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CINECURE
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Cinécure est un site appartenant à Charles Declercq et est consacré à ses critiques cinéma, interviews sur la radio RCF Bruxelles (celle-ci n’est aucunement responsable du site ou de ses contenus et aucun lien contractuel ne les relie). Depuis l’automne 2017, Julien apporte sa collaboration au site qui publie ses critiques et en devient le principal rédacteur depuis 2022.

Lynne Ramsay
You Were Never Really Here (A Beautiful Day)
Sortie le 15 novembre 2017
Article mis en ligne le 11 novembre 2017

par Charles De Clercq

Synopsis : Joe, un vétéran de guerre, n’est plus que l’ombre de lui-même. Travaillant pour le compte d’un ami détective privé, on lui confie la mission de retrouver la trace de la fille disparue d’un homme politique en vue. Lorsqu’il la sauve d’un bordel à Manhattan, il se retrouve prisonnier d’un monde baignant dans la corruption et une extrême violence.

Acteurs : Joaquin Phoenix, Ekaterina Samsonov, Alessandro Nivola, John Doman.

Lynne Ramsay était réalisatrice et scénariste de ses trois premiers longs-métrages. Il en est de même pour son quatrième film. Comme c’était déjà le cas pour Morvern Callar et pour We Need to Talk about Kevin, la réalisatrice anglaise adapte un roman. Si nous n’avions pas vu les deux premiers films (introuvables avec des sous-titres français), en revanche We Need... nous avait profondément marqué et touché. Nous attendions donc beaucoup de cette adaptation d’un très court roman (nonante pages en français, avec corps et interligne assez grands !) homonyme de Jonathan Ames.

Si nous n’avons pas retrouvé la profondeur et la densité du film précédent, ce dernier film est impressionnant, malgré sa brièveté (85’). Ceux qui auront lu le livre se souviendront de Joe, l’homme au marteau, mais ne le retrouveront pas dans Joaquim Phoenix. Joe se maintient en forme physique, n’a pas une once de graisse, a les cheveux courts des Marines... alors que Joaquim Phoenix est massif, lourd, gras (il semble s’être "engraissé" pour le film et mieux entrer dans le rôle ou, du moins, dans la perception qu’il en avait). Mais peu importe, il donne corps à son personnage dont on sent bien qu’il s’étouffe de son passé lourd, poisseux, probablement conflictuel lié à une situation familiale difficile et complexe dont on ne peut rien dire sans trahir l’intrigue qui, sans être complexe, se "dit" à travers le "non-dit", le sous-entendu, le sous-jacent, les ellipses. L’on invite le futur spectateur à se contenter du synopsis ci-devant et de se laisser prendre par un film qui lui permettra de comprendre que cet homme en recherche d’une cause à défendre (mais c’est avant tout un job pour se faire de l’argent) est également en quête d’un passé trouble ou troublant. Il veut "régler ses comptes" avec celui-ci alors que la réalisatrice anglaise en rend compte à l’écran grâce à plusieurs flash-back. L’on découvrira ainsi l’histoire familiale et les blessures de cet antihéros au marteau (l’origine de cet instrument mortel dans les mains de Joe est plus explicite dans le roman).

La violence est de tous les plans du film, à chaque progression du héros, mais, la plupart du temps, elle est "hors champ" : on découvre les conséquences, les cadavres meurtris sans montrer les mises à mort de façon explicite. C’est une descente aux enfers qu’il nous est donné de connaître. L’on comprend que certains fassent un nouveau Taxi Driver de cette relecture très personnelle de Jonathan Ames. Certains comprendront assez vite les tenants et les aboutissants de cette tentative de sauvetage d’une jeune fille prise dans les rets d’un réseau pédophile pour personnes influentes, riches, puissantes, politiques... La rage et le passé de Joe lui feront découvrir l bassesse de certains humains, lui feront perdre pied parfois, l’obligeront à des rituels mortifères pour lui-même au fur et à mesure que nous découvrirons l’horreur actuelle du réseau et de ceux qui y sont impliqués, mais également de celle du propre passé de Joe. Un film à voir dont on ne sortira pas indemne.

Lien vers la critique de Julien Brnl



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