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Les critiques de Julien Brnl
Tout le monde debout
Réalisateur(s) : Franck Dubosc
Article mis en ligne le 26 avril 2018

par Julien Brnl

➡ Vu au cinéma Acinapolis Jambes - Sortie du film le 14 mars 2018

Signe(s) particulier(s) :
 premier long-métrage réalisé par l’humoriste Franck Dubosc ;
 le titre de travail du film était "Lève-toi et Marche", finalement remplacé par la phrase et bourde du chanteur François Feldman (un ami à Dubosc) à la télévision durant le 10e Téléthon, qui avait demandé aux gens de se lever alors qu’ils en étaient incapables...

Résumé : Jocelyn, homme d’affaires en pleine réussite, est un dragueur et un menteur invétéré. Lassé d’être lui-même, il se retrouve malgré lui à séduire une jeune et jolie femme en se faisant passer pour un handicapé. Jusqu’au jour où elle lui présente sa sœur elle-même handicapée...

La critique

Franck Dubosc n’est pas l’humoriste le plus fin qui soit, ni même celui qui fait le plus rire. D’ailleurs, son personnage de scène, mythomane et dragueur, a tendance à en énerver plus d’un, dont l’auteur-même de cet avis (et sans doute le premier). Mais Franck Dubosc a réussi à se construire une image de comédien populaire assez apprécié par l’autre partie du public, à l’instar de ses rôles à succès au cinéma (notamment celui de Patrick Chirac dans la trilogie "Camping"). Mais on ne peut pas dire que ses différents personnages s’éloignent énormément de son image de frimeur invétéré... Dès lors, à la découverte de la bande-annonce de ce film (qu’il réalise, écrit et interprète), force est de constater qu’il semblait remettre une nouvelle fois le couvert dans la peau d’un séducteur égoïste et misogyne. Certes, s’il en joue, c’est pour mieux nous surprendre, et nous prendre au dépourvu, dans (et avec) un premier film au travers duquel il nous montre une autre facette de sa personnalité. Oui, "Tout le Monde Debout" est une très belle surprise, inespérée, à classer d’ores et déjà parmi les meilleures comédies de ces dernières années. Rien que ça !

Si le scénario de cette comédie peut paraître un peu simpliste, son écriture est pourtant délicieuse, du début à la fin, et pleine de surprises. De plus, on sent que Dubosc se dévoile ici comme il ne l’avait encore jamais fait. Lui dont l’humour est souvent lourd, étonne ici par la justesse de ses propos, avec cette histoire d’amour basée sur un mensonge, sur fond de handicap. Alors qu’on ne l’attendait absolument pas maîtriser la balance humoristique et sentimentale comme il le fait là, Franck Dubosc mérite dorénavant qu’on s’y intéresse davantage. Comme quoi, les apparences sont souvent trompeuses !

L’une des plus belles réussites de son film, c’est sans doute le duo qu’il forme avec Alexandra Lamy, ici Florence, handicapée après un accident, et dont il tombe amoureux, mais à laquelle il ment sur son handicap, lui qui n’est absolument pas handicapé, mais qui se retrouve à devoir rouler en chaise roulante après un concours de circonstance qu’il a cherché. Jocelyn (son personnage) se retrouvera alors pris au piège de son mensonge, incapable d’assumer ses erreurs, ou plutôt même de s’assumer soi-même. À travers ce rôle, l’acteur nous révèle ici une part autobiographique quant à sa personnalité, lui qui a mis du temps à s’apprécier, préférant se dissimuler derrière une image tape-à-l’œil. Et cela a de quoi faire des étincelles, tant cela faisait longtemps que l’on n’avait plus vu une relation aussi belle dans la comédie française que celle qui anime ici ce duo. Oui, Jocelyn est un sacré menteur, mais il aura de quoi en pâtir, tandis que Florence est une femme lumineuse et courageuse, bien moins naïve qu’on ne le croît. Chacun de ces personnages évolue alors au travers de cette relation humaine constructive, où ils apprennent de leurs erreurs, sans pour autant se fermer des portes. C’est que Franck Dubosc avait ici de sacrées jolies choses à nous dire ! Aussi, le réalisateur laisse de la place à ses seconds rôles, truculents, et bienveillants vis-à-vis des personnages principaux. Gérard Darmon (Max, le meilleur ami de Jocelyn), Elsa Zylberstein (Marie, sa secrétaire coincée), Laurent Bateau (Lucien, son frère), Caroline Anglade (Julie, la sœur de Florence) brillent par des partitions tout aussi touchantes et justes, guidant nos deux blessés dans leur histoire, suivant leurs points de vue. Évidemment, on vous laissera la chance de découvrir, comme nous, l’issue du mensonge, au détour d’un retournement de situation tout simplement gracieux, venant honorer la femme (ce qu’on n’avait pas vu venir non plus de sa part). Quoi qu’il en soit, le scénario est une belle leçon de rédemption.

L’autre performance de ce premier film, c’est sa mise en scène. Oui, "Tout le Monde Debout" est aussi une comédie grinçante, qui ose rigoler du handicap, tout comme de l’image physique que l’on se donne, ou encore de la vieillesse. Mais le réalisateur le fait toujours avec une étonnante retenue. Et puis, force est de constater que le (désormais) cinéaste avait de la suite dans les idées, tant il ponctue son récit de scènes qui font mouche, aussi gênantes pour certaines, que douces pour d’autres (la scène de la piscine est un bijou de cinéma). On n’assiste pas ainsi en une simple histoire d’amour naissant et sa chute, mais plutôt en une rencontre nuancée entre deux êtres qui finiront par se libérer.

Pour une première réalisation, Franck Dubosc nous offre un bonbon qui ne colle pas aux dents, mais dont on raffole dès les premiers instants. Si l’acteur reste ici fidèle à son image, il ose pourtant s’en éloigner pour alors nous toucher à plus d’un tour, et non pas seulement avec son image, mais encore plus avec sa romance délicate et pleine de charme, autour d’un sujet duquel il aurait pu très bien ne pas se relever, soit le handicap.

Bande-annonce Tout le monde debout VF
Bande-annonce Tout le monde debout VF
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