Synopsis : Dans la Pologne d’après-guerre, le célèbre peintre Wladyslaw Strzeminski, figure majeure de l’avant-garde, enseigne à l’Ecole Nationale des Beaux Arts de Lódz. Il est considéré par ses étudiants comme le grand maître de la peinture moderne mais les autorités communistes ne partagent pas cet avis. Car, contrairement à la plupart des autres artistes, Strzeminski ne veut pas se conformer aux exigences du Parti et notamment à l’esthétique du réalisme socialiste. Expulsé de l’université, rayé du syndicat des artistes, il subit, malgré le soutien de ses étudiants, l’acharnement des autorités qui veulent le faire disparaître et détruire toutes ses œuvres. (ci-contre, Andrzej Wajda)
Acteurs : Boguslaw Linda, Aleksandra Justa, Bronislawa Zamachowska, Zofia Wichlacz.
Afterimage est le titre à l’international de Powidoki, le dernier film de Andrzej Wajda et donc oeuvre posthume du grand réalisateur polonais décédé le 9 octobre 2016, âgé de nonante ans. Le film est déjà sorti en France sous le titre Les fleurs bleues en référence à un fait apparemment anecdotique mais très symbolique relaté dans le film (Attention, la note est un spoiler : [1]. Le titre Afterimage fait lui référence à la Théorie de la vision (cf. ce document, scan extrait de L’Espace uniste : écrits du constructivisme polonais de Władysław Strzemiński, Katarzyna Kobro). Wajda s’attache aux dernières années de la vie du peintre (qui est quand même peu connu en Europe de l’Ouest), soit de 1948 à 1952 (qui est l’année de naissance de Boguslaw Linda qui interprète de façon magistrale Wladyslaw Strzeminski, unijambiste et manchot - séquelle de la guerre 14-18, comme on l’apprendra à la fin du film).
Le réalisateur traite, comme souvent d’un thème hautement politique et le fait ici en montrant en tension un homme fortement apprécié de ses étudiants (il a une "cour" au sens noble du terme) qui suivent régulièrement ses cours et qui peu à peu sera rejeté par le Régime en place. Ledit régime lui avait donné... place dans le premier musée d’art moderne de Pologne, à Lodz, dans la salle des arts plastiques. Une salle "néo-plastique" lui était dédiée ainsi qu’à d’autres constructivistes, notamment Kobro. Jusqu’au jour où tout cela est remis radicalement en question. Son art est condamné par le système qui... condamne le peintre à produire des oeuvres (réalistes ?) conformes à la grandeur d’un nouvel idéal soviétique à la grandeur du peuple.
Cet homme ne pliera pas ou presque pas... car il faudra bien manger et lorsque toutes les portes se ferment tant pour donner cours, que pour travailler ou obtenir des bons d’alimentation... que reste-t-il à faire, surtout si s’ajoute à cela une relation à gérer avec sa fille.
Serait-ce spoiler que d’écrire que le Régime aura raison de lui ? De découvrir ainsi que les extrêmes (ici de gauche) peuvent conduire à l’anéantissement de l’homme et de sa liberté ? Et l’art n’est-il pas la plus grande expression de celle-ci ?
Afterimage est typiquement un film de Andrzej Wajda, austère probablement mais il y souffle un vent de liberté. Le film est à voir par tout homme de bonne volonté, cinéphile ou pas et est occasion de découvrir que face aux mirages de l’extrême droite, ceux du marxisme-lénisime sont aussi liberticides !
Pour aller plus loin (par exemple en milieu scolaire), voici un article au format pdf sur le contexte historique du film.
Bande-annonce (VO) :