➡ Vu au cinéma Caméo des Grignoux - Sortie du film le 20 décembre 2017
Signe(s) particulier(s) :
- deuxième adaptation cinématographique du roman autobiographique "La Promesse de l’aube" de Romain Gary, (la première étant celle du metteur en scène Jules Dassin de 1970, avec l’acteur israélien Assi Dayan dans la peau de l’écrivain), retraçant 20 ans de la vie de Romain Gary et de sa mère ;
- tourné dans cinq pays pendant 14 semaines, de la Pologne des années 1920 au Mexique des années 1950, en passant par le désert africain, Nice et Paris avant-guerre, ou encore Londres sous les bombes.
Résumé : De son enfance difficile en Pologne en passant par son adolescence sous le soleil de Nice, jusqu’à ses exploits d’aviateur en Afrique pendant la Seconde Guerre mondiale… Romain Gary a vécu une vie extraordinaire. Mais cet acharnement à vivre mille vies, à devenir un grand homme et un écrivain célèbre, c’est à Nina, sa mère, qu’il le doit. C’est l’amour fou de cette mère attachante et excentrique qui fera de lui un des romanciers majeurs du XXème siècle, à la vie pleine de rebondissements, de passions et de mystères. Mais cet amour maternel sans bornes sera aussi son fardeau pour la vie…
La critique
"La Promesse de l’Aube" fait partie de ces grandes fresques épiques, propices aux fêtes de fin d’année, à voir en famille. Inspiré du roman éponyme de Romain Gary, dans lequel il livrait un récit inspiré d’éléments autobiographiques de sa vie, "La Promesse de l’Aube" est la seconde adaptation cinématographique de son roman.
Le point d’ancrage du film reste ainsi le même que celui du bouquin, à savoir l’amour maternel à la fois envahissant et constructeur d’une mère pour son fils. « Tu seras un héros, tu seras général… ambassadeur de France », déclare ici le personnage interprété avec dévouement par une Charlotte Gainsbourg méconnaissable, tant son personnage est expressif. C’est d’ailleurs l’ambition qu’elle portait pour son fils qui lui a permis de le porter au-delà de tout ce qu’il aurait pu espérer, puisque Gary a mené une carrière de militaire et de diplomate, tandis qu’il est le seul écrivain à avoir reçu deux fois le prix Goncourt, dont un sous le pseudonyme d’Émile Ajar.
Pour un récit pour le moins singulier, l’histoire de l’écrivain est parfaitement adaptable au cinéma, tant elle relève de l’aventure hors du commun, racontée ici sur une vingtaine d’années, à travers différents pays et paysages, au travers desquels les conditions de pauvreté, de guerre, ou encore de maladie marquera nos personnages.
Pour le coup, on se laisse très facilement prendre au jeu de cette œuvre démesurée, mais pas forcément pour son côté exubérant. C’est plutôt pour son interprétation que cette adaptation vaut le détour. D’ailleurs, on ne serait dire si le rôle principal du film est celui de Romain Gary, ou celui de sa mère, tant cette dernière a porté, et façonné son fils, dont le récit centre ici les péripéties. Quoiqu’il en soit, Charlotte Gainsbourg et Pierre Niney sont justes remarquables dans leur partition, et portent, au-delà du spectacle surenchéris, ce film sur leurs épaules. Au contraire d’un dénouement prévisible qui ne crée pas l’émotion, c’est leur jeu habité qui marque le spectateur. Mais il est vrai que les décors, les costumes, les reconstitutions d’époque, les effets visuels, les lumières, ou encore la musique font de ce film une épopée grandiose et fastueuse, comme le grand public les aime.
Alors qu’on n’attendait pas Eric Barbier dans ce style après ses "petits" polars, sa réalisation rend un bel hommage au travail romanesque de Romain Gary, mais sans prendre de risques. C’est en effet trop enrobé, et finalement peu poignant face à l’ampleur de l’aventure qu’il nous présente. À titre d’exemple, le récit est raconté au passé, alors que l’épouse de Romain Gary tourne les pages de son livre, à peine écrit, tandis qu’ils sont en route pour l’hôpital (Gary prétendant être malade de la tête). On se serait bien passé de ce procédé narratif archi-conventionnel, qui ne sert strictement à rien dans la démarche d’adaptation du roman, si ce n’est à appuyer de manière superficielle la dramaturgie de l’histoire.
Bande-annonce