Synopsis : Le soir de leur mariage, Edward Mayhew, un musicien, et Florence Ponting, une violoniste, se retrouvent enfin seuls dans la vieille auberge du Dorset où ils sont venus passer leur lune de miel. Ils sont tous les deux vierges. Mais en 1962, dans l’Angleterre d’avant la révolution sexuelle, la sexualité est encore un tabou pour eux. Ils s’envient, tentent de se rapprocher, mais ils sont tous les deux mal à l’aise et refoulent leurs désirs. Leur nuit de noces, non consommée, se transforme en épreuve de vérité où le jeune couple se confronte à la sexualité ainsi qu’à leurs peurs ou leurs inhibitions.
Acteurs : Saoirse Ronan, Billy Howle, Emily Watson, Anne-Marie Duff, Samuel West
C’est un film very british, un drame anglais que nous propose Dominic Cooke, un homme de théâtre, qui adapte ici dans son premier long métrage au cinéma un court roman (cinq chapitres en 138 pages réelles dans sa traduction française par France-Camus Pichon) de Ian McEwan. L’adaptation est réussie et ne trahit pas le roman publié en 2007. En réalité, le film est plus sage (moins explicite !) et ajoute deux scènes à la fin, en 1975 et 2007, qui ne se trouvent donc pas dans le livre [1].
Le film est donc typiquement anglais [Cinebel indique USA, erreur ou pas, et si tel est le cas, ce peut-être le côté investissement financier, car On Chesil Beach est tout sauf américain (entendons-là avec les outrances et les clichés habituels des drames portés à l’écran de l’autre côté de l’Oéan !)]. A savoir que ce drame a ce goût d’un bonbon à la fois au miel, mais, en même temps acidulé et dont on ne sait quelle saveur persiste en bouche longtemps après l’avoir dégusté.
Toute l’intrigue est dévoilée dans le synopsis ci-dessus. L’intérêt du film n’est donc pas dans celle-ci (on peut déjà vous dire, sans vraiment spoiler que la nuit de noces tourne au désastre), mais, tout à la fois dans le traitement de l’histoire, soit, la nuit de noces "aujourd’hui" en 1962 et des flashbacks, souvenirs et mémoires de chacun des protagonistes qui permettent de comprendre comment on en est arrivé là. Et cela qui arrive, ou plutôt n’arrive pas (ou vient trop vite - vous comprendre en voyant le film !) est lié à leur passé. C’est l’histoire de leur rencontre (coup de foudre ?), mais aussi de leurs origines dissemblables. Et l’on sait qu’en Angleterre (au moins) cela peut jouer. Edward Mayhew est cultivé, mais il a été dans une école pour les étudiants doués, mais issus du milieu ouvrier.
Tout en nous faisant découvrir une nuit de noces qui va se conclure de manière désastreuse, les images du passé des jeunes époux (de six heures !) va permettre de comprendre à la fois le caractère du mari et les hésitations de l’épouse. Le tout sur fond de musique classique (surtout), essentiellement Mozart et Schubert (mais pas que) avec des images très chiadées. En 1962, nous sommes au début de la révolution sexuelle (mai 68 n’est pas encore là) et malgré leur intelligence (dans le roman l’on compare même leur QI, celui de Florence étant plus élevé !) la rencontre-fusion des corps sera un flop. Tout comme le roman, le film se termine par un plan de quelques dizaines de secondes, qui laisse entrevoir un possible : "il aurait pu en être autrement" (un peu, mutatis mutandis, comme dans La La Land) ! Mais, contrairement au roman, le réalisateur, ajoute deux séquences, en 1975 et en 2007 dont nous traiterons dans la section spoilers ! Ajoutons que de nombreux dialogues du livre sont repris quasiment tels quels dans le film.
Si le spectateur s’est laissé prendre par cette ambiance douce-amère que génère le film, aidé en cela par deux acteurs remarquables : l’expérimentée Saoirse Ronan et le plus débutant Billy Howle, il quittera la salle avec une profonde nostalgie et une (douce) amertume !
Certains se diront probablement (et nous quittons un instant notre fonction de prêtre catholique !) qu’il est quand même préférable de se connaître physiquement avant le mariage pour éviter de telles déconvenues (irréparables) et, reprenant notre casquette de prêtre, nous nous souvenons de plusieurs confidences de femme auxquelles leur mère avait dit (dans les années 50/60) avant de leur nuit de noces "Ma fille, tu ouvres les jambes, tu fermes les yeux, c’est un mauvais moment à passer !".
Bande-annonce