➡ Vu au cinéma Caméo des Grignoux - Sortie du film le 21 février 2018
Signe(s) particulier(s) :
– second film tiré de l’attentat du marathon de Boston survenu le 15 avril 2013, et cela après le film d’action "Traque à Boston" (2017) de Peter Berg ;
– le personnage de Jeff Bauman, incarné ici par Jake Gyllenhaal, apparaissait déjà dans "Traque à Boston", mais sous les traits de l’acteur Dan Whelton, et de façon non créditée.
Résumé : En ce 15 avril 2013, Jeff Bauman est venu encourager Erin qui court le marathon : il espère bien reconquérir celle qui fut sa petite amie. Il l’attend près de la ligne d’arrivée quand une bombe explose. Il va perdre ses deux jambes dans l’attentat. Il va alors devoir endurer des mois de lutte pour espérer une guérison physique, psychologique et émotionnelle.
La critique
Si le film de Peter Berg "Traque à Boston" (sorti il y a deux ans) s’intéressait à la recherche minutieuse des responsables de l’attentat (le personnage de Mark Walhberg en tête), le film de David Gordon Green est quant à lui beaucoup plus intimiste, et s’intéresse au récit de Jeff Bauman, cet américain de classe moyenne ayant perdu ses jambes lors du double attentat, et dont le témoignage a largement aidé les policiers à identifier les terroristes.
Film introspectif sur les conséquences psychologiques et sociales d’un tel drame, "Stronger" est on ne peut plus clair dans ses intentions. On y parle ainsi de reconstruction mentale de sa personne, ainsi que de notoriété soudaine et non souhaitée d’un homme ordinaire. Dans le genre, le film est classique dans sa mise en scène, puisqu’il nous plonge très vite dans le quotidien difficile de ce gars, qui n’avait alors rien demandé, et surtout pas de perdre ses jambes. Et cette situation est d’autant plus compliquée pour lui à gérer étant donné son manque de maturité. Certes, ce drame serait insoutenable pour quiconque, mais l’écriture du film apporte ici beaucoup d’importance sur ce point de sa personnalité, notamment vis-à-vis de sa relation amoureuse, ou encore de sa longue et lente convalescence, qui passe bien plus souvent par le bistrot que par la salle de rééducation...
Ce n’est pas tant pour ce récit formaté "post-trauma", calibré pour émouvoir et représenter ces héros (patriotes) meurtris et courageux, que "Stronger" vaut le déplacement. En effet, le scénario de John Pollono (adapté du roman de la victime) accentue ici le récit de Jeff Bauman de façon larmoyante, en appuyant en peu trop l’émotion forcée sur des situations quotidiennes (fictives ou non) des péripéties vécues par le personnage principal, et auxquelles il ne donne, de plus, pas de suite directe, laissant ainsi l’impression d’avoir été implantées là pour nous provoquer sentimentalement, plutôt que de laisser faire les choses, naturellement. Finalement, si le film est plus intime sur le même sujet que "Traque à Boston", alors il l’est de manière maladroitement frontale, avec un léger penchant pour le voyeurisme.
Heureusement, Jake Gyllenhaal est là, toujours parfait dans son rôle. Une fois de plus, l’acteur, adepte des transformations physiques, est magique. Amaigri, plein d’énergie, naïf, regard candide, ton de voix nonchalant, Jake Gyllenhaal nous sort le grand, et met tout le monde d’accord. Son injustice à lui, c’est celle de ne pas avoir encore remporté un Oscar. Et on espère qu’elle sera vite réparée, au regard de la nouvelle vie de Jeff Bauman, qui n’a certes plus ses jambes, mais à qui la vie a offert un miracle, soit celui de devenir père, quelques mois après l’attentat. Aussi, l’actrice canadienne Tatiana Maslany (vue dans la série dramatique "Orphan Black") est rayonnante et dévouée dans la peau de la petite amie de Jeff.
Enfin, on est scotché aussi par le travail effectué sur le maquillage, réalisé par Donald Mowat (ayant notamment travaillé sur "Blade Runner 2049" ou encore "Nocturnal Animals" - aussi avec Jake Gyllenhaal). Les moulages de jambes (réalisés dans les trois positions) de l’acteur ne laissent ainsi rien transparaître, et cela au profil d’un réalisme fou.