➡ Vu au cinéma Caméo des Grignoux - Sortie du film le 16 mai 2018
Signe(s) particulier(s) :
– sélectionné en compétition officielle lors du 71e Festival de Cannes, dont il a fait l’ouverture ;
– premier film en espagnol du réalisateur, et second film hors d’Iran après "Le Passé" (2013) en France ;
– neuvième collaboration au cinéma entre Penélope Cruz et Javier Bardem, époux maintenant depuis huit années.
Résumé : A occasion du mariage de sa sœur, Laura revient avec ses enfants dans son village natal au cœur d’un vignoble espagnol. Mais des événements inattendus viennent bouleverser son séjour et font resurgir un passé depuis trop longtemps enfoui.
La critique
Une fois n’est pas coutume, le réalisateur iranien Asghar Farhadi reste fidèle à l’un de ses thèmes de prédilection, après avoir notamment exploré la vie de couple suite à un incident banal responsable d’un drame moral dans son précédent film "Le Client" (Prix du scénario à Cannes en 2016). Ici, et pour la première fois en Espagne, il plante son scénario au cœur d’un petit village vivant de ses terres, mais alors victime d’un enlèvement d’enfant. Soulevant des plaies enfuies non-digérées venues du passé, et des morcellements familiaux au sein de son vignoble, il sera question, en filigrane, et en temps réel, de la vie kidnappée...
Avec une langueur propre à son style de cinéma distillant à petit feu ses artifices, Asghar Farhadi pose sa caméra au cœur de lourds secrets et héritages du passé venant remuer le couteau dans la plaie d’un événement inattendu. Bien qu’on connaisse son savoir-faire dans le domaine, son nouveau scénario repose ici sur deux genres parfaitement emboîtables, en commençant sur le psychologique, lié au vécu des personnages au fil des révélations, ainsi que le thriller, dans le déroulement de son enquête, mais servant davantage ici la cause intime que policière.
"Everybody Knows" est un film qui prend son temps, pour alors installer des enjeux dramatiques importants au sein d’une territoire familial et social installé. Mais en fixant sa caméra davantage sur ses personnages et leurs faits et gestes, le scénario manque étonnement de réflexibilité au regard du côté plutôt réaliste sur lequel débouche d’accoutumée ceux de son auteur. Ainsi, c’est par exemple très bien joué, mais peut-être un peu trop surenchéris, et sentimentalement complexe pour toucher juste. Et puis, on sait, sauf grande surprise (ce qui n’est pas une habitude chez Farhadi), où va aboutir son film, ce qui a tendance à en réduire les efforts.