➡ Vu au cinéma Caméo des Grignoux - Sortie du film le 28 février 2018
Signe(s) particulier(s) :
– film né des séances d’audio-description réalisées pour le précédent film de la réalisatrice "Les Délices de Tokyo" (2016), où elle a eu l’impression de redécouvrir son oeuvre ;
– présenté en compétition officielle lors du dernier Festival de Cannes.
Résumé : Misako passe son temps à décrire les objets, les sentiments et le monde qui l’entoure. Son métier d’audiodescripteur de films, c’est toute sa vie. Lors d’une projection, elle rencontre Masaya, un photographe au caractère affirmé dont la vue se détériore irrémédiablement. Naissent alors des sentiments forts entre un homme qui perd la lumière et une femme qui la poursuit.
La critique
Après "Les Délices de Tokyo", la réalisatrice japonaise Naomi Kawase nous permet de découvrir les coulisses de séances d’audio-description, au travers d’un film mêlant passion et poésie de mise en scène, et histoire d’amour au gros trait.
"Vers la Lumière" a d’emblée l’originalité de nous emmener dans un thème inédit au cinéma, soit ce processus de création destiné aux personnes aveugles ou malvoyantes, décrivant les éléments visuels de l’œuvre avec l’aide d’un texte en voix off. On se rend compte dès lors de toute la complexité de la chose, afin de la rendre la plus accessible et représentative possible pour ces personnes. Difficulté du choix des éléments à raconter, du vocabulaire à employer, du débit et de l’intonation à prendre, sans oublier de capter de l’essence-même des images, et de transmettre ainsi de manière profonde ses messages. C’est véritablement là un art à part entière, réservé aux véritables passionnés de cinéma. C’est donc ici le métier de Misako, qui se retrouvera confrontée lors des séances (organisées, entre autres, avec des aveugles), à Misako, un photographe au fort caractère, dont la vue se détériore de jour en jour. Alors qu’elle se prendra d’affection pour lui, ce dernier rejettera son destin sur les épaules de Misako, qui ne cessera de tromper et contredire son commentaire. Mais peu à peu, les deux personnages se trouveront, guidés par une quête invisible, vers la lumière, où confiance et partage prendront forme...
D’une photographie solaire et directrice, ce film est un moment de délicatesse, mis en scène avec langueur, à l’aide d’effets de style, tels que les flash-back, les métaphores, ou encore la symbolique. Tout cela en fait un film de cinéma intéressant, mais assez peu accessible dans sa forme. En effet, à force de jouer sur le cérébral, la réalisatrice nous perd dans son récit beaucoup trop lent, et évocateur, pour mettre en branle tous nos sens. Et puis, la direction prise par la relation entre les deux personnages principaux peine à convaincre, tant leur attirance est basée sur des sentiments relatifs, et contemplatifs, qui éclosent avec moins de naturel que le reste, et d’une manière un peu trop soulignée. On a ainsi droit, par exemple, à une scène de baiser à l’ancienne, avec le soleil en arrière-plan...