Synopsis : Un garçon, Ben, aspire à retrouver le père qu’il n’a jamais connu. Une fillette, Rose, rêve d’une mystérieuse actrice dont elle consigne scrupuleusement la vie dans un album. Alors que Ben découvre un indice intrigant dans la chambre de sa mère, et que Rose lit un matin un titre séduisant dans le journal, les deux enfants décident de partir à la recherche de ces êtres qui leur manquent.
Acteurs : Julianne Moore, Michelle Williams, Oakes Fegley, Millicent Simmonds, Amy Hargreaves, Tom Noonan.
Todd Haynes est un réalisateur que nous apprécions beaucoup et dont chacun des films, de Poison à Carol a apporté quelque chose au cinéma, nous a aussi apporté quelque chose avec chaque fois un renouvellement de style (ainsi quasiment expérimental avec I’m Not Here ou mélodramatique avec Far from Heaven. C’est donc avec un apriori très favorable que nous avons visionné Wonderstruck, présenté à Cannes en mai 2017 et déjà sorti en France depuis la mi-novembre. Et il s’est passé quelque chose, ou plutôt, il ne s’est rien passé (de ce que nous attendions/espérions). Et pourtant la structure narrative qui suit deux enfants à deux époques différentes : Rose, muette et sourde, en 1927 et Ben, en 1977, sourd après avoir été foudroyé lors d’un orage. Cinquante ans séparent ces deux trames parallèles et donc appelées à ne jamais se rejoindre. Jamais ?
Todd Haynes adapte un roman pour enfants (à partir de 10 ans), Black Out (Wonderstruck) de Brian Selznick qui a été publié en 2011. L’auteur qui avait déjà écrit The Invention of Hugo Cabret, en 2007 transcrit ces deux histoires en images et en textes. Le traitement cinématographique se fera en noir et blanc pour 1927 et en couleur pour 1977. Les deux récits semblent avoir des points de coïncidence paradoxaux. Comme si, de manière fantastique, des éléments se répondaient à travers le temps. L’on se dit alors que c’est beau, fascinant tout en se demandant où le réalisateur veut en venir. Mais, sachant que c’est "Todd Haynes", ce doit être un bon film ! Nous ne pouvons donc qu’aimer ce Musée des merveilles ! Qui en fait parle plus à la tête qu’au coeur, comme s’il manquait une âme ! Ou plutôt comme s’il manquait une âme d’enfant à l’auteur de ces lignes (pas au réalisateur !) qui nous a empêché d’entrer dans la magie du récit et du cinéma ! La tête se doute, sait même que si les parallèles ne se rejoignent qu’à l’infini, elles finiront pas le faire avant que le film ne soit fini ! Cela semble bien être la règle du jeu (précision : nous n’avons pas lu le roman). Et ce sera le cas, avec émotion certes... mais seulement à la fin. La construction était très belle, mais l’émerveillement n’y était pas dans ce film qui, il faut le noter, est aussi un hommage aux objets, en particulier dans le fameux musée des merveilles...
Certes le cinéphile (y) a vu des merveilles, notamment des liens avec le cinéma muet dans les scènes ou Rose n’entend ni ne parle. Splendide. L’on passe donc d’un cinéma à l’ancienne, muet et en noir et blanc à un cinéma "moderne", parlant et en couleurs. Le cinéphile a fait des liens, malgré lui (et certainement pas voulus par le réalisateur) entre la maquette de la ville et la grande panne de courant de 1977 dont il est question dans le film et une autre maquette de la même ville et le blackout new-yorkais de 2003, celle-là, dans Shortbus de John Cameron Mitchell sorti en 2006. Un excellent film même s’il n’est pas destiné aux enfants et se situe dans un tout autre registre. Nous y avons vu beaucoup de choses, trop peut-être ? Un hommage au cinéma. Une ode à l’impossible transmission ? Aux rêves perdus (ou pas) de l’enfance ? A la recherche du temps perdu ou oublié et des objets qui permettent d’en garder trace et de s’en souvenir ? Le rapport à la mort, au deuil qu’il faut faire d’un être qui est très cher... Mais il nous a manqué la magie qui apparait à la fin et qui nous écartèle entre les deux lignes temporelles qui se rejoignent trop tard. Vous aurez compris que c’est un beau et grand film et que nous regrettons de n’avoir pas pu franchir la porte du musée. Que notre enthousiasme purement cérébral n’empêche pas d’ouvrir bien grand les portes de votre coeur visiter ce musée au coeur du temps qui passe...
Bande-annonce :