Synopsis : Certains le prennent pour un fou, d’autres pour un génie. Yeux perçants, mains agiles, jambes déformées par la polio, Emmanuel Botalatala est le Ministre des Poubelles de Kinshasa. Ce poste n’est pas officiel. C’est son nom d’artiste. Dans un Congo qui se dirige vers des élections aussi capitales qu’incertaines, le Ministre a une « destinée ». Depuis les quartiers populaires, il crée des tableaux hautement politiques et en relief à partir des déchets que Kinshasa vomit chaque jour. A 64 ans, il est à un tournant. Sans un franc congolais en poche mais bien aidé par sa femme Marguerite et ses apprentis, il se plonge dans la dernière tranche de sa vie. Et rêve d’un coup d’éclat à la face de Kin-la-frénétique : créer un centre culturel pour y sauver son œuvre et former les Ministres des poubelles de demain. Guidé par son envie de laisser une trace, le Ministre des Poubelles ouvre sur le rôle qu’un artiste et sa vision peuvent jouer dans un pays qui se cherche.
Il s’agit d’un documentaire poignant et interpellant sur un artiste congolais, ses rêves et son pays. Ce film sort en salles le 7 juin, à l’occasion de la Journée mondiale de l’environnement. Il jette un regard lucide sur la RDC, la situation politique et environnementale mais aussi sur l’Occident qui a conduit sa nation là où elle se trouve.
Emmanuel Botalatala est un ministre congolais ! Son ministère, son bureau, son terrain d’action, ce sont les décharges publiques, les poubelles ! Mais ce ministre n’est pas un des presque soixante qui siègent à la capitale. Certes, il habite Kinshasa, mais ses jambes sont déformées par la polio et il occupe ce poste dans les quartiers pauvres et populaires de la capitale. « Ministre des poubelles », c’est son nom d’artiste. Et c’est ce qu’il est. Artiste de génie pour certains et fou pour d’autres. Mais cette folie – qui n’en est pas à nos yeux – le conduit à une perception juste des choses de la République « démocratique » du Congo. Des poubelles, des déchets, il sortira quelque chose : des œuvres d’art en couleurs et en relief. Elles sont à elles seules un cri, une interrogation, un interpellation et un combat politique et citoyen.
Occasion de monter des tableaux lors d’exposition « populaires ». Ainsi, l’une intitulée : « Dialogue avec la poubelle. La problématique du développement de l’Afrique - suicide mort volontaire ou fatalité. Mais Dieu voit tout ! »
Il est aidé de sa femme, de jeunes du quartier mais n’arrive pas à vivre de son art ! C’est qu’il est jaloux de ses œuvres et ne les vend pas. Celui-ci habite en lui et quand il est dans « la poubelle » il lui est difficile d’en sortir. Il veut donner un sens aux immondices, créer une ASBL « Centre d’Art et de Métiers pour Action Culturelle » afin de promouvoir la culture et de la paix à travers les thèmes exploités dans ses œuvres. Il veut contribuer à l’éducation par des séminaires, des conférences et des expositions. Il désire aider l’enseignement et l’éducation des enfants par la fabrication de matériel didactique.
Son espoir d’artiste, c’est la passation de pouvoir, l’alternance mais sa tristesse que les lendemains ne soient pas meilleurs… En effet, en arrière-fond sonore, il y a la radio. On y entend les violences, exactions, tensions et meurtres, dans le pays où la transition ne se fait pas vers la démocratie et où Kabila fait tout pour garder le pouvoir.
L’on ne peut que recommander la vision de ce documentaire sur un artiste qui ne revendique pas de faire de l’art engagé mais simplement s’exprimer pour les « sans voix ».
Laissons-lui donc les derniers mots du film belge (en français et lingala) réalisé par Quentin Noirfalisse : « Après mon passage sur cette terre, je voudrais laisser une pensée : il a existé un certain Botalatala sur cette terre et voici ce qu’il a laissé, sa pensée, sa vision sur le monde. Quelles que soient nos divergences de vues, de positions politiques, nous devons sauver ce pays et surtout pour les générations futures, nous avons intérêt à nous mettre ensemble, essayer de nous dépasser pour qu’un jour nous puissions arriver… laisser aux générations futures, à nos enfants, un pays… où il y a la paix, la prospérité. Voilà. »
Bande-annonce :