Synopsis : Trois histoires d’amour, à Paris, Rome et New York, se rejoignent de façon étrange.
Acteurs : Liam Neeson, Mila Kunis, Olivia Wilde, James Franco, Adrien Brody, Kim Basinger
Que voilà un film long et déconcertant, surtout si on n’en connait pas les clés, voire la seule clé de lecture possible.
Si l’on est très attentif (je ne l’ai pas été assez) plusieurs éléments nous sont donnés dès le premier tiers du film et distillés ensuite. Ils permettent alors, dans une relecture à rebours, de saisir des éléments importants de ce dernier film de Paul Haggis avec un casting impressionnant, jugez du peu (voire du trop !) : Liam Neeson, Mila Kunis, Olivia Wilde, James Franco, Adrien Brody, Kim Basinger. Ainsi, une apparition, dit, dès le début, à l’acteur principal que l’on découvre être écrivain : « Ne m’oublie pas ».
Ensuite, à l’écran, nous suivrons en séquences juxtaposées trois couples, comme spécifié en grisé sur une des affiches (cf. infra) : 3 villes, 3 couples et trois destins, de Paris à New-York en passant par Rome.
Et pourtant cette affiche elle-même dit tout du film ! Qu’y voyons-nous ? Un visage, de face, mais dans l’ombre, en grisé, au centre mais en retrait, en arrière plan de l’illustration qui s’efface devant une femme qui laisse derrière elle des feuilles de papier dactylographiés, comme la traine d’une robe de mariée ou comme les pages d’un livre qui s’éparpillent vers le spectateur jusqu’à sortir de l’affiche elle-même !
La bande annonce elle-même nous donne le ton dès le début : précisant l’obsession d’un écrivain « ce doit être un homme qui ne ressent qu’à travers ses personnages ».
Alors, j’y vais pour vous faciliter le film. Si vous n’aimez pas du tout que l’on vous donne les clés à l’avance, de grâce ne lisez pas ce qui suit.
Une histoire d’écrivain nous conduit à une histoire voire des histoires de personnages que l’on couche sur le papier pour leur donner vies. Et celles-ci peuvent s’estomper dans le récit lui-même. Ils ne doivent leur existence que dans les limites des pages de couverture. L’affiche est donc significative : l’écrivain (Liam Neeson - en tête d’affiche) s’estompe devant l’histoire qu’il narre, qu’il écrit, qu’il dactylographie et dont les pages s’échappent au passage de la femme (voire même la constituent) et les sept autres acteurs, dont le nom est écrit dans un corps plus petit - certes contrainte de leur nombre oblige - sont subordonnés à l’auteur.
Il y a une souffrance et une perte pour l’écrivain, celle d’un enfant et elle aurait pu être évitée. Le récit apparait ici, ce fut tel en tout cas pour moi, comme une catharsis. Et la création des histoires, des personnages, des lieux permet à l’écrivain de se mettre en abime grâce à ces alter ego, le temps d’une histoire qui parfois s’estompe devant nos yeux à l’écran.
Ainsi ces trois histoires que dans un premier temps je pensais voir se relier à la fin :
– le récit d’une mère qui souhaite obtenir un droit de visite pour son fils que son ex mari accuse de maltraitance
– celui de cette homme qui va mettre le doigt dans l’engrenage d’une affaire dont il n’aurait pas dû se soucier
– ou celle de cet écrivain, qui, loin de sa femme, rédige un roman, sous l’inspiration d’une muse qui est aussi sa maitresse…
mais ce roman qu’il écrit, n’est-ce pas justement l’histoire ou ces (tentatives d’)histoires qui se déroulent sous nos yeux, telles ces pages d’un roman que l’on écrit et dont l’on jette les brouillons que l’on abandonne à l’oubli ?