➡ Vu au cinéma Caméo des Grignoux - Sortie du film le 08 novembre 2017
Signe(s) particulier(s) :
- nouvelle réalisation de Laurent Cantet, à qui l’on doit la Palme d’or 2008 "Entre les Murs" ;
- co-scénarisé avec Robin Campillo, et né d’un reportage de 1999 sur France 3, sur lequel ce dernier avait travaillé alors qu’il était monteur pour la télévision.
Résumé : La Ciotat, été 2016. Antoine a accepté de suivre un atelier d’écriture où quelques jeunes en insertion doivent écrire un roman noir avec l’aide d’Olivia, une romancière connue. Le travail d’écriture va faire resurgir le passé ouvrier de la ville, son chantier naval fermé depuis 25 ans, toute une nostalgie qui n’intéresse pas Antoine. Davantage connecté à l’anxiété du monde actuel, il va s’opposer rapidement au groupe et à Olivia, que la violence du jeune homme va alarmer autant que séduire.
La critique
Été 2016, à La Ciotat, sous le soleil brûlant méditerranéen, lors d’un stage d’insertion sociale, un groupe d’adolescent doit écrire un roman policier, sous la houlette d’une romancière connue.
À travers cet "atelier", le réalisateur et co-scénariste du film aborde tout d’abord la question du long dispositif de création de groupe, ainsi que la vision que porte la jeunesse actuelle sur le monde qui l’entoure, sous l’effet des crises économiques et politiques, ou encore sur la question de la religion. Mais le film se canalise davantage sur le personnage d’Antoine, loup solitaire en repli identitaire, aux idées d’extrêmes droites, intrigant dès lors son professeur de stage, Olivia. Très vite, une relation ambiguë naîtra entre eux, soulevant des questions sociétaires importantes.
Toujours à l’écoute de la jeunesse actuelle, Laurent Cantet signe ici un film étonnant dans sa forme, qui flirte entre le film social et le thriller. En effet, le personnage campé par Matthieu Lucci reflète l’adolescent qui se cherche, qui souhaite vivre autre chose, et qui préférerait littéralement "tuer" pour casser le temps (plutôt que l’inverse), et cela dans un paysage en pleine mutation, où les perspectives d’avenir s’amenuisent de jour en jour. Matthieu Lucci est une énorme révélation, grâce à son jeu ténébreux et stoïque, allant de pair avec son personnage, faussement introspectif (étant complètement en quête de lui-même). De son jeu de qualité, il émane une bombe à retardement qu’on ne quitte, à vrai dire, jamais du regard ! Face à lui, Marina Foïs est d’une justesse incroyable, dans un rôle qu’on pourrait croire flirter avec les limites, mais finalement dans la perception et compréhension de son élève, dont le comportement de ce dernier semble atteindre sur son travail d’auteur.
Laissant place tout d’abord à de nombreux dialogues entre jeunes autour d’un projet commun, puis se focalisant sur une relation aux enjeux intenses, "L’Atelier" questionne sur notre société, tout en nous présentant des conséquences directes qu’elle peut porter sur notre personne. À défaut de s’éloigner de son thème original, en glissant dans la fiction (ceci dit plus qu’authentique), le film en devient troublant, minute après minute, en passant par là où on ne l’attendait pas, pour finalement revenir à ses origines, mais suivant un autre prisme, pour le moins intrigant.
Bande-annonce