➡ Vu au cinéma Caméo des Grignoux - Sortie du film le 28 février 2018
Signe(s) particulier(s) :
– sixième réalisation de Dany Boon, un an seulement après la sortie de son précédent film "Raid Dingue" ;
– "La Ch’Tite Famille" n’est pas une suite de "Bienvenue Chez les Ch’Tis", sorti il y a dix ans, et devenu le deuxième plus gros succès cinématographique en France, avec un peu plus de vingt millions d’entrées au compteur.
Résumé : Valentin D. et Constance Brandt, un couple d’architectes designers en vogue préparent le vernissage de leur rétrospective au Palais de Tokyo. Mais ce que personne ne sait, c’est que pour s’intégrer au monde du design et du luxe parisien, Valentin a menti sur ses origines prolétaires et ch’tis. Alors, quand sa mère, son frère et sa belle-sœur débarquent par surprise au Palais de Tokyo, le jour du vernissage, la rencontre des deux mondes est fracassante. D’autant plus que Valentin, suite à un accident, va perdre la mémoire et se retrouver 20 ans en arrière, plus ch’ti que jamais !
La critique
On ne change pas une recette qui fonctionne. Depuis le carton historique enregistré par "Bienvenue Chez les Ch’Tis" il y a maintenant dix ans, Dany Boon a compris que le choc des langages est une poule aux œufs d’or, avec lesquels il jongle avec un certain savoir-faire comique. Toute ressemblance ici avec son aîné n’est donc pas à bannir, d’autant plus qu’on y retrouve quelques-uns de ses acteurs (Line Renaud, Guy Lecluyse, et même Kad Merad pour un petit caméo), ainsi que des habitués avec lesquels Dany Boon a déjà tourné (Valérie Bonneton, Laurence Arné). S’il ne cache donc pas ses racines et son identité "Ch’ti", Dany Boon retrouve ainsi sa famille de cinéma, qui plus est dans une comédie, pour l’occasion plus personnelle. Prêt pour un florilège ch’timi, ma biloute ?
Après avoir laissé la place à l’épatante Alice Pol dans la peau du personnage principal de son précédent film, Boon se le ré-octroie, tout en partageant avec la toute aussi succulente Laurence Arné, comme se fut déjà le cas dans le film "Radin !" (de Fred Cavayé, en 2016). Il forme ici le couple formé par Constance Brandt et Valentin D., des décorateurs designers parisiens ultra-réputés (notamment pour leurs chaises à trois pieds), mais totalement snobs. Alors qu’ils mènent une vie de luxe, Valentin cache aux yeux du monde et du milieu ses origines, et surtout sa famille, sur laquelle il ment. Jusqu’au jour où, pour une raison qu’on vous laissera découvrir, celle-ci débarque à Paris. Pris en flagrant délit par cette arrivée impromptue en pleine exposition, Valentin devra tout faire pour protéger son image, sans pour autant blessé les siens, dont sa mère, qui n’avait d’autre souhait que de retrouver son fils, qui avait alors décidé de tourner totalement la page de sa vie de province, pour sa vie parisienne, de designer... Et comme les mauvaises nouvelles n’arrivent jamais seules, Valentin sera aussitôt victime d’un accident de la route, le conduisant à l’hôpital, et duquel il ressortira avec des pertes de mémoire, et son accent ch’timi d’autrefois... Face à ce tel désarroi, Constance (son épouse), n’aura d’autre choix que de limiter la casse, notamment pour leur entreprise, tout en se pliant à l’apprentissage du ch’ti.
Ce qui amuse dans "La Ch’tite Famille" repose essentiellement sur des quiproquos linguistiques propres au ch’timi, et des jeux de mots sur son vocabulaire, ainsi que sur le choc de deux mondes, que sont la province et la capitale. Force est de constater que Dany Boon n’a pas eu peur de se moquer de cette image peu chaleureuse de ces gens qui y pètent plus haut que leur derrière, sans pour autant y égratigner le haut du panier. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien si on y croise Arthur, Pascal Obispo ou encore Claire Chazal dans leur propre rôle...
S’il manie l’écriture du comique de situation (la scène de la salle de bain est savoureuse) avec un certain goût pour l’amour du terroir, Dany Boon a aussi chercher ici à amener une touche d’émotion à son récit, par le biais des retrouvailles familiales auxquelles Valentin est confronté. Or, si cette démarche vient d’une intention authentique du comédien et réalisateur (lui rappelant ses parents), celle-ci ne fonctionne qu’à moitié, la faute à son interprétation trop appuyée, et des lourdeurs sentimentales, dues à de grosses ficelles au niveau des dialogues, qui manquent de subtilité. C’est finalement Line Renaud qui porte ici sur ses épaules ce côté gentillet-émouvant de l’histoire. Mais dans l’ensemble, ce mélange des genres a tendance à irriter le spectateur, par un côté assez faux qui en ressort. Aussi, on est en droit de remettre en question ces petites larmichettes, bafouées par la nature même de cette machine à sous-sous, qui ne peut d’ailleurs justifier son coût de production de plus de vingt-six millions d’euros, quand on sait notamment que le film est principalement construit par des scènes très théâtrales, notamment celles se déroulant dans l’appartement du personnage de Dany Boon. Difficile ainsi de faire valoir ce scénario, tout en ayant un regard général sur l’oeuvre.