Synopsis :
1. Douze personnes racontent puis interprètent le souvenir d’un rêve de travail. Ces âmes que l’on malmène décrivent, de façon poétique et politique, leur souffrance subjective au travail. Petit à petit, les rêveurs et leurs rêves font le portrait d’un monde dominé par le capitalisme néolibéral. (cinebel)
2. Sur leur lieu d’activité, chez eux ou dans un espace public, une dizaine de personnes raconte puis interprète ses rêves de travail. Ces âmes que l’on malmène décrivent de façon poétique, imagée et souvent drôle leur souffrance subjective au travail. Peu à peu, les rêveurs et leurs rêves politiques dressent le portrait d’un monde dominé par le capitalisme néolibéral. (Cinergie)
Sophie Bruneau dédie son film "à la mémoire de Charlotte Beradt, passeuse de rêves sous le régime nazi, dont le livre Rêver sous le IIIe Reich a inspiré ce film". Elle avait réalisé en 2014 La corde du diable (Devil’s Rope) et nous avions reçu la réalisatrice dans nos studios à cette occasion. Inspirée par le livre Rêver sous le IIIe Reich de Charlotte Beradt, elle donne la parole à douze témoins de notre temps, hommes et femmes, qui révèlent ici l’intime de leur être, le plus intime, leurs rêves.
La plupart sont ’hors champ". Nous n’entendons alors que des voix, tandis que l’image nous montre des plans fixes (souvent un seul, parfois deux par interlocuteur, ou plutôt, puisqu’il n’y a pas à proprement parler d’interlocution, par rêveur-témoin. Des plans fixes, tout comme dans le film de fiction Kreuzweg, et, de même que dans ce film-là, un plan où la caméra est mobile, un travelling dans un restaurant d’entreprise. Hors les cas où l’on voit à l’écran le rêveur ou la rêveuse, ce sont souvent des bâtiments qui nous sont donnés à voir (parfois le ciel). Hormis le son des voix, ce sont des bruits de la ville ou de la nature et ce qui surprendra peut-être les très longs silences entre les rêves qui sont racontés.
Ceux-ci ne nous ont pas toujours paru être spécifiquement liés à la société capitaliste (il ne s’agit d’ailleurs pas de "rêver le capitalisme" mais "sous le capitalisme" !) mais plutôt à l’art de vivre en société contemporaine, ou même, en réalité, l’absence d’art de vivre, voire l’absence même de vivre et de vivre ensemble. Bien plus, parce qu’après la narration il y a (auto)interprétation, certains rêves semblent être contaminés par le réel. A tort ou à raison, il nous a semblé que dans leur narration, certains témoins décrivaient leur réel, leur réalité, comme si celle-ci était un cauchemar à part entière, ou comme si elle était virtuelle, comme dans Matrix ! Comme si le rêve était réalité, et la réalité un rêve éveillé !
Le film, relativement bref (un peu plus d’une heure) demandera peut-être un certain effort pour quelques spectateurs qui risquent d’être déconcertés par la forme employée. Il faut probablement s’abstraire des modes de pensées trop rationnels pour se laisser prendre par la poésie instillée par la réalisatrice et que l’on puisse entendre dans le coeur, mais aussi dans la tête, ceux et celles dont elle veut se faire la porte-parole ou plus exactement la porte-voix !
Pour en savoir plus, sur Rêver sous le capitalisme, dans la presse (source : ensemble.be) et pour redécouvrir le film après sa vision : L’écriture et le texte des rêves. (source : Alter-Ego)
Bande annonce :