➡ Vu au cinéma Caméo des Grignoux - Sortie du film le 22 novembre 2017
Signe(s) particulier(s) :
- l’idée du film vient de la situation du textile à Villefranche-sur-Saône, là où le père du réalisateur avait longtemps travaillé comme ouvrier ;
- le choix de situer l’intrigue au Maroc est lié au fait que c’est le seul pays d’Afrique du Nord qui offre autant de sécurité aujourd’hui, ainsi que pour créer le fossé avec l’image vacancière que l’on se fait du pays...
Résumé : Edith, 45 ans, ouvrière dans une usine textile, voit sa vie bouleversée par un plan social. Loin de son fils et sans attache, plutôt que le chômage, elle est la seule à choisir de rejoindre son usine délocalisée au Maroc…
La critique
Bien ancré dans notre réalité actuelle, "Prendre le Large" nous raconte le changement de vie d’un tiers ouvrier, qui voit son usine (de textile) mettre la clef sous la porte, et qui accepte, afin de pouvoir continuer à travailler, d’être délocalisé à l’étranger. Entre l’adaptation, les changements d’habitudes, le choc culturel, les stigmatisations, les nouvelles rencontres, les soucis imprévus (et bien d’autres), ce dernier découvrira les conséquences de ses choix, à la fois dictés par une société en pleine mondialisation, mais aussi personnels.
Il est ainsi question du portrait d’Edith, qui se voit perdre son besoin vital de travailler (en France), tandis que son fils l’a (quasiment) rayé par choix de vie, au fil des ans. Cette double situation l’aidera à partir plus sereinement, et tenter cette folle aventure. C’est la très authentique Sandrine Bonnaire qui incarne (avec un coup de vieux) ce personnage courageux, qui refuse de baisser les bras, mais dont l’évolution psychologique est ici très austère, jusqu’à son émancipation, arrivant par la toute petite porte en fin de film. Et à vrai dire, ce final sonne d’ailleurs un peu surfait par rapport à ce à quoi il nous avait habitué le film...
Si le scénario de Gaël Morel et Rachid O part d’une intention réaliste, ce dernier s’apitoie bien plus qu’il ne cherche à surmonter les choses, et freine son personnage principal dans son élan, duquel une certaine fatalité se dégage. De plus, l’histoire ne va pas au bout de ses idées, qui s’emboîtent parfois mal entre elles pour assumer les portes qu’il ouvre.