Synopsis : Pendant 2 ans, le réalisateur a suivi les membres de l’unité chirurgicale dans l’un des plus grands hôpitaux de Paris. Ce bloc opératoire ultraperformant fonctionne à flux tendu : 14 salles en ligne ayant pour objectif de pratiquer chacune huit à dix interventions par jour. L’organisation du travail, bien qu’extrêmement sophistiquée, est devenue pathogène. Le personnel médical et paramédical courbe l’échine. Stress chronique, burn-out, et risques psychosociaux gangrènent l’hôpital. Chirurgiens, anesthésistes, infirmiers et aides-soignants, mais aussi cadres, gestionnaires, et directeurs sont pris dans une course effrénée qui semble sans fin. Consciente de ce problème, l’administration a commandé un audit sur l’organisation du travail afin de tenter de désamorcer le début d’incendie. Burning Out est une plongée au cœur du travail et de ses excès, quand il y a surchauffe et que l’embrasement menace. Il veut comprendre l’incendie contemporain, ce trouble miroir de notre société, qui affecte celle-ci jusque dans ses hôpitaux.
Quand l’hôpital s’enflamme : Burning Out !
Le réalisateur belge Jérôme Le Maire a planté sa caméra durant deux ans « dans le ventre » de l’hôpital Saint-Louis à Paris. Ce sont quatorze salles qui travaillent à flux tendu… avec les tensions qui s’ensuivent, inévitables !
Le mal est vu non pas du côté du patient, mais de celui de ceux qui sont censés les soigner : le personnel hospitalier : chirurgiens, infirmiers, aides-soignants, cadres, gestionnaires, directeur et, aussi, anesthésistes. Ceux-ci, justement, sont au centre d’un incendie qui se déclare dans l’un des plus grands hôpitaux de Paris. Le feu qui couve et brûle là n’est pas matériel, mais humain et psychologique. Quand il faut gérer quatorze bloc opératoires et huit à dix interventions par jour, il faut être « performant » et tout est prévu pour l’être sur papier. Et, cependant, dans les faits, cette organisation induira des effets secondaires nocifs. Stress chronique, burn-out, et risques psychosociaux vont atteindre un personnel médical qui courbe l’échine, confronté de plein fouet à l’épuisement alors qu’il ne peut suivre des cadences infernales imposées par la rentabilité.
Ce documentaire permet de découvrir cela de l’intérieur. Il a fallu non seulement les autorisations officielles, mais surtout l’apprivoisement pour suivre les uns et les autres, tendus, harcelés dans leur travail quotidien, pénible. Et cela d’autant plus que certains sont considérés comme interchangeables, sans personnalité. A l’image des patients réduits au nom de leur maladie ou affection, le personnel est réduit à une fonction.
La confiance était là, vis-à-vis du réalisateur. Lui a vu la souffrance présente et la montre. Eux qui y vivent au quotidien ont pu libérer la parole. Ils ont pu tenter de se dire – mais aussi à Jérôme Le Maire, et donc au spectateur – une parole qui tente de (se) libérer.
Au départ, il y a un livre de Pascal Chabot, Global Burn-Out, et un audit demandé à Saint-Louis pour gérer le problème et y voir clair. Mais un audit est-il libérateur ? N’est-il pas au service des impératifs de productivité ? Est-ce que, tout simplement, une boîte à suggestion, quasiment enfantine (et infans c’est le « sans parole ») ne pourra pas apporter l’amorce d’une possible sortie de crise en permettant d’exprimer ce qui ne va pas et de proposer quelques pistes ?
Le documentaire, assez court (87’), est à recommander pour tous et en particulier ceux qui s’interrogent sur l’emballement d’une société qui ne voit que la compétence et la performance et oublie l’importance de l’amour (cf. hymne aux Corinthiens). Le film se termine sur une note d’espoir, ne serait-ce qu’en se clôturant sur la chanson de Bob Dylan, en 1964, The Times They Are A-Changin’… Les temps changent ! Tout un programme…
On pourra lire avec intérêt cet article de Sylvain Gressier sur Cinergie.be.
Bande-annonce :