➡ Vu au cinéma Acinapolis Jambes - Sortie du film le 29 novembre 2017
Signe(s) particulier(s) :
- après "Respire", Mélanie Laurent adapte un nouveau livre, soit le roman éponyme de Christophe Ono-dit-Biot, "Plonger", Grand prix du roman de l’Académie française et prix Renaudot des lycéens en 2013 ;
- le film a été tourné, en partie, au Sultanat d’Oman.
Résumé : C’est l’histoire d‘un amour total entre César et Paz. Paz, photographe espagnole, nourrit une soif de rencontres, d’expériences et de voyages, alors que César, ex-grand reporter de guerre, souhaite à l’inverse s’extraire du tumulte du monde. Paz est enceinte, cette perspective l’angoisse, l’étouffe. Elle semble s’éloigner chaque jour un peu plus de César, comme obsédée par quelque chose qui lui échappe.
Jusqu’au jour où elle disparait, laissant son enfant et César sans véritable explication.
La critique
Après son deuxième film "Respire", Mélanie Laurent semble tout doucement apparenter son cinéma aux destins tragiques, qui se vivent avec passion et étouffement. Dans "Plonger", il est ainsi question d’une histoire d’amour impossible autour de deux êtres que les envies opposent, malgré le miracle de la vie...
Passé une introduction assez technique usant d’effets de cinéma avec enchaînement, durant laquelle on découvre tel un tour en carrousel dans son processus émotionnel la rencontre entre César (Gilles Lelouche) et Paz (Maria Valverde), "Plonger" nous propose un double portrait existentiel, dans lequel on suit chacun de nos deux personnages face à leur pire retranchement vital.
Tout d’abord, il est question de Paz, une photographe asturienne qui vit de rencontres et de voyages, souhaitant partir en Péninsule Arabique pour son boulot de photographe, ce que César refuse, pour raison de sécurité. Dès ce moment, on comprend très rapidement qu’elle s’éteindra, jour après jour, suite à cet appel manqué. De plus, Paz se retrouvera enceinte, ce à quoi elle n’était, d’autant plus, pas préparée... Tout doucement, mais sûrement, le couple sera confronté à son délitement, César semblant ne plus avoir de prise envers Paz (malgré son amour dévoué pour elle), tandis que Paz, passionnée de requins, en parrainera un, qu’elle "adoptera", et suivra à la trace... Dans sa seconde partie, il est davantage question de César, un ex-grand reporter de guerre ayant vécu des horreurs à l’étranger, élevant seul l’enfant du couple suite au départ de Paz, confronté alors à une terrible nouvelle, pour laquelle il doit se rendre à Oman.
Cela faisait quelque temps que l’on n’avait plus vu un Gilles Lellouche aussi bouleversant, dans un rôle aussi obstiné qu’amoureux, tandis que Maria Valverde est la révélation du film, dans la peau d’un personnage dont on a tout de même du mal à comprendre l’obstination, et l’énigme.
"Plonger" est un film duquel on ressort le cœur noué, tend-il se vit comme un cauchemar éveillé.
Obscure dans sa première partie, éblouissante dans sa seconde, la lumière donne au récit une extrême part d’importance, en lien direct aux émotions de ses deux personnages, la première en mal-être, le second aveuglé par ce qui lui arrive. Esthétiquement, Mélanie Laurent est son équipe réalise ici un formidable boulot, qui reflète parfaitement les émotions dégagées. D’un point de vue scénaristique, le film traite de sujets très intéressants, comme celui de la part des envies de tout en chacun, et de leurs réalisations, alors que la vie en a décidé autrement. Dans cette optique, le film se vit comme une bombe à retardement, où l’on voit le drame arrivé bien à l’avance. Dès lors, "Plonger" inflige au spectateur une peine immense, qui n’en finira plus. De plus, face au drame, le film ne répond pas à toutes pistes ouvertes en première partie, pour alors se transformer au cri de désespoir d’un homme, pour lequel l’amour n’aura finalement pas eu raison sur son couple.
Diaporama
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Bande-annonce :