes, elle qui est en situation précaire, prête à se faire expulser de sa maison, faute de payement. Sauf que Vittoria ne sait pas encore que cette dernière a demandé à sa mère, Tina, de passer du temps avec elle avant son départ, et que leur relation fera remonter à la surface un secret et des responsabilités enfuis depuis de nombreuses années...
"Ma Fille" rappelle parfois le film "Été 67" de Carla Simón, en plaçant sa caméra autour d’un enfant, le temps d’un été, et en développant son scénario autour de la notion de parentalité, et d’identité. Ici, l’histoire cible la question de la maternité, au travers un trio de personnages féminins, composé d’un enfant, innocent et de plus en plus partagé entre la relation complexe qui lie deux femmes, c’est-à-dire sa mère et une inconnue, monopolisant l’attention des deux premiers.
Difficile de parler du film sans révéler la clef des relations qui d’une part, se tissent et, d’autre part, s’enlisent. Elle met en tout cas le pas sur la figure de la mère, et interpelle à ce sujet de la même manière que le Jugement de Salomon le fait dans la Bible.
Même si le film renvoie parfois à l’image manichéenne de la sainte et de "la putain", les personnages sont traités avec une certaine justesse, tandis que les actrices rayonnent dans leur rôle. Valeria Golino et Alba Rohrwacher leur donnent de l’épaisseur, tandis que la jeune Sara Casu brille par sa sincérité et sa fougue progressive.