Synopsis : Suite à la mystérieuse disparition de son compagnon, Louise, accablée par le chagrin, est internée dans un asile psychiatrique. Dans le plus grand secret, elle met au monde un petit garçon qu’elle prénomme Mon Ange et qui est doté d’une incroyable singularité : il est invisible. Louise impose à Mon Ange de ne jamais se dévoiler au monde, trop impitoyable face à la différence. Mais, un jour, Mon Ange fait la rencontre de Madeleine, une petite fille aveugle dont il tombe éperdument amoureux... "Grâce" à sa cécité, Mon Ange peut aimer Madeleine tout en préservant son secret. Au fil des ans, leur amour grandit, jusqu’au jour où Madeleine lui annonce une nouvelle qui va bouleverser leur vie : elle va retrouver la vue... (ci-contre : le réalisateur - source).
Acteurs : Fleur Geffrier, Elina Löwensohn, Maya Dory, Hannah Boudru, François Vincentelli.
Cruelle est ma déception
Je partais avec un a priori favorable pour la vision de Mon ange. C’est que j’avais été séduit par Trouble, même si je partageais, de façon plus soft, les remarques de certains confrères. Et puis, il y avait Thomas Gunzig au scénario avec le réalisateur. Que du bonheur à prévoir. Autant dire que je pensais être au ciel, ou aux anges donc !
Et pourtant, à l’arrivée et somme toute dès le début du film quelque chose ne passait pas (bien). Etait-ce un film fantastique ? Probablement ! A programmer au BIFFF ? Peut-être y sera-t-il hué, sifflé. Peu de surprises dans le scénario, tout se tient dans le synopsis ci-dessus. A plusieurs reprises, je me disais que ce thème aurait mieux convenu pour un film d’animation des studios Ghibli ou encore pour un court-métrage.
Ici la sauce n’a pas pris, chez moi en tout cas. Suis-je le seul concerné ? Probablement pas après un rapide sondage auprès de confrères de la presse. Mais nous sommes ici dans une presse attirée par le BIFFF et acquiesçant à ses codes. Il faudra peut-être attendre le point de vue de confrères d’une presse moins concernée par le cinéma de genre.
La technique tue la poésie !
Dans sa première partie, le film semble destiné aux enfants, sorte de conte philosophique de type « Le petit prince » jusqu’à ce que certaines scènes, disons plus sensuelles, ou certaines images en gros plans ne soient manifestement pas pour les petits. Je n’irais pas jusqu’à la réflexion d’un confrère « Tout cela pour arriver à montrer une femme nue à l’écran ! ». C’est que les images sont belles et sensuelles, et que c’est bien filmé. Sauf que la magie ne passe pas et s’agissant d’un magicien qui devient invisible (et, déjà là on peut se demander ce qu’il devient – ne pouvait-il retrouver sa femme qui tout en devenant folle vit sans problème avec son fils invisible ?) il y a un sérieux problème. Certes l’on peut penser qu’il faut vivre cela de façon poétique : l’essentiel est invisible aux yeux (rebelote : comme Le Petit Prince, quoi !), mais hélas, pas. C’est que ce qui est invisible aux yeux du spectateur rend les artifices (entendez les effets spéciaux) si présents que ceux-ci écrasent tout le film. Ce qui (me) fascine, ce sont en fait les effets spéciaux. C’est qu’il en faut pour montrer... l’invisible. Malheureusement, cela donne l’impression d’effets pour les effets : et je te montre une porte qui s’ouvre, un stylo qui écrit, un livre dont les pages s’ouvrent… des pas dans la poussière de marches d’escalier… Ou je te fais entendre le bruit de pas dans l’herbe, le souffle d’une respiration… Holà ! Stop, on a compris. La « technique » prend ici le dessus sur le charme et la poésie. Ceux-ci sont détruits, réduits à néant. Effet pervers (chez moi, j’insiste) : le cœur est perdu, la raison prend le dessus…
Un scénario incohérent !
Et là, c’est le drame, la raison commence à analyser la cohérence du récit. En acceptant bien sûr le présupposé de départ, à savoir l’invisibilité d’un humain. Que l’on sait nu et que l’on voit manger étant petit. Puis, terminé, on ne le voit plus manger (dame, le spectateur aura compris avec les effets spéciaux !) mais plus il grandit, plus il mange… et personne ne s’en étonne à l’asile – et c’est sans compter sur le fait que manger a des conséquences – mais comment fait-il après le décès de sa mère ? Et encore avec quel argent ? Et puis ce gamin, puis cet adolescent nu au lit avec sa mère ! Quoi ? Pourquoi évoquer cela ? Mais puisque le réalisateur insiste sur les corps, le corps visible de la fille aveugle, de l’adolescente toujours aveugle, de la femme qui a retrouvé la vue et nous est montrée très sensuelle. Et le gamin, devenu adolescent et adulte, pieds nus et totalement nu dans la nature. Proche de sa seule amie, dans ses bras parfois… et celle-ci n’est pas consciente de sa nudité… Et les images très sensuelles d’un rapport sexuel… avec le corps de Mon ange… absent de l’image ne compensent pas toutes les incohérences qui sont apparues parce que la raison avait pris le dessus sur le cœur. Reste encore la pauvreté des dialogues que l’on espérait bien plus profonds avec Thomas Gunzig comme coscénariste !
Rendre visible l’homme invisible…
Le thème de l’invisibilité au cinéma n’est pas nouveau, c’est un des classiques de la science-fiction. Vous pouvez cliquez sur le lien ci-après pour lire une analyse qui n’est pas indispensable mais éclaire mes propres difficultés à entrer dans le film. On y découvrira que ce n’est pas sans lien avec certains récits évangéliques (et leur transposition en peinture ou leur adaptation au cinéma).
Sur le tournage du film...
En attendant de découvrir d’éventuelles critiques positives en français [il me faut honnêtement préciser que certains confrères eux ont vu (façon de parler) un effacement des effets spéciaux au profit de la poésie] et pour nuancer/pondérer mon propos, vous pouvez découvrir ci-après une vidéo dans le cadre du tournage du film avec une prise de parole du réalisateur :