Synopsis : Angélique a soixante ans. Elle aime encore la fête, elle aime encore les hommes. La nuit, pour gagner sa vie, elle les fait boire dans un cabaret à la frontière allemande. Avec le temps, les clients se font plus rares. Mais Michel, son habitué, est toujours amoureux d’elle. Un jour, il lui propose de l’épouser.
Le film concourait dans la catégorie Un certain regard au festival de Cannes 2014. Il a reçu deux prix : la Caméra d’or du meilleur premier film et le Prix d’ensemble Un certain regard.
Le critique cinéma ne pouvait, ne peut donc qu’adhérer au film. Sur papier, ce drame tient la route et pourtant, malgré l’adhésion cannoise, il y a un petit quelque chose qui fait que la chose n’a pas pris. Il aurait dû : le film est tiré, adapté d’une histoire vraie, celles de "vraies gens" qui ont vécu cette histoire, celle d’une femme qui aime les hommes, encore à soixante ans, et tout particulièrement l’un deux. Il voudrait qu’elle se fixe et pourtant, l’appel de la nuit sera là, lancinant. Est-ce qu’elle pourra y résister ?
Cette "vraie" histoire, devrait d’autant plus séduire, être plus vraie, plus véridique, plus humaine que ce sont les "vraies personnes", pas des acteurs donc qui jouent leurs propres rôles ! On conviendra qu’il n’y a pas moyen d’être plus vrai. Et voilà donc là mon problème. C’est ce "vrai" là qui sonne "faux". Je suis probablement un des rares, si pas le seul journaliste présent lors de la projection presse à ne pas avoir partagé l’enthousiasme de mes confrères. Je me suis fait la réflexion (au sens de réfléchir de la tête mais aussi de réfléchir comme un miroir) que le cinéma, par la distance que prennent ses interprètes peut-être plus proche de la "vérité" que l’absence de hiatus entre le "réel" et les protagonistes qui "jouent" leur "vraie vie". Comme si le récit, la prise de distance, "faux" sonnait plus "vrai" que la réalité. Un peu comme les récits fondateurs qui en racontant une H/histoire, la sorte du réel et la rendent vraie.
Mon jugement, ma critique ne font pas force de loi. Peut-être n’ai-je plus la naïveté ou la candeur de voir au-delà des images et des apparences. Pour une fois, le critique devrait inviter à ne pas tenir compte de celle qu’il écrit en ce lieu et à prendre le chemin des salles pour découvrir ce film qui se veut une histoire d’amour, d’écueils et de fragilités très humaines... mais la déception pourrait bien être au rendez-vous !