➡ Vu au cinéma Caméo des Grignoux - Sortie du film le 18 octobre 2017
Signe(s) particulier(s) :
- fils de paysans, le réalisateur Hubert Charuel signe ici son premier film, alors écrit durant ses études à La Fémis, d’où il est sorti diplômé en production en 2011 ;
- le film a été tourné dans la ferme familiale à Droyes, entre Reims et Nancy ;
- comme dans ses courts-métrages, Hubert Charuel a fait joué sa mère, son père, son grand père ainsi que ses amis Valentin et Julian dans "Petit Paysan".
Résumé : Pierre, la trentaine, est éleveur de vaches laitières. Sa vie s’organise autour de sa ferme, sa sœur vétérinaire et ses parents dont il a repris l’exploitation. Alors que les premiers cas d’une épidémie se déclarent en France, Pierre découvre que l’une de ses bêtes est infectée. Il ne peut se résoudre à perdre ses vaches. Il n’a rien d’autre et ira jusqu’au bout pour les sauver.
La critique
Il émane de ce premier film un mélange de style particulièrement réussi. D’un côté, "Petit Paysan" nous immisce dans la vie d’un jeune paysan (ayant repris le flambeau de l’exploitation de ses parents), célibataire endurci alors dévoué à son travail, vivant toujours avec des parents on ne peut plus étouffants. Entre dîner de famille et rendez-vous galants programmés, ce premier film ne manque pas de comédie, et joué assez bien de son écriture autour de son univers fermier. Ensuite, le film présente un thriller rural psychologique bien mené, autour de ce même paysan se retrouvant alors dans un engrenage des plus terribles. En effet, ses bêtes se retrouvant infectées par une épidémie, il devra se résoudre aux normes de sécurité en les abattant toutes, tout en essayant de les protéger de cette sentence. Dans les deux cas, les conséquences de cette situation seront sans mercis sur son exploitation.
"Petit Paysan" est un film qui sent l’authenticité, dans l’univers impitoyable du monde de l’élevage. Et pour cause, le réalisateur a tourné dans la ferme de ses parents, en faisant également tourné des membres de sa famille, et des amis. Ensuite, ce récit de fiction nous montre aussi, sans pathos, la dure réalité des agriculteurs au quotidien, ainsi que ce que représente leur bétail. En l’occurrence, le sacrifice humain n’a pas de prix lorsque l’on touche à la prunelle de ses yeux.
C’est ce qui se passe ici au travers du personnage de Swann Arlaud, interprétant un personnage inébranlable face à la menace, alors déterminé à sauver son troupeau, mais ne pouvant cacher ses émotions à vif, entre angoisse, paranoïa et déni. Le personnage de Sara Giraudeau, interprétant sa sœur vétérinaire, est le personnage qui lui fera prendre conscience de la situation, et de la raison à laquelle il faudra se résoudre. Ce rôle établi avec justesse la complexité de la frontière entre l’importance et le soutient des liens fraternels malgré les fatalités et obligations du travail, jusqu’à un point de non-retour en arrière.