Synopsis : À Los Angeles, Sam, 33 ans, sans emploi, rêve de célébrité. Lorsque Sarah, une jeune et énigmatique voisine, se volatilise brusquement, Sam se lance à sa recherche et entreprend alors une enquête obsessionnelle surréaliste à travers la ville. Elle le fera plonger jusque dans les profondeurs les plus ténébreuses de la Cité des Anges, où il devra élucider disparitions et meurtres mystérieux sur fond de scandales et de conspirations.
Acteurs : Riley Keough, Andrew Garfield, Jimmi Simpson, Topher Grace, Summer Bishil, Sibongile Mlambo
Un OFNI qui divisera !
Under the Silver Lake est un oFni cinématographique réalisé par David Robert Mitchell celui qui avait déjà étonné et surpris il y a quatre ans avec It Follows. Il avait réalisé en 2010 un film qui n’est pas sorti en Belgique et uniquement en VOD en France en 2014, The Myth of the American Sleepover (La légende des soirées pyjama).
C’est donc en réalité plutôt son deuxième long métrage que le public pourra voir sur grand écran cet été. Précisons d’emblée que le film divisera tant les spectateurs lambda que les critiques et cinéphiles. C’est que celui-ci est non seulement hyper référencé, mais que sa structure, sa construction et son intrigue échappent à toute tentative de lecture rationnelle, un peu à la manière d’un rêve, voire d’un cauchemar. Bien plus, celui ou celle qui se sera laissé séduire par le charme du film (et de son interprète principal) souhaitera probablement une deuxième, voire une troisième vision pour en saisir les arcanes à défaut de clés de lecture, d’autant que nous quittons le registre du film de genre et d’horreur (quoique ?!) abordé dans It Follows ! A défaut de critique ou d’analyse, voici quelques impressions d’après vision... et qui sont loin de couvrir toutes celles suggérées par cet Objet Filmique Non Identifiable !
Distorsion de la réalité
Ajoutons que nous sommes entré en vision presse sans nous être informé (ni dossier presse ou bande annonce ni critiques publiées après Cannes où Under the Silver Lake fut présenté en compétition). A part le synopsis - qui laissait éventuellement augurer d’un thriller policier (Cinébel ajoutait même « comédie ») – et que nous avions même oublié, rien ne laissait présager de l’expérience que nous avons vécue.
Très vite, dès les premières images, nous avions l’impression d’une (légère) distorsion de la réalité où du moins de sa perception (restant d’ailleurs sauve la question de savoir ce qu’est le réel !) qui nous a d’emblée fait penser à David Lynch. La mise en images, la tonalité, la bande-son, et le jeu, légèrement en décalage, des acteurs nous plaçaient d’emblée dans un univers que nous qualifiions de lynchien dans notre for intérieur. D’autres références suivent et Sam avec ses jumelles devant la piscine nous renvoient à une autre mémoire cinématographique, Hitchcock avec Fenêtre sur cour ou à de Palma.
Sam, Sarah et Jésus !
Que trouve-t-on au centre de ce film ? Il y a certes Sam (Andrew Garfield), mais il y a aussi Los Angeles, des panneaux d’Hollywood à l’Observatoire Griffith, mais aussi la pop culture. Sans compter sur la présence de Sarah, la voisine (Riley Keough) qui est au cœur de la quête de Sam. Cependant, le terme présence est ici à pondérer puisque celle-ci disparaitra subitement et, d’une « présence réelle » aux yeux de Sam, elle sera désormais, absente (réelle ?) tant pour le spectateur que pour Sam qui la retrouvera au terme d’un étonnant périple parfois même souterrain, en passant même par une rencontre avec Jésus ! Outre Sam et Los Angeles, il y a aussi un tueur de chiens, des meurtres dont celui d’un magnat de l’immobilier local, un fan de comics, les complots et messages cachés…
De Lost River à Gregg Araki !
Revenons à Sam qui va se mettre à la recherche d’une femme rencontrée quelques heures plus tôt et qui a disparu le lendemain. Dans son appartement, un signe bizarre qui signifie (probablement) quelque chose, du moins dans l’esprit de notre antihéros qui, plus tard, découvrira d’autres signes dans une quête, littéralement insensée, dans Los Angeles et l’univers de la pop culture. Nous avons quitté le Detroit de It Follows pour la ville des anges. Toutefois, Under the Silver Lake nous a fait songer à un autre film qui se passe à Detroit et où il est question, également, d’une histoire d’eau (souterraine), Lost River, de Ryan Gosling (serions-nous les seuls à faire un lien ?) ! L’accueil de son premier long métrage avait d’ailleurs été mitigé et il lui était reproché (également ?) d’être trop référentiel. Nous avons également songé à certains films de Gregg Araki (Nowhere, The Doom Generation, Smiley Face…).
Un film ultra-référencé !
Certaines références sont totalement explicites (trop peut-être ? mais si c’est le cas, elles semblent totalement assumées !), telles les tombes d’Hitchcock et Welles (dans un cimetière qui fait office de drive-in) ou encore Janet Gaynor, l’actrice du muet, qui joua notamment pour Borzage, dans Seventh Heaven (Septième ciel) – film qui pourrait être un des fils conducteurs de l’intrigue – ou encore Creature from the Black Lagoon (L’étrange créature du lac noir).
A ce stade, cela sera de trop pour certains tandis que d’autres n’auront qu’une envie : revenir en salle pour s’enrichir de tant de références qui auront pu leur échapper. Ceux-ci (peut-être) et les spectateurs « lambda » se poseront probablement la question de l’intrigue et de sa résolution, d’une part, et de l’explication « finale » de tout cela, d’autre part. C’est ici qu’il faut abandonner toute raison ou toute volonté d’expliquer… Le réalisateur lui-même a dit en conférence de presse : « Le film est un mystère, la narration est un mystère, le personnage principal est un mystère » ! Ce long métrage a sa propre logique interne, tout comme un rêve, cauchemar ou pas, semble cohérent durant son déroulement. A l’éveil, toute tentative de recherche d’une cohérence ou d’une ossature échappe à la rationalité. L’on se souviendra que le réalisateur avait déjà dit, à propos d’It Follows que son film était « un cauchemar. Quand vous vivez un cauchemar vous n’essayez pas d’en expliquer la logique. Vous essayez d’y survivre ».
Andrew Garfield l’acteur qu’il fallait !
Avant de proposer au spectateur de plonger dans les eaux (troubles ? et troublantes ?) d’un lac d’argent et de lui laisser le plaisir de trouver beaucoup d’autres références « geek » et « underground » (mais pas que !) nous aimerions relever le jeu d’Andrew Garfield. L’acteur sait jouer de son corps (nous l’avions vu récemment dans Breathe). Il est ici mis à nu par le réalisateur. Physiquement parfois, symboliquement souvent. Sans appartement, sans voiture ou sans vêtements. Très sexué : se masturbant frénétiquement et faisant l’amour tout autant. Ainsi, avec une inconnue (Riki Lindhome) qu’il prend en levrette tout en écoutant/regardant la télévision où l’on annonce une mort mystérieuse. Cocasse et impudique à la fois. La seule pudeur consistera à cacher à une partenaire des notes qu’il prend au sujet de certains codes secrets dans les médias...
Pour conclure, vous pouvez lire, en cliquant sur le lien ci-après, et de préférence après avoir vu le film et avant peut-être de le revoir, ce que David Robert Mitchell en dit !