➡ Vu au cinéma Caméo des Grignoux - Sortie du film le 28 mars 2018
Signe(s) particulier(s) :
– premier film du réalisateur belge Olivier Meys, qui travaille depuis plus de quinze ans entre l’Europe et la Chine, lui à qui on doit des documentaires, ainsi que deux courts-métrages, dont "Première Nuit" (2008), également tourné en Chine.
Résumé : Lina, une jeune femme ambitieuse, laisse son mari et son fils en Chine pour partir à Paris afin de leur assurer un avenir meilleur. Mais une fois en Europe rien ne se passe comme prévu et elle s’enferme dans un monde de mensonges pour ne pas abandonner son rêve.
La critique
Film belge tourné en mandarin avec des acteurs chinois, "Bitter Flowers" traite d’un phénomène méconnu du grand public, à savoir l’immigration de Chinoises en Europe, qui tentent d’y trouver les moyens de subvenir aux moyens de leur famille restée en Chine, mais qui tombent souvent dans la prostitution...
Tourné entre Paris, Rennes et la Chine, ce premier film brille par son portrait sans fard ni paillette de cette jeune mère confrontée au trottoir à Paris afin d’assumer son choix d’être partie en Europe pour effacer la dette de sa famille, et ainsi viser une vie meilleure dès son retour au pays. Logée avec d’autres femmes venues de la même région sinistrée du Dong Bay en Chine, celle-ci découvre que ses colocataires s’exercent à la prostitution comme dernier recours pour vivre, et ainsi gagner de l’argent... Mariée, et mère d’un enfant, Lina prendra malgré tout ce même chemin, avec comme seul objectif d’offrir un avenir meilleur à ses proches, de là à supporter l’inimaginable, et de mettre ainsi sa vie actuelle entre parenthèses.
"Bitter Flowers" met en lumière la condition de ces femmes qui s’accrochent coûte que coûte à leur rêve, peu importe les souffrances à s’infliger, afin d’éviter l’échec (impensable), et la culpabilité face à leur choix. C’est même, au sens large, un témoin direct des ravages de la mondialisation et du capitalisme, qui nous pousse à vouloir vivre toujours plus haut, avec toujours plus de moyens.
Connaissant bien la Chine pour y avoir souvent travaillé, le réalisateur nous partage aussi, d’un côté, l’entraide qui règne entre les Chinois du Dong Bay, et, de l’autre, la confrontation communautaire avec ceux du sud, venus du Wenzhou.
Porté par la talentueuse Xi Qi, le sort de Lina prend à partie notre empathie, que ça soit pour l’authenticité humaine qui s’en dégage, que ses valeurs, dont son devoir de sacrifice pour sa famille.
Sans porter de jugement sur son anti-héroïne, Olivier Meys ne se limite pas à susciter ici le côté inéluctable des conséquences de ses actes parisiens, étant donné qu’on a droit à son retour auprès de sa famille, elle qui devra dès lors faire face à ses choix.