Synopsis : Après vingt-sept ans de services à l’armée, David est démobilisé. Il retourne chez lui et retrouve sa famille après de longues et récurrentes séparations, et tente de s’ajuster à sa nouvelle vie de civil. Il est persuadé que, comme ses amis partis plus tôt que lui de l’armée, lui aussi va faire carrière dans le privé. C’est sans compter sur le « nouvel Israël », rythmé par une compétitivité hors norme et une fascination pour l’argent et la réussite sociale. David passe ses journées seul, à regarder la télévision. Lorsqu’un ami lui propose un job de VRP pour des compléments alimentaires, David y voit une opportunité pour pénétrer le business et s’y faire un nom. Mais David et sa famille vont vite être pris au piège des forces obscures qui règnent sur la vie israélienne.
Acteurs : Alon Pdut, Noam Imber, Yoav Rotman, Mili Eshet
Deux préalables pour commencer. Le premier : il y a près d’un an, après les attentats à Zaventem et Maelbeek, rescapé de la rame de métro où je me trouvais, j’entendais un commentaire « désormais il nous faudra vivre comme en Israël, les choses ne seront plus comme avant ». J’ajoutais, in petto, que ce qui était extraordinaire ici était « ordinaire » là-bas. J’y ai repensé en découvrant ce film qui nous convie à franchir les montagnes et les collines ! C’est que ce film est en quelque sorte, la chronique ordinaire d’une famille ordinaire ! Sachant que le mot ordinaire prend en ces contrées une tout autre dimension.
Le deuxième concerne Ken Loach qui invite ou invitait à un boycott du cinéma israélien. Que ce soit avéré ou pas, je ne puis suivre une telle consigne, indépendamment de mes sensibilités sur les questions israélo-palestiniennes. Parce que tous les réalisateurs israéliens ne sont pas défenseurs d’une pensée unique et qu’un certain nombre d’entre eux propose un cinéma critique qui interroge et interpelle.
Enfin, j’ai une fascination pour le cinéma de ces réalisateurs, pour la beauté sonore de la langue aussi.
Il s’agit ici du troisième long-métrage de Kolirin. Je ne connaissais que l’excellent La visite de la fanfare (son deuxième Hahithalfut (The Exchange, 2011) n’a pas été distribué en Belgique et il n’est pas disponible en VO sous-titrée en français). Beyond the Mountains and Hills aborde des situations frontières avec un certain humour ou autodérision. Frontières entre la vie militaire et la vie civile, entre Juifs et Palestiniens, entre personnes sûres et celles dont on doute... Le réalisateur nous offre un kaléidoscope de situations de vie (de mort parfois) à travers différents tableaux qui concernent la quasi-totalité si pas tous les membres d’une famille "ordinaire". Ces situations doivent parler aux habitants d’Israël et nous font découvrir les relations au quotidien. Comment les uns et les autres peuvent interpréter des situations, à raison ou à tort. Comment sont vécues certaines culpabilités ? Comment certaines décisions vont entrainer des conséquences inattendues. C’est aussi la difficulté de la réinsertion des anciens militaires...
Ce sont les questions de culpabilité latente, sourde, explicite ou pas qui sont en soubassement du film. Les protagonistes sont sur une ligne de crête, comme au bord d’une falaise, d’un précipice dans lequel ils peuvent tomber. Personne n’est totalement noir ou blanc, victime ou bourreau. L’on ne voit pas clairement les situations peut-être parce que l’on a les yeux dessus. Quel est mon pays ? Quelle est la patrie pour moi ? Que fait-elle pour moi, que voit-elle et pense-telle de moi ? Qu’est-ce qu’il y a au-delà des collines et des montagnes ? Quel est mon Israël ? Qui sont mes voisins, mes proches mes anciens collègues, ma femme, mes enfants et leurs relations...
Le dernier film de Kolirin a le mérite d’éclairer certaines situations de façon intelligente. L’air de rien, il met le doigt sur les malaises de la société et sur la difficile cohabitation des uns et des autres.
Trailer (VO ST anglais)