Synopsis : Moonee a 6 ans et un sacré caractère. Lâchée en toute liberté dans un motel de la banlieue de Disney World, elle y fait les 400 coups avec sa petite bande de gamins insolents. Ses incartades ne semblent pas trop inquiéter Hally, sa très jeune mère. En situation précaire comme tous les habitants du motel, celle-ci est en effet trop concentrée sur des plans plus ou moins honnêtes pour assurer leur quotidien…
Acteurs : Willem Dafoe, Brooklynn Prince, Caleb Landry Jones, Macon Blair, Karren Karagulian.
Le film a tout pour séduire le cinéphile : indépendant, Willem Dafoe dans un des premiers rôles, une cote à plus de 8 sur IMDB, des critiques très enthousiastes sur Internet et des confrères et consoeurs qui le sont tout autant au sortir de la vision pour la Presse. Hélas, la magie n’a pas marché. Et autant clarifier de suite : ce n’est pas parce que l’on n’aime pas que ce n’est pas bon. La démarche du réalisateur (à qui l’on droit l’excellent Tangerine en 2015 qui met en images la vie de deux prostituées africaines et transgenres, le tout filmé avec un Iphone !) est claire et limpide : faire découvrir les laissés-pour-compte d’une Amérique profonde, comme le faisait Andrea Arnold dans American Honey (mais dans ce cas, les "arnaques" étaient organisées en équipe). Ici, l’intrigue suit une mère paumée (et largement tatouée) et sa fille dans de nombreuses tranches de vie où il faut se débrouiller pour payer le logement à la semaine dans un motel, mais également trouver de quoi se nourrir : vols, arnaques, plans foireux... La mère parait à ce point irresponsable et la fille hors contrôle et agaçante (notamment dans les plans avec sa copine) qu’aucun de ces personnages ne suscite l’empathie. Même le gérant du motel (joué par Willem Dafoe) peine à se rendre sympathique. Dans une certaine mesure, l’on peut dire que le film fait mouche en rendant ses protagonistes irritants, antipathiques et détestables dans leur irresponsabilité. Bravo donc aux acteurs et actrices (dont les plus jeunes) qui arrivent à transmettre autant d’énergie négative et de façon si convaincante que certains se sentiront exclus, voire s’excluront du film pour se protéger en quelque sorte en se demandant quand les services sociaux interviendront devant tant d’irresponsabilité. Tel fut le cas du rédacteur de cette critique qui s’abstiendra donc de coter un film dont l’irritation qu’il a engendrée chez lui est à la hauteur de ses qualités et des enjeux qu’il veut mettre en exergue.
Lien vers la critique de Julien Brnl