➡ Vu au cinéma Acinapolis Jambes - Sortie du film le 14 février 2018
Signe(s) particulier(s) :
– "Black Panther" a fait sa première apparition en 1966 dans la publication du 52e numéro de la revue "Fantastic Four, Vol. 1", alors imaginé par Stan Lee et Jack Kirby ;
– l’acteur Wesley Snipes avait l’intention de faire un film avec le personnage dans les années nonante, lui qui était même rentré en négociations avec Columbia Pictures pour incarner le personnage de Marvel Comics, avant de s’attaquer finalement à "Blade" ;
– le nom du pays africain imaginaire du film, le "Wakanda", est tiré du nom d’une tribu kényane appelée "Wakamba", aussi connue sous le nom de "Kamba" ;
– troisième long métrage réalisé et écrit par Ryan Coogler, et troisième fois qu’il collabore avec l’acteur Michael B. Jordan ;
– 18e film de l’univers cinématographique Marvel (MCU), et le 6e de la phase III.
Résumé : Après les événements qui se sont déroulés dans "Captain America : Civil War", T’Challa revient chez lui, dans sa nation africaine reculée, mais technologiquement avancée du Wakanda, pour servir son pays en tant que nouveau roi, et prendre ainsi la place de son père. Mais quand deux ennemis conspirent pour détruire le Wakanda, la Panthère Noire doit s’allier à l’agent de la CIA Everett K. Ross et aux membres du Dora Milaje (l’une des tribus du Wakanda), afin d’éviter que le pays soit emporté dans un conflit mondial.
La critique
Emporté par une vague de succès sans précédent à travers le monde, "Black Panther" est en passe de devenir un sacré phénomène planétaire et culturel, attirant alors davantage de public que n’importe quelle autre origin-story du MCU, suite aux racines africaines de son héros. Mais au-delà de ça, toutes les louanges critiques qu’on lui confère sont-elles justifiées ?
Se situant juste après les événements de "Captain America : Civil War", dans lequel T’Challa - Black Panther (Chadwick Boseman) a participé à l’affrontement entre Iron Man et Captain America, ce dernier revient au pays, le Wakanda, afin d’y prendre le place de son père sur le trône. Unique producteur de vibranium (métal extrêmement résistant), le Wakanda en est devenu une véritable puissance afro-futuriste isolée, à la pointe de la technologie, mais cachant son existante aux yeux du monde, afin d’en protéger ses richesses, et ainsi se préserver. Mais c’est sans compter sur des secrets enfuis du passé qui refont surface, amenant avec eux un ennemi cherchant à accéder au trône du Wakanda, et ainsi faire du vibranium une arme pour combattre le mal au niveau mondial, ce qui n’est pas du tout dans l’optique du pays...
"Black Panther" tacle et résonne particulièrement dans l’Amérique ségrégationniste et isolationniste de Trump, ce qui en fait très certainement l’une des clefs de son succès. Aussi, le film affiche un casting pratiquement emmené par un casting afro-américain, le remettant ainsi à sa bonne place à Hollywood, deux ans après la polémique des Oscars "so white", aussi dans la foulée de la dénonciation du racisme anti-noir aux Etats-Unis. Enfin, le scénario de cette origin-story est une métaphore de l’histoire passée, et actuelle, de l’oppression blanche sur les populations africaines, et afro-américaines, au regard, notamment, de leurs convoitises. Tout cela fait du nouveau jouet de Marvel un film plus politique que n’importe lequel de leur univers, mais sans pour autant frapper au bon endroit. En effet, le scénario de "Black Panther" semble tout droit sorti d’un vieux placard, en mettant en lumière des enjeux politiques qui ne vont pas assez loin, et qui reflètent des idées trop primitives. C’est que les conflits qu’ils présentent vont plus loin que cela, passant ainsi à côté de leur véritable impact. Qu’à cela ne tienne, "Black Panther" est l’un des meilleurs Marvel pour ses questions humaines développées.
Moins dosé en humour que ces prédécesseurs, cette aventure au cœur de l’Afrique sonne un peu trop superficielle par l’utilisation plus qu’abusive de fonds verts, elle qui se présentait pourtant comme la digne représentante de la culture et nature africaine. Visuellement, les images de synthèse ne sont pas toujours réussies, tandis que sa profondeur d’image est assez sale, et floue. De plus, l’utilisation des effets spéciaux n’est pas utilisée à bon escient, étant donné des scènes de combats davantage nocturnes (ou dans des décors sombres), qu’à la lumière du jour. Cependant, le monde futuriste créé n’est pas à jeter (loin de là), mais mal ou pas assez exploité. Ainsi, on ne verra pas grand chose du Wakanda, si ce n’est la demeure de T’Challa et du Dora Milaje, ainsi qu’un marché. Et ce ne sont pas les quelques prises de vues globales de lieux importants du pays qui vont nous satisfaire, d’autant plus qu’il ne s’agit là que d’effets spéciaux. Voilà qui "trump-e" ainsi le spectateur.
Interprété par un Chadwick Boseman assez neutre, mais juste et charismatique, "Black Panther" est l’occasion pour le réalisateur de rediriger pour la troisième fois Michael B. Jordan, ici dans la peau de Killmonger, le "méchant" de l’histoire. Mais ce terme, lui étant attribué, est à prendre avec les pincettes, étant donné ses honnêtes intentions de départ, soulevant des questions d’éthique et de politique non-négligeables, mais malheureusement engagées de manière bien trop systémique, et maladroite. Mais au contraire du vulgaire autre ennemi et marchand d’armes Ulysses Klaue (Andy Serkis), d’ailleurs vite expédié, Killmonger étonne par son charisme et interpelle par ses idées. Le reste du casting n’est pas en reste, profitant de rôles féminins assez combatifs, tels que ceux campés par Lupita Nyong’o (Nakia), Danai Gurira (Okoye) ou Letitia Wright (Shuri). Ensemble, ils reflètent la position de tout en chacun, et les valeurs défendues coûte que coûte par rapport à leur situation dans toutes leurs extrémités. Dommage que le personnage interprété par la révélation du "Get Out" de Jordan Peele, Daniel Kaluuya, ne s’en sorte davantage mieux, non-aidé par une écriture stéréotypée.
"Black Panther" a beau être une nouvelle étape décisive dans l’univers Marvel, et l’un de ses plus actuels portes-paroles, le film souffre d’un manque de profondeur de son intrigue, et surtout d’une mise en scène en demi-teinte, bafouée par son trop-plein de FX, et son rythme pas toujours tenu. On s’attendait à mieux. - 12/20