➡ Vu au cinéma Caméo des Grignoux - Sortie du film le 09 mai 2018
Signe(s) particulier(s) :
– troisième long-métrage de Xabi Molia, à qui l’on doit "8 Ans Debout" (2009) et "Les Conquérants" (2013) ;
– l’idée de ce nouveau scénario lui est venue de sa rencontre avec un inconnu gare de Montparnasse, lui ayant soudoyé vingt euros par le biais d’une histoire invraisemblable, ainsi que de la suite du parcours qu’il s’est imaginé sur cet individu.
Résumé : Joseph ne parvient pas à joindre les deux bouts. Sa petite entreprise d’escroquerie au porte-à-porte, dans laquelle il a embarqué son fils Micka, est sous pression depuis que le propriétaire de l’appartement où vit toute sa famille a choisi la manière forte pour récupérer les loyers en retard. Joseph a plus que jamais besoin de son fils, mais Micka rêve en secret d’une autre vie. Loin des arnaques, loin de son père...
La critique :
Alors qu’il nous avait déjà rassuré en professeur de violon échouant dans un collège de banlieue parisienne dans "La Mélodie" de Rachid Hami, Kad Merad continue de prendre son image de grand rigolo à contre-emploi. Dans "Comme des Rois", il interprète un père (Joseph) qui se retrouve forcer d’arnaquer des victimes innocentes, au porte-à-porte, la faute au système, ne retrouvant pas de boulot pour nourrir et loger sa famille, dont son fils, Micka (Kacey Mottet Klein, vu notamment dans "Keeper" de Guillaume Senez). D’ailleurs, ce dernier aide son père à ramener de l’argent, alors qu’il rêve de devenir un véritable comédien, autre que celui auquel il joue pour entourlouper les gens, tout en se mettant en danger...
Contrairement à ce qui était attendu, c’est le personnage de Kacey Mottet Klein qui s’offre ici le rôle principal dans cette chronique douce-amère sur les conditions sociales d’un pays en crise. Et quelle belle idée que celle d’avoir donné à ce jeune acteur suisse le rôle du jeune homme qui croit en ses rêves, et qui se refuse, malgré l’amour et le devoir filial, de continuer à jouer aux petits arnaqueurs (d’autant plus qu’il souhaite devenir comédien).
Tandis qu’il grandit devant la caméra du réalisateur, Kacey Mottet Klein porte sur ses épaules les forces essentielles du film, dont notamment le message lié à la difficulté de croire en ses rêves lorsque les moyens financiers, parfois nécessaires, pour y arriver ne sont pas là, dans une société où on a beau faire tous les efforts du monde, toutes les planètes ne s’alignent pas forcément en notre faveur. L’acteur tire ici son épingle du jeu, même si Kad Merad reste l’étonnement sobre, et émouvant dans son jeu.
Le bémol avec "Comme des Rois", c’est que l’aspect psychologique des personnages est peu fouillé, et manque de remise en question, malgré la situation peu stable dans laquelle ils vivent, et le feu avec lequel ils jouent. On parle davantage ici pour le rôle du père que pour un autre, étant donné que le film repose essentiellement que sur un duo père-fils. En découle une relation paternelle qui manque dès lors d’évolution, même si elle illustre avec subtilité et pudeur ses liens.