Synopsis court :
À Paris en 1943 sous l’Occupation, le musicien Django Reinhardt est au sommet de son art. Guitariste génial et insouciant, au swing aérien, il triomphe dans les grandes salles de spectacle alors qu’en Europe ses frères Tsiganes sont persécutés. Ses affaires se gâtent lorsque la propagande nazie veut l’envoyer jouer en Allemagne pour une série de concerts…
Acteurs : Reda Kateb, Cécile de France, Beata Palya, Bimbam Merstein, Gabriel Mirété, Vincent Frade, Johnny Montreuil, Raphaël Dever et Patrick Mille.
Dès les premières images, et plus encore, dès les premières notes de musique (et le chant), le spectateur est pris par l’émotion. Le film débute par des images de tziganes dans les forêts des Ardennes belges. Ils chantent, en particulier l’un d’entre eux aveugle. Des enfants, jeunes adolescents jouent, courent dans les bois. Soudain des tirs... que l’on sait allemands. Une arme sur une tempe. Une exécution hors champ. Pendant ce temps l’aveugle continue, comme si de rien n’était dans le monde extérieur... jusqu’à ce qu’une balle l’atteigne dans la tête. L’arme est hors champ et le chant s’arrête, le Tzigane est mort. On sent bien que le réalisateur veut nous guider sur les rails souhaités, il en fait (probablement) trop... mais pourquoi pas, l’on accepte de se laisser guider... jusqu’aux plans suivants...
C’est que le premier film de Comar, plus connu comme réalisateur, et la sauce ne prend pas pour la suite. C’est qu’il réalise un "biopic" du célèbre tzigane. En fait de biopic, ce sont plutôt quelques semaines, en 1943, lorsque Django doit (tenter de) fuir la France pour la Suisse à cause de la politique "artistique" menée par les autorités occupantes. Bien plus c’est très largement "romancé". Peu importe, pourquoi pas ? Le problème est que le film est très "plan-plan" sans aspérités et il est difficile d’avoir de l’empathie pour le "héros" et de se passionner pour les péripéties de l’histoire. Il faut attendre que le film déroule son intrigue pendant près de deux heures qui semblent bien longues. Reda Kateb (sans vraie ressemblance avec Django) confirme qu’il est un grand acteur grâce à son interprétation (en particulier lorsqu’il joue de la guitare, même s’il a été doublé pour le son). Cécile de France est séduisante et l’ensemble du casting est au top. Tous sont aidés par des dialogues très (trop ?) écrits. Rien à redire de ce côté là, même si ce sont les "acteurs" non professionnels (manouches) qui charment, séduisent et convainquent presque plus si pas plus que les acteurs professionnels. Parmi les ’amateurs’ il est une femme remarquable, BimBam Merstein qui joue le rôle de Negros, la mère de Django.
Le film se termine à la Libération, par le concert de requiem à l’Institut des jeunes aveugles à Paris, joué une seule et unique fois à la Libération et dont le générique signale que la partition a été perdue.
L’émotion est de nouveau présente et culminera avec un mur de photos noir et blanc. Il s’agit de photos des carnets anthropométriques de Tsiganes français victimes du gouvernement de Vichy et de l’armée allemande [1].
Hormis donc l’ouverture et la clôture du film, on suivra entre les deux les (belles) images et l’intrigue sans émotion avec un intérêt plus intellectuel qu’émotionnel. Le tout dans un temps qui dure. Malgré cela, on aura quelque plaisir à entendre la bande-son et à (re)découvrir l’une ou l’autre oeuvre de Django Reinhardt grâce à Reda Kateb (même si, il faut le rappeler, il est doublé au plan musical). Enfin, une mention toute particulière pour le singe de Django pour qui on se prendra d’émotion alors que l’animal sera considéré comme dégénéré par les Occupants, le même qualificatif que celui qu’ils utilisent pour les Tziganes. Il s’agit donc d’un film à voir, malgré la déception et le fait qu’il aurait mérité d’être traversé par le souffle d’une culture et d’un peuple voyageur que rien ne peut enfermer.