Cinécure est un site appartenant à Charles Declercq et est consacré à ses critiques cinéma, interviews sur la radio RCF Bruxelles (celle-ci n’est aucunement responsable du site ou de ses contenus et aucun lien contractuel ne les relie). Depuis l’automne 2017, Julien apporte sa collaboration au site qui publie ses critiques et en devient le principal rédacteur depuis 2022.
Synopsis : 2073. La Terre est surpeuplée. Le gouvernement décide d’instaurer une politique d’enfant unique, appliquée de main de fer par le Bureau d’Allocation des Naissances, sous l’égide de Nicolette Cayman. Confronté à la naissance de septuplées, Terrence Settman décide de garder secrète l’existence de ses sept petites-filles. Confinées dans leur appartement, prénommées d’un jour de la semaine, elles devront chacune leur tour partager une identité unique à l’extérieur, simulant l’existence d’une seule personne : Karen Settman. Si le secret demeure intact des années durant, tout s’effondre le jour où Lundi disparait mystérieusement…
Acteurs : Noomi Rapace, Glenn Close, Willem Dafoe, Robert Wagner, Marwan Kenzari, Christian Rubeck.
Le thème du film ouvrait de très nombreuses perspectives sur le thème de la surpopulation (déjà traité au cinéma). Malheureusement, à l’arrivée on a un long-métrage de science-fiction/anticipation qui emprunte très et trop vite, probablement à son corps défendant, les codes du film d’action. On relèvera bien entendu la performance artistique (et technique) de l’interprète aux septuples visages. Performances, tant pour l’actrice (et les doublures avec superposition du visage de Noomi Rapace) que pour les effets spéciaux, les équipes techniques, les effets de lumière et le tournage dans un endroit censé être clos. De ce côté-là, rien à redire. En revanche, le film souffre de plusieurs incohérences. Ainsi, le monde qui est présenté a une technologie de pointe alors que le mobilier et les vêtements sont ceux d’aujourd’hui. Comment peut-on vivre à sept et être en pleine forme physique alors que Karen Settman censée vivre seule ne peut acheter de la nourriture que pour elle-même ? Les autorités "officielles" (disons la "police") pour faire simple ne sont jamais là après des "incidents", des tirs, destructions... Il y a certes la police du contrôle des naissances qui a un pouvoir important et agit en dehors des règles, mais il y a tant de situations qui n’entraînent aucune réaction "officielle".
Or les thèmes de la surpopulation (qui se pose et se posera inévitablement), du contrôle des naissances (ici dans le film par la cryogénie des enfants supplémentaires), de la technologie et des modalités de travail de l’homme dans cinquante ans ouvraient des perspectives pour produire un excellent film. Ici, rien de neuf sous le soleil : Seven Sisters (le titre aux USA est What Happened to Monday ?) cède à la facilité en nous offrant un film d’action, agréable, divertissant, très classique (dont on ne dévoilera rien de l’intrigue car c’est probablement celle-ci qui tiendra en haleine certains spectateurs mais sans être certain qu’il enflammera les foules) mais que l’on oubliera probablement assez vite, même si les intentions et le projet du réalisateurs et de l’équipe sont louables (vous pouvez cliquer sur les liens ci-dessous pour obtenir des informations "officielles").
Pour ceux qui veulent en savoir un peu plus...(extraits du dossier presse)
Lundi est extrêmement intelligente, sophistiquée, élégante, forte, calme, ambitieuse et motivée. Elle est chargée d’affronter le pire jour de la semaine : le lundi. C’est elle qui incarne le mieux le personnage de Karen Settman. [1]
Mardi est une jeune femme un peu ’New Age’, décontractée. [2]
Mercredi est sportive, fougueuse, forte, sûre d’elle, un peu agressive – et elle sait se battre. [3]
Jeudi est la rebelle de la bande. Elle ne rêve que de liberté, mais elle aime profondément ses soeurs et elle prend les commandes de l’opération. [4]
Vendredi est une jeune femme introvertie, un petit génie de la technologie, des maths et des sciences. C’est le cerveau de l’opération. [5]
Samedi est extravertie : elle adore faire la fête, elle est drôle, impertinente, et on voit bien qu’elle n’a jamais travaillé de sa vie. [6]
Dimanche est douce, pratiquante et pleine de compassion. [7]
Pour les scènes impliquant plusieurs soeurs, l’équipe a eu recours à différentes techniques en fonction des plans : "L’une des premières choses que j’ai dite aux producteurs avant de commencer, c’était qu’il me faudrait beaucoup de temps", rapporte Tommy Wirkola. "Le tournage a été long, parce qu’on avait besoin de temps : il y avait les changements de maquillage, mais aussi l’aspect purement technique, il fallait s’assurer que tout fonctionne, et travailler avec un dispositif de contrôle de mouvement requiert beaucoup de minutie et est particulièrement chronophage. On a mis au point un système de tournage inédit parce qu’on a allié plusieurs méthodes : par exemple, on a greffé un visage sur un autre, on a eu recours au ’split-screen’, on a utilisé des caméras fixes et des doublures, et comme Noomi a des traits caractéristiques, on a moulé des masques à partir de son visage pour les scènes où les soeurs sont en arrière-plan, affairées sur leur ordinateur, à faire la cuisine ou du sport".
"Je voyais Tommy avec Jose (directeur de la photographie), Bryan (effets spéciaux) et notre premier assistant réalisateur étudier les story-boards et réfléchir à la manière de dupliquer Noomi. On a en partie utilisé un dispositif de contrôle de mouvement appelé Revolver, et on l’a poussé au maximum de ses capacités. Pour ce film, on a fait des choses totalement inédites, et c’est ce qui a été le plus difficile", reconnaît Raffaella De Laurentiis.
Mark Botkin a imaginé un futur proche. Ici, il s’agit de sept vraies jumelles "plongées dans un contexte qui exacerbe la force dramaturgique du film", comme l’indique le scénariste. "Je me suis demandé ce qui pourrait se passer si on se retrouvait confiné dans un espace réduit avec six autres personnes, sans pouvoir circuler librement, ni habiter avec qui que ce soit d’autre, ni aimer la personne de son choix, ni se comporter comme on l’entend en public. Un monde n’autorisant qu’un seul enfant par famille où le Bureau du Quota d’Enfants fait appliquer la loi d’une main de fer".
"J’adorais l’idée de ces sept femmes qui n’ont aucun secret l’une pour l’autre et qui partagent les moindres détails de leur quotidien", poursuit-il. "Elles se complètent parfaitement comme les pièces d’un puzzle, si bien que la disparition de l’une d’entre elles ne peut que susciter l’angoisse et le chaos".
L’univers où évoluent les soeurs Settman est intriguant parce qu’il est une projection du nôtre dans un futur proche. "Il comporte des points de repère auxquels on peut facilement se raccrocher et il rappelle ’1984’ d’Orwell", ajoute Botkin. "La surpopulation et l’assèchement des ressources permettant d’assurer un renouvellement des générations sont les deux plus graves problèmes que le monde ait à affronter. C’est un horizon qui pourrait devenir le nôtre si l’on continue à piller les ressources naturelles, que la population ne cesse d’augmenter et de s’entasser ou de migrer dans les grandes villes".
"Au fond, ce film parle avant tout de ce que l’être humain est prêt à endurer pour survivre", constate le scénariste. "Est-il préférable de vivre, même en étant privé de liberté, que de ne pas vivre du tout ? La vie vaut-elle la peine d’être vécue si on ne peut pas être en accord avec ses principes ? À quel moment la donne bascule-t-elle pour chacun d’entre nous ? Si on ne supporte plus de vivre enchaîné, qu’est-on prêt à faire pour recouvrer sa liberté ?"
"Le film parle d’identité et de la nécessité de se forger une personnalité propre quand le monde vous enjoint à vous soumettre au diktat du plus grand nombre, faute de ne même pas reconnaître votre existence", reprend-il. "C’est donc un rare mélange de pur divertissement et de réflexion sociale audacieuse. J’espère sincèrement qu’il suscitera un débat sur ses thématiques à la fois actuelles et universelles et qu’il sera apprécié pour son côté polar, son style visuel flamboyant et son rythme trépidant".