➡ Vu au cinéma Caméo des Grignoux - Sortie du film le 07 février 2018
Signe(s) particulier(s) :
– premier long métrage de l’acteur américain John Caroll Lynch, spécialement écrit pour Harry Dean Stanton, en s’inspirant de sa vie et de sa personnalité ;
– le film marque les retrouvailles entre Harry Dean Stanton et Tom Skeritt, 38 ans après "Alien, le Huitième Passager" ;
– dernier rôle de l’acteur Harry Dean Stanton, décédé à 91 ans en septembre dernier, lui qui avait commencé sa carrière au cinéma en 1957 dans "Tomahawk Trail" de Lesley Selander.
Résumé : Lucky est un vieux cow-boy solitaire. Il fume, fait des mots croisés et déambule dans une petite ville perdue au milieu du désert. Il passe ses journées à refaire le monde avec les habitants du coin. Il se rebelle contre tout et surtout contre le temps qui passe. Ses 90 ans passés l’entraînent dans une véritable quête spirituelle et poétique.
La critique
N’y voyez là aucun lien de parenté entre ce film et le personnage inventé par le dessinateur belge Morris en 1946, "Lucky Luke", bien qu’il s’agit bien là de deux cow-boys… Alors que le lonesome cowboy "tire plus vite que son ombre", Lucky, lui, marche plus vite que quiconque, même du haut de ses nonante ans. Premier film de l’acteur John Carroll Lynch, "Lucky" est une échappée belle au Nouveau-Mexique à la rencontre de l’immense artiste de cinéma Harry Dean Stanton (décédé en septembre dernier), dans un film quasi-autobiographique.
Réalisé en hommage à la carrière de son acteur principal et de l’homme qu’il était, ce film est ainsi l’occasion de suivre un nonagénaire dans ses errances quotidiennes, entre ses rituels solitaires à domicile (réveil sportif, jeux télévisés, appels à un ami, etc.) et ses sorties, que ça soit au petit "diner" du coin pour sa tasse de café et compléter quelques mots croisés, ou au bar du soir pour boire son petit verre et y retrouver ses amis avec qui discuter. On y découvre alors un personnage fictif inspiré de la vie de son acteur principal, aussi bien dans son intimité, que par son passé.
Ce qui est ainsi formidable et authentique dans ce film, c’est que chaque dialogue représente, en quelque sorte, le témoignage de l’acteur et l’homme d’exception qu’était Harry Dean Stanton. Ainsi, au détour de quelques mots assez banals, le spectateur en apprend sur la carrière de cet acteur, grand solitaire dans la vie, lui qui fut aussi cuisinier dans la marine durant la Seconde Guerre mondiale.
"Lucky", c’est un peu le point d’orgue d’un homme face à son horloge qui tourne, entre la nostalgie d’une vie passé, le pessimiste et l’optimisme face à la mort. Cette (dernière) ballade métaphorique se regarde comme une boucle intemporelle qui ne cesse de se répéter, mais au travers de laquelle son personnage principal appréhende différemment l’issue de sa vie.