Acteurs : Anne Dorval, Antoine-Olivier Pilon, Suzanne Clément, Patrick Huard, Alexandre Goyette
Durée : 2h19
Synopsis : Une veuve mono-parentale hérite de la garde de son fils, un adolescent TDAH impulsif et violent. Au cœur de leurs emportements et difficultés, ils tentent de joindre les deux bouts, notamment grâce à l’aide inattendue de l’énigmatique voisine d’en face, Kyla. Tous les trois, ils retrouvent une forme d’équilibre et, bientôt, d’espoir.
"Ce n’est pas parce qu’on aime quelqu’un qu’on peut le sauver" : tout est dit dans les premières minutes du film.
Xavier Dolan ne laisse pas indifférent : on adore ou on déteste. Je suis un inconditionnel dès son premier film mais je puis comprendre les autres. La suffisance, voire l’arrogance, la certitude d’être bon et dans les meilleurs, Xavier assume mais si l’on est attentif à l’être humain derrière l’apparence, on découvrira un coeur, probablement meurtri, derrière la flamboyance.
Durant les 140 minutes du long métrage, je songeais : "dans son premier il a tué la mère, dans celui-ci il la ressuscite !".
Faut-il tomber dans les clichés affectifs sur les gays pour se dire que les relations qu’ils ont avec leur mère sont toujours à questionner ? Non, probablement pas, mais Xavier Dolan - qui assume son homosexualité sans en faire un combat militant - reconnaît l’importance de la (sa) mère et son intégration dans ses films.
Et ce quatrième film ne sera pas gai (ni à thématique gay pour jouer sur les mots et le sujet qui est souvent au coeur ou présent dans les films du jeune québecquois).
Le réalisateur resserre son propos sur ses deux protagonistes et les enferme littéralement dans le cadre de son propos, de son film, de son image : un format inhabituel déjà utilisé dans un clip qui suscita la controverse (collège boys du groupe Indochine).
A deux reprises le cadre s’élargira quelques instants, symbolique d’ouverture et de sortie momentanée d’enfermement du protagoniste principal.
Anne Dorval excelle dans le rôle de cette mère qui décide de reprendre son fils pour le sauver tant elle l’aime. Mais son rêve d’être la salvatrice de son fils se heurte à la réalité : dès le début, au moment de se rendre dans le centre où son fils est hébergé (disons emprisonné physiquement et chimiquement) et qu’il ne peut plus garder depuis qu’il a bouté le feu à l’un de ses compagnons la voiture de la mère est percutée par une autre.
L’itinéraire vers une rédemption improbable mais rêvée se révélera douloureux, difficile et c’est un tiers externe qui permettra de sortir d’un autre enfermement, celui d’un couple à l’Oedipe non résolu. Une voisine, énigmatique, quasiment mutique (on apprendra qu’elle a disjoncté lors d’un burn out au travail) arrivera à ouvrir ce couple, à apprivoiser le fils, recevant, en retour d’elle-même pour accéder à nouveau à la parole.
Peut-on s’évader d’une telle histoire sans aller vers de nouveaux enfermements et de nouvelles prisons ? Et dans ce cas, quelle est la case de fuite ?
Le film est difficile mais il a emporté toute mon adhésion.